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Lénine

  • Chiasmes

     

     

     

     

     

     

    Dans presque tous les pays, à côté des partis qui déclarent leur volonté de défendre l’Etat parlementaire et de pratiquer une politique d’équilibre intérieur, c’est-à-dire libérale et démocratique (ce sont là les conservateurs de tous genres, depuis les libéraux de droite jusqu’aux socialistes de gauche), il y a des partis qui posent le problème de l’Etat sur le terrain  révolutionnaire : ce sont les partis d’extrême-droite et d’extrême-gauche, les « catilinaires », c’est-à-dire les fascistes et les communistes. Les « catilinaires » de droite redoutent le désordre. Ils accusent le gouvernement de faiblesse, d’incapacité, d’irresponsabilité. Ils défendent la nécessité d’une solide organisation de l’Etat, d’un contrôle sévère de toute la vie politique, sociale, économique. Ce sont les idolâtres de l’Etat, les partisans de l’Etat absolu. C’est dans un Etat centralisateur, autoritaire, anti-libéral, anti-démocratique, qu’ils voient la seule garantie d’ordre et de liberté, la seule digue contre le danger communiste. « Tout dans l’Etat, rien en dehors de l’Etat, rien contre l’Etat », affirme Mussolini. Les catilinaires de gauche visent à la conquête de l’Etat pour instaurer la dictature des ouvriers et des paysans. « Là où il y a liberté, il n’y a point d’Etat », affirme Lénine.

     

    Curzio Malaparte, Technique du coup d’Etat, 1931

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • L'histoire du communisme racontée aux malades mentaux, de Matéi Visniec

    Je ne connais pas Matéi Visniec. Je possède un seul livre de cet écrivain, acheté par curiosité pour son titre : L’histoire du communisme racontée aux malades mentaux, publié chez Lansman.

     

    Je lis dans la présentation que Visniec est roumain, né en 1956 ; qu’il est dramaturge et poète ; qu’il a écrit de 1977 à 1987 une vingtaine de pièces, un roman et deux scénarios de films, tous refusés par la censure ; qu’il vit à Paris (depuis 1987 si je comprends bien, mais ce n’est pas certain) et qu’il a obtenu la nationalité française en 1993 ; qu’il écrit en français depuis 1987 ; que sa renommée en Roumanie est considérable depuis la chute du régime totalitaire.

     

    « L’action se déroule à l’Hôpital central des Malades mentaux à Moscou, en 1953, quelques semaines avant la mort de Staline. Eventuel décor unique : un portrait de Staline. »

     

    Je recopie ici en intégralité la scène deuxième, qui suit une très courte scène première en forme d’ouverture et dans laquelle le chœur de chambre de l’Hôpital central des Malades mentaux de Moscou interprète Le Chant des partisans :

     

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    Iouri Petrovski dans le bureau du directeur Grigori Dekanozov.

    LE DIRECTEUR. – Vous comprenez, cher Iouri Petrovski, personne ne doit rester aujourd’hui en dehors de la lumière de l’art et de la littérature. Notre conception scientifique de la société dit que l’homme est au centre de l’attention du parti. Notre nouvelle conception humaniste, telle qu’elle nous a été enseignée par le Grand Lénine et le Grand Staline, dit que le socialisme n’est pas possible sans la transformation de l’homme. Et l’art, la littérature ont un rôle immense dans la transformation de l’homme… C’est pour ça que je me pose la question : et les malades mentaux ? Ne sont-ils pas, eux aussi, des hommes ? Ne doit-on pas les transformer, eux aussi ? Ne devraient-ils pas bénéficier, eux aussi, des bienfaits de l’art, de la littérature ? Dans la mesure du possible, bien entendu… Je crois que les malades mentaux de notre société socialiste n’ont rien à voir avec les malades mentaux des pays capitalistes et impérialistes. Nos malades mentaux, nous, on ne les abandonne pas… Nous pensons qu’ils sont guérissables. Nos scientifiques travaillent jour et nuit pour trouver de nouveaux traitements capables de guérir les maladies mentales… Et l’art, la littérature ont peut-être leur mot à dire dans ce combat. 

     

    Etonnant comme à l'évocation des dieux tutélaires Lénine et Staline près, ce propos est encore familier, aujourd'hui, en France... Je n’en dirai ni citerai pas plus.