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opinion - Page 3

  • Contresens

    Il se rendait compte, maintenant, que ses opinions se délitaient ; il n’en changeait pas, non, comme cela lui était arrivé quelques fois ; il avait la sensation de les regarder, mais de loin, de plus en plus loin, s’effriter, s’écailler comme de la peinture trop longtemps exposée aux intempéries. Et il n’en était nullement soulagé ; il en était effrayé, mortifié. Il assistait corollairement à la raréfaction de sa conversation. Son travail comptable le soulageait grandement, mais la perspective de ses collègues à la pause lui donnait des suées froides. De plus en plus souvent, il se contentait de hocher la tête, non par assentiment réