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école - Page 3

  • Verbes anciens

    D’abord deux anecdotes, d’ampleurs diverses certes, mais d’une convergence certaine…

     

    1. Le PDG du Bronzeculand France, première puissance touristique planétaire (tremblez, mortels !), un dénommé Mickey Grenelle, époux d’une chanteuse comique (aphone ?), a annoncé, il y a quelque temps déjà, sa volonté de faire disparaître la publicité des chaînes de télévision du service public, dans le but, croit-il – à moins qu’il ne feigne (du verbe feindre), car le bonhomme est roué –, d’améliorer la qualité des émissions.

    C’est tout bonnement crétin.

    Cet homme ne dispose d’aucun moyen concret, institutionnel ou intellectuel, permettant de relever le niveau, effectivement extrêmement bas, des émissions télévisuelles, de service public ou pas.

    Pourquoi ? Parce que le seul moyen de faire une chose pareille demanderait un programme sur cinquante ou soixante ans ; c’est-à-dire sur un temps correspondant à deux générations. Or, le personnel touristico-pipolitique, dans notre belle démocratie à plan quinquenno-électoral intégré, ne dispose pas des moyens, institutionnels et intellectuels, de penser à cette distance.

    C’est en somme ce qui nous différencie des autocraties (pensons à l’URSS hier, à la Chine aujourd’hui) ; et pour cette fois du moins, il n’y a aucune gloire à tirer d’une telle différence.

    Mais surtout parce que le seul moyen concret de relever le niveau, à la télévision comme ailleurs, tient à la transmission des connaissances, c’est-à-dire, pour l’heure, à ce qu’on appelle encore, par ironie ou par simple oxymore, je ne sais, l’Education Nationale (laquelle sous ce nom ou sous le précédent fut quelque temps la colonne vertébrale de la République).

    Le seul moyen de relever le niveau est d’ « élever », au sens propre, je veux dire : d’élever au-dessus de soi, la génération qui vient. Or nous sommes, et ce n’est rien de le dire, sur la « pente descendante ».

    La suppression des publicités, si connes soient-elles, et elles le sont d’évidence, n’y changera rien du tout. Cela ne fera rien (sauf sans doute faire monter le prix de la seconde de pub sur les chaînes privées, ce qui est peut-être le but, à moins que ce ne soit un « bénéfice secondaire », comme disent parfois nos amis les psys qui sont, eux, comme chacun sait depuis Freud, économistes jusque dans la libido. Un autre de ces « bénéfices » pourrait être l’intrusion, discrète d’abord, puis affichée, des publicités dans les émissions mêmes, ce qui, me souffle-t-on, est déjà fait, celles-ci ne servant plus guère qu’à assurer la « promotion » de bidules idiots et autres machins stupides : sérieusement, il ne fait que ça, Ruquier, par exemple).

    En attendant, ce sont les fournisseurs d’accès aux technologies internet qui seront taxés pour compenser le manque-à-gagner dudit service public; lesquels, en bonne logique ou à peu près, répercuteront la taxe, sinon plus, sur leur clientèle.

    Bref, cette question de la qualité évacuée, la chose se résume ainsi : Blague et redevance à part, nous regardions gratuitement des pubs, il nous faudra payer pour ne plus les voir. A moins, bien sûr, que nous ne changions de chaîne…

     

    2. « Le maux de tête lui arracha quelques plaines. »

    Le maux de tête. Parfaitement. Et quelques plaines.

    Non, non, ce n’est pas du surréalisme. Ou plutôt si, c’en est. Du plus moisi. Du surréalisme d’institution, bien sûr. Pour ne pas dire d’Etat.

    J’ai moi-même construit cette phrase débile en m’appuyant sur les dernières avancées du pédagogisme de pointe.

