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Succès du Mystère

La pièce s’appelle d’abord Elckerlijc.

Elle est écrite en néerlandais ; vers 1470. Imprimée pour la première fois en 1495.

Elle est un Mystère ; pire, une moralité. Elle emprunte à la chanson de geste.

Elle rencontre le succès.

Un détail : elle est attribuée à un certain Pieter van Dienst.

Cela pourrait s’arrêter là.

 

Peu après, la pièce – toujours un Mystère, ou une moralité – passe –grâce à qui ? on ne sait trop comment – en Angleterre.

Où elle rencontre le succès.

Everyman, a morality play, publiée en 1490.

 

Macropédius par Philippe Galle (1572).jpgLe grand Georgius Macropedius (néerlandais, il va sans dire), de son vrai nom Joris van Lanckvelt, reprend l’histoire en 1539.

C’est son plus grand succès.

La pièce est écrite en latin, et elle s’appelle maintenant Hecastus.

Vous pouvez toujours chercher une traduction en français…

Car la pièce de notre Georges Macropède – prêtre catholique suspecté de pencher vers la Réforme – est très traduite (sauf en France, donc).

La pièce sera traduite en allemand, en danois, en néerlandais et en suédois (pour cette dernière langue, en 1681).

Plutôt des pays protestants.

 

Hecastus par Macropédius.jpg

 

Hans_Sachs.jpgHans Sachs, mort en 1576, donne la plus brillante des six traductions en allemand.

La pièce s’appelle alors Comédie du riche mourant.

Hans Sachs est un « maître chanteur ». Goethe le tenait en haute estime et Wagner en a fait un personnage important de son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

 

Les choses auraient pu s’arrêter là.

 

Hofmannsthal en 1893.jpgC’était compter sans Hugo von Hofmannstahl.

Le formidable auteur, entre autres, du Chevalier à la rose et de la Lettre à Lord Chandos.

Lequel, partant de la version anglaise, Everyman, et de la traduction d’Hecastus par Sachs, écrit Jedermann.

Ebauches en 1903, première version en 1905 (prose et langage moderne), seconde et dernière version en 1911 (en vers).

La première a lieu sous chapiteau le 1° décembre 1911, dans une mise en scène du grand Max Reinhardt.

Lequel la reprend le 22 août 1920 : Elle inaugure le Festival de Salzbourg, à l’origine duquel on trouve Reinhardt et Hofmannstahl.

On joue sur le parvis de la cathédrale.

 

Depuis, les metteurs en scène se succèdent, et la pièce se joue chaque année en ouverture du Festival de Salzbourg, sur le parvis de la cathédrale (sauf exceptions).

Elle est aussi souvent jouée à Bamberg (en Bavière), devant la cathédrale.

La pièce de Hofmannstahl a passé en 2003 les cinq cents représentations, ce qui devrait suffire, me semble-t-il, à la qualifier de succès.

Notons au passage que, pour l’essentiel,  nous sommes revenus à présent en terres catholiques (enfin, de nos jours…).

 

Jouer les rôles de Jerdermann ou de la Maîtresse à Salzbourg est une consécration.

Parmi les acteurs de langue allemande connus en France, citons Curd Jürgens de 1973 à 1977 et Klaus Maria Brandauer de 1983 à 1989.

 

Elle a selon toutes probabilités inspiré ce film austro-germano-français (que je n’ai pas vu) intitulé Jedermanns Fest (La dernière Fête de Jedermann), réalisé par Fritz Lehner en 2002, avec Klaus Maria Brandauer (tiens donc), Juliette Gréco, Sylvie Testud.

 

Tout de même, la pièce a paru en français en 1979, traduite par Léon Vogel dans le volume Le Chevalier à la rose (et autres pièces) chez Gallimard, collection « Du monde entier ».

La traduction de Léon Vogel n’est pas désagréable à la lecture ; elle laisse deviner que la pièce ressortit, en allemand, de la haute poésie.

 

Et maintenant, je ne vais rien vous dire de la pièce.

Si je l’avais trouvé mauvaise, contrecarrant de mon seul jugement plus de cinq siècles de succès divers, je ne me serais pas amusé à compiler pour vous cinq ou six pages différentes de l’encyclopédie en ligne Wikipédia (laquelle, je le précise, n’est pas la femme de Macropedius).

Vous n’avez qu’à la lire, maintenant que cinq siècles de succès nous l’ont enfin amenée.

 

 

 

 

 

 

Cédant à la pression, j’ouvre les commentaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Eh bien ! C'est comme une première trace de pas sur la neige, ou sur une surface mouillée sur laquelle on n'ose trop poser le pied - peur de tacher - ce premier commentaire. Chuchotement par une porte entrebaillée : En plus, je n'ai jamais ni lu, ni vu, la pièce. Je cederai donc à la pression de cinq siècles de succès.

  • La phrase qui touche là où c'est nécessaire, c'est que "la traduction laisse deviner que la pièce en allemand ressortit de la haute poésie".
    (Evidemment l'ouverture des commentaires chez vous en flanque plein la figure du "mais ça va être ça mes commentaires? dire j'aime çi, j'aime ça, oh je suis bien d'accord, ouh la la non... bref comme l'instant avec quelqu'un qu'on a longtemps convoité, quand là en manteau dans l'entrée, on trouve l' affaire pas si simple, voire inepte)

  • Ah décidément la pression a bon dos. Pourtant l'Orval ne se trouve qu'en bouteille. Effectivement pouvoir commenter ici, comme le fait remarquer Sophie donne l'impression de profaner le silence de profondes catacombes, pour s'enfuir pourchassé par le remords de l'écho...

    Il faudra voir cette pièce donc, la lire. Si cela se peut.

  • @ Solko : Allons, allons, entrez, c'est ouvert.

    @ Sophie : Bien. Passez-moi votre manteau.

    @ Tang : Je n'ai que de la Chimay. Plutôt une cave, donc, que des catacombes, ces commentaires sous le texte.

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