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pouvoir - Page 3

  • Le déceveur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il l’avait séduite par sa manière de ne jamais dire rien qui parût prévisible, et d’être drôle – c’est banal ; mais dès après qu’ils eurent passé une nuit ensemble, simplement par des phrases qui demandaient la réciproque, elle avait commencé de vouloir qu’il dise ce qu’elle voulait entendre. Elle asseyait son pouvoir, peut-être même tentait un placement – et ne savait rien de tout cela. Lui se trouvait – c’est ce qu’il pensait – face à cette seule alternative : s’exécuter, ou fuir – et il trouvait les deux pires. Jouer avait fait long feu. Il finit par balbutier pour lui-même je ne sais quelle nécessaire propension des femmes à faire des hommes des lâches ou des salauds ; quand ce n’est pas les deux. Et le mauvais silence lui servit de refuge. C’était un garçon qui survivait de ne jamais se reprocher rien.

     

     

     

     

     

     

  • Polis

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    On peut essayer de quantifier le sommet du pouvoir, mais.

    Combien de morts une phrase peut faire. Combien d’argent elle peut perdre ou rapporter. Ou quels territoires, etc. Combien de divisions internes ou externes elle engendre. Quelles ripostes.

    Et son influence, restreinte ou pas ? Ses mesures procèdent toujours d’une méconnaissance, non moins qu’elle-même. Pour ne rien dire de ses délais.

    Se poser ces questions entrave la décision. Le pouvoir n’est lui-même qu’aveugle.

    L’effroi devant toute conséquence contraint ceux qui exercent le pouvoir à un certain nombre de phrases fausses, convenues, établies d’avance – ainsi que leurs réponses.  

    Et voilà pourquoi votre pouvoir est muet.

    Bavard, mais muet. Clairvoyant parfois, mais toujours inactif.

     

    (J’essaie de présenter les choses positivement.)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Narcissisme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La manière dont chaque matin tu parais dans ton miroir, en réalité, est très étudiée : tu ne t’y surprends jamais.

    C’est en descendant de voiture, dans une vitre posée là par hasard, que finalement tu t’es vu : pas rasé, tassé, un peu voûté avec du bide, les cheveux en pétard, le teint gris du rat de bibliothèque fumeur.

    En somme, c’est dans l’intimité que tu fabriques chaque matin l’image que tu veux croire que les autres ont de toi.

    Et tout le reste, je le crains, est à l’avenant…