    Car, voyez-vous, j’ai lu récemment, dans ce qu’on appelle le Cahier de liaison d’une petite fille de CP, ce mot révolutionnaire signé d’un professeur des écoles qui part en retraite à Noël, lequel professeur se trouve être une dame (ce qui n’a rien à voir en soi, mais c’était juste pour le plaisir d’écrire le mot professeur au masculin quand même) :

    « XXX s’est plain d’un maux de tête. »

    Je n’aurais, je crois, poussé qu’un léger soupir si j’avais lu que la petite XXX s’était « plainte d’un mal de tête » ; j’aurais peut-être grommelé quand même un « au point où on en est… », et serais passé à autre chose.

    Mais le cumul m’a tout bonnement sidéré. Et je suis resté coi. Sidéré. Scié, quoi.

    Bref, on peut retirer les pubs tant qu’on veut, avec des gens de cette qualité-là pour opérer la transmission des connaissances, si vous voulez mon humble avis, on n’est pas arrivé…

    On ferait mieux de retirer carrément toutes les émissions.

    Voilà pour les anecdotes.

     

    J’ai donc décidé ce soir d’écrire ce billet pour me venger. Ce qui est inutile autant qu’idiot, je le sais bien. Je vais le faire tout de même, en tentant d’être positif (si, si). Et de finir ce billet par quelque chose, pour autant que j’en sois capable, de beau.

    Après tout le beau, comme le vrai, d’ailleurs, n’a pas de verbe.

    On ne beaute pas.

    Pas davantage on ne vérite ni ne vraite.

    Le bien, lui, dispose d’un verbe (mais si, voyons, faites un effort).

    On bénit.

    Ce qui ne fait pas tant laïque (quoique la République ne manque pas, ces temps-ci, de culs-bénis, justement).

    Je vais donc vous entretenir, brièvement, de deux verbes anciens.

     

    La souffrance a un verbe, mais pas la douleur.

    La douleur l’a perdu (a-t-elle eu la douleur de le perdre ?).

    C’était le verbe se douloir.

    Lequel se conjuguait comme vouloir ou pouvoir.

    Ce qui faisait donc, au présent de l’indicatif :

    Je me deux,

    Tu te deux,

    Il se deut…

    Ce qui est assez beau, je trouve.

    Après que le verbe se douloir a disparu, et avec lui son limpide je me deux, il n’est plus resté qu’aux psychiatres, pour compenser (et parfois décompenser), d’inventer la schizophrénie.

     

    L’autre est le verbe faillir, qui n’a certes pas disparu tout entier, mais dont une grande part de la conjugaison, même aux temps les plus simples, a sombré.

    (J’écris ces lignes alors que, si l’on en croit les gens qui le disent, la faillite nous guette.)

    Il faisait au présent de l’indicatif :

    Je faux,

    Tu faux,

    Il faut…

    Troisième personne du singulier recoupant exactement celle du verbe falloir.

    J’y vois comme la marque d’une fatalité…

     

    Je ne vérite ni ne vraite.

    Mais je faux.

     

     

     

     

  • L'Ecole du rire

     

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    J’entendais, je ne sais plus quel samedi, dans son émission Répliques, sur France Culture, Alain Finkielkraut constater rien moins que la disparition de l’humour.

    Et certes, peu de choses sont aussi tragiques que cette disparition.

    Mais cette disparition elle-même n’est pas nette : elle est, comme tout ce que produit l’idée de transparence, salopeusement opaque.

     

     

    Que les humoristes ne soient pas drôles est un signe des temps ; et c’est peut-être ça le plus drôle.

    (La même chose à la fois m’atterre et me fait rire ; ce doit être cela, l’humour du désespoir. On vit jadis des gens mettre un point d’honneur à mourir juste après un bon mot. Notre civilisation – n’en déplaise au Président Mickey Grenelle, le mot civilisation n’est rendu réellement problématique que par l’impossibilité concrète d’encore lui accoler le mot notre (qu’est-ce que cela voudrait dire : « ma » civilisation ?) – meurt dans les borborygmes les plus affreux qui soient. S’étonner que ces immondices vocaux – non pas verbaux – soient produits par de prétendus humoristes avoue platement que l’on passe à côté de son époque).

    Il faudrait rire par-dessus son époque.

    Et ce n’est pas toujours si simple.

     

     

    Entre tant, il nous faut bien admettre que l’humour a plusieurs façons de disparaître.

    Il tend, par exemple, à se confondre au mépris pur et bas. C’est le versant Ardisson-Baffie, abyssale vulgarité qui, dans sa normative inversion des pôles, se croit une aristocratie – laissez moi rire !

    Mais il y a aussi – c’est un mode de disparition plus subtil, sans doute – son institutionnalisation, qui est en cours, qui est imminente, et qui, comme toutes les catastrophes produites à cadence par notre belle époque, va réussir.

    Un exemple ?

    A Reims, un journal gratuit de médiocre qualité, L’Hebdo du vendredi, consacre un article à l’ouverture d’une salle de spectacle privée. La salle s’appelle « A l’affiche », permet d’accueillir 250 personnes :

    « C’est Sylvain Collaro, propriétaire du café-théâtre le Don Camillo à Paris et associé au projet, qui a présenté le concept de « A l’affiche » rejoint ensuite sur scène par son frère Stéphane, célèbre créateur de l’émission le Bébête show et par Jean-Claude Walbert. Rapides et directs, les trois amis ont rappelé brièvement la vocation des lieux à savoir l’humour, le théâtre, la chanson et la promotion de jeunes artistes en devenir. » (Je laisse au nommé Julien Debant, signataire de l’article, la responsabilité de sa syntaxe.)

    Jusque là, rien que de très banal. Mais voilà :

    « Outre la diffusion de spectacles, « A l’affiche » devrait proposer des cours pour apprendre le métier d’humoriste. »

    Pourquoi pas, en effet ? La phrase suivante :

    « « Nous allons déposer un dossier auprès de l’Education Nationale et nous espérons pouvoir ouvrir notre école de l’humour à la rentrée 2008/2009 » précise Jean-Claude Walbert. »

    On y est.

    A quand l’ouverture d’une hypokhâgne préparant ouvertement à la « Star’Ac » ? D’un BTS « métiers de la pornographie » ?

    Rien ne dit que le dossier sera favorablement accueilli par l’Education Nationale. Mais si ce n’est cette année, ce sera la suivante ; et si ce n’est avec Collaro, on pourra certainement trouver des gens moins ringards : Cauet, par exemple, ou Michaël Youn – que j’ai déjà proposé pour la Comédie française…

     

     

    – Tu as fait l’école du rire ?

    C’est ainsi que cette ancienne blague idiote, qui suivait ordinairement une précédente blague pas drôle, va devenir réalité.

    L’Ecole du rire.

    Et ce rire même, que devra-t-il être sinon citoyen, tolérant, écologique ?

     

     

    Je suis désespéré. J’attends Molière, et le Saint-Esprit…

     

     

    Il disparaît aussi, l’humour, sous sa forme populaire, spontanée. Car enfin, il n’est point d’abord chose de spécialiste. A présent que les nouveau-nés, flanqués de leurs mères et pères, font leur apparition dans les cafés non-fumeurs, il faut s’attendre à ce que les blagues qui ne tombent pas encore sous le coup de la loi fassent l’objet d’une traque imbécile ; à ce qu’il se trouve, dans les plus brefs délais, un lobby de connasses et connards dénonçant je ne sais trop quel « blague-de-culage passif » (comme on dit : tabagisme passif) pervertissant nos adorables poupons…

    L’humour meurt. Et l’âge adulte avec lui.

  • Ecole de guerre civile

    Du temps que la société était décente, et que l’Education transmettait des connaissances, il arrivait que les enfants en récréation jouassent à moquer le très improbable envers du monde dans lequel, somme toute, ils étaient fort heureusement contraints ; cela donnait, très classiquement, ceci :

     

    Haut les mains

    Peau de lapin

    La Police en maillot de bain.

     

    L’idée que la police soit en maillot de bain, dans une société où les flics n’étaient pas en rollers, ne semblait pouvoir quelque jour advenir.

    Mais nous n’en sommes plus là.

    Le Ministre de la Justice lui-même s’étale partout en bikini.

     

    f7c619846d026954152fd4054b9786bd.jpgHaut les mains

    Peau de lapin

    La Ministre en maillot de bain

    … ça ne voudrait plus rien dire, puisque ça ne serait plus l’envers de rien.

    Les récréations des enfants, d’ailleurs, ne sont plus l’envers de leur éducation ; elles sont son avant-garde.

    Puisque l’Education ne travaille plus qu’à faire sauter des tabous, les enfants en récréation lui montrent l’avenir, et les progrès qu’il lui demeure à faire :

     

    Nique ta mère

    Nique ta race

    Mange tes morts

     

    Tel est le programme :

    Lever le tabou de l’inceste.

    Faire triompher le racisme sous couvert d’anti-racisme.

    Parvenir à l’anthropophagie – c’est-à-dire certainement à la guerre civile, ce qui ne se fera pas sans éradiquer tout respect pour les anciens, les pères et donc détruire préalablement toute transmission des connaissances historiques…

     

    Bref : Le niveau monte.

  • Scolastique contemporaine

     

     

    « Le niveau monte. »

    Dernière phrase du Capitaine du Titanic

     

    « Je sors à l’instant du coiffeur. »

    Un ami, comédien et homosexuel, conscient de faire ainsi, de ses « amours », un octosyllabe amusant et banal

     

    « Je sors à l’instant du coiffeur. »

    Exemple choisi par un professeur des écoles de CM1 pour illustrer une leçon de non-français sur le COI

     

     

     

     

    Je parlerai ce jour du sac (hélas institué) de l'Université française. 

    On connaissait l’ignoble idée de Chevènement d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat ; et ses résultats plus que désespérants…

    L’enseignement de la langue française est interdit.

     

    Un « honorable correspondant », ainsi qu'on dit peut-être encore dans le Renseignement, m’annonce par courrier électronique que la suite est en cours :

    « Or, pour votre information, officiellement, depuis le 01 janvier 2007, suite à la réforme Allègre-Royal de l’université (réforme LMD) le taux de réussite doit être de 70% au bout de 3 ans en licence (pour 100 étudiants en première année, 70 d’entre eux doivent réussir la licence de 3ème année…). Si cet objectif n’est pas atteint, les subventions de l’Etat ne seront plus allouées à l’Université qui aurait un taux d’échec supérieur de 30% en 2011 (plans quadriennaux)… Ça a été l’occasion d’hystérie collective au sein de l’Université quand cela fut annoncé en septembre-octobre 2006 chez les enseignants-chercheurs… par des e-mails officieux internes… avant l’annonce officielle bien inaudible avant les élections (et le premier qui en parlait était mort…)… Les présidents d’Université n’avaient plus alors d’autre choix que l’autonomie face à un objectif impossible à atteindre même en donnant les diplômes aux étudiants (problème d’évaporation estudiantine…)… »

     

    Autant dire que non contente de fabriquer à la chaîne des crétins, pour reprendre l’expression rendue célèbre par Jean-Paul Brighelli, la France, en distribuant systématiquement des licences à des étudiants qui se jugeraient idiots de travailler et que ces saloperies d’IUFM auront charge de bienvenir, mandate ces mêmes crétins à fabriquer à leur tour des abrutis.

    ET VOUS VIVREZ COMME DES PORCS.

     

    J'imagine que l'actuelle Pécresse compte un peu sur ces mesures éminemment socialistes, je veux dire : suicidaires, pour faire passer la pilule de l'autonomie auprès de ces crétins prompts à la grève. Je trouve que cela ressemble à caresser des branleurs dans le sens de la débandade.