C’est une chose assez éprouvante, à la longue, de faire le jour tout ce qu’on pense, la nuit, qu’il ne faudrait pas faire. Et puis, à un moment, tout cela devient indifférent. La mort engourdit vos membres ; vous aimeriez dormir. Avant, selon votre humeur, votre force, vous trouviez moyen de rire des choses atroces ; ou bien vous en pleuriez de rage. On vous disait cynique, nostalgique, pire encore ; on dit n’importe quoi, c’est son job. Vous étiez simplement vivant, pas sans contradiction. L’indifférence, l’habitude, la reconnaissance aussi ont tout nivelé, égalisé. Vous faites une chose le jour, une autre la nuit, elles sont peut-être encore contradictoires, mais elles sont aussi devenues les mêmes. C’est votre routine à vous, c’est tout. La douleur s’atténue. Vous dormez mieux, et plus. Il n’y a plus qu’à faire, le jour, ce que vous savez faire le jour. Ce que vous pensez de ce que vous faites vous indiffère – au diable ! Vous êtes mort. Bien sûr, ce n’est pas désagréable. On trouve d’ailleurs que vous avez gagné en sincérité.
Autoportrait du 28 juin 2009.
Il ne me reste plus, pour illustrer cela, qu’à vous laisser cliquer sur la phrase publicitaire suivante : Ce que j’ai fait quand j’ai compris que j’étais un morceau de machine ne sauvera pas le monde.