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société - Page 2

  • Ordo Temporis V

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « La croyance au progrès est une socialisation de la vengeance. »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • 18. Faiblesse

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il lui semblait pourtant logique qu’une société qui affecte au désir et à la consommation une valeur seulement positive ne puisse finalement que détruire ses propres structures et institutions ; que les sujets d’une telle société soient toujours plus désarrimés de la raison, malades, et non seulement malades mais enorgueillis à l’extrême de cette maladie qui les verrait bientôt abolir en son nom toute discrimination entre eux-mêmes et les choses. C’est toute une société qui demande à disparaître, et jouit de disparaître. Elle disparaîtra donc. Par violence ou par ruse, elle sera remplacée par une autre, sûre de ses lois et de ses châtiments, et qui ne paraîtra archaïque qu’à ces affaiblis-là, dont il était. Et il se demanda pour qui il travaillait réellement. Et la réponse le fit franchement marrer.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Opinions sur rue

    Crayon-trottoir. C’est une enquête réalisée dans la rue sur un échantillon de population approximativement représentatif de lui-même.

     

    – Bonjour, monsieur. Puis-je vous poser quelques questions ?

    – Quoi t’est-ce qu’on gagne ?

    – Un morceau de gloire relative en kit à monter soi-même.

    – C’est pas trop long alors, j’espère, parce que j’ai encore des courses à faire pour le chat…

    – Non, non, c’est très court. C’est une enquête anonyme pour savoir où on est avec la mort.

    – Ça a l’air intello, vot’ truc, là, dites, non, hein ?

    – Meuh non… Bon, vous y êtes ? Première question : Etes-vous prêt à mourir pour Dieu ?

    – Ah bah c’te blague, Dieu… Pff… Vraiment, hein.

    – 2. Etes-vous prêt à mourir pour votre pays / patrie / nation (rayez les mentions pas choisies ou pas comprises) ?

    – Vous déconnez pas un peu, non ?

    – 3. Pour de l’argent ?

    – Ah oué oué oué… Bah non merde, parce que comment qu’on le claque après ?

    – 4. Pour vos parents ?

    – De toute façon, ’vont bientôt crever, les vioques. Place aux jeunes ! Même qu’on peut les aider à se magner un peu grâce à la dignité. C’est qu’y a le pavillon à récupérer…

    – 5. Pour vos enfants ?

    – Euh… Ça dépend : c’est filmé ?

     

    Résultat de l’enquête :

    Probant.

    L’échantillon est tout à fait émancipé, libéré de toute emprise libérale, idéologique ou religieuse.

    Son désir légitime d’être filmé nous conduit à lui proposer de pratiquer quelques activités artistiques citoyennes ouvertes à tous.

     

    Morale – car c’en est une :

    Mourir pour rien

    C’est vachement bien

    De toute façon on va crever

    Autant que ça soye pour rien

     

    – Et sinon, monsieur, je peux vous demander ce que vous faites dans la vie ?

    – Je m’emmerde.

    – Non mais, comme métier ?

    – Chui assistante sociale bac +5, pourquoi ?