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  • Ligne de risque

     

    De mauvaises langues rapportent que le projet de revue des funèbres Yannick Haenul et François Meyronnis s’était initialement intitulé : Anorexie mentale et qu’il avait fallu, pour dissuader nos larrons, rien moins que la vertigineuse puissance de persuasion d’un nommé Philippe S., l’écrivain le plus réticulé de France, lequel officie ordinairement sous la double casquette de chef de rayon aux éditions Point G (à Paris) et de Tête de Gondole (à Venise).

    Anorexie mentale ! Mais ça manque de poésisme ! Relisez Heidegger ! C’est trop con, trop temporain, trop contemporain, Anorexie mentale ! Non sans raison ! Et ça n’est pas assez daté ! Il faut un truc daté ! Vous savez à quel point j’aime les dates !

    – Moi, je préfère les figues…

    – Ta gueule, Yannick. Et écoute bien Papa.

    – Laissez, François, laissez… Bienheureux les pauvres d’esprit, les collections Point G sont à eux ! Relisez Jésus ! La poésie, c’est dans la vie ! Relisez Debord ! Donc, poétisons à la Rimbaud tout en plagiant Lautréamont ! L’anorexie ! Moi qui ai des problèmes de poids parce que je suis l’Ernest Hemingway des jardins du Luxembourg ! Relisez Sollers ! Garder la ligne, c’est prendre un risque ! Je garde ma ligne, je suis plein de courbes, je sinue et j’insinue, je suis un stratège chinois déguisé, tout est prévu, je sais tout, les risques sont calculés, leurs marges aussi, soyez marginaux c’est un ordre, émargez au système ! Là-dessus, bien sûr, les femmes délugent, l’Arche de Noé est un bordel, il faut mêler tout ça, relisez Breton ! Donc, voilà, et je crois cette fois que la démonstration est claire, ce sera : Ligne de risque !

    – Je n’ai rien compris, chef.

    – C’est parce qu’il y a un jeu de mots, Yannick.

    – Ah ? Pourtant personne ne rigole.

    – C’est pourtant simple, petit. Mais personne, bien sûr, ne veut comprendre. C’est là qu’est le complot, la grande surdité universelle. Je dis donc, moi : l’anorexie, la ligne, le risque. Et l’esprit ! Ah, l’esprit ! Soyez mentaux, relisez Hegel ! Bon. C’est pas tout ça : on reprend une omelette, les enfants ?

    – Il y a encore un jeu de mots, là ?

    – Ta gueule, Yannick.

    – Relisez l’Idiot ! Bon. Trois omelettes ! Sur ma note ! Avec des frites, oui ! Et de la mayonnaise, hein, plein ! C’est la guerre du goût ! C’est bon, les omelettes !... Dites donc, François, vous ne pouvez pas le calmer ! Qu’est-ce qu’il a, Yannick, à s’exciter comme ça ?

    – Rien, c’est normal. Il farfouille dans l’intégrale des Œuvres Trouées d’Alina Rayée pour voir si elle n’a pas un passage sur les omelettes !   

    – Fine équipe ! Ah, fine équipe !

     

     

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  • Fuite des temps

     

    S’étant avisé que la révolte de mai 68 s’était dissoute dans les accords de Grenelle, et voulant lui-même en finir avec ce triomphant esprit de 68, le Président décida d’ouvrir son mandat par la commémoration glorieuse de sa défaite à venir. Comprend qui peut.

  • Tasmanie, de Fabrice Melquiot

     

    Louable tentative de mordre par un auteur qui, sous anesthésie culturelle totale, s’est préalablement fait ôter toutes ses dents.

    (La pièce de Melquiot, ne disant pour une fois pas tout à fait rien, et même n’étant pas dépourvue d’une certaine actualité triviale qui lui doit servir de pensée, il est à craindre que les eunuques ordinaires du théâtre public ne se ruent pas à la monter.)

  • Pédagogie

    Les cartables des écoliers sont trop lourds, et là bien sûr se trouve le seul scandale d’une Education nationale visant à former exclusivement des analphabètes. On veillera donc, pour les harmoniser aux programmes, à vider les cartables. Au nom de la Santé, c’est-à-dire, désormais, de dieu. Merci, M. Darkos (sic ?), pour ce premier pas vers, enfin ! une reconnaissance de la pénibilité du métier d’écolier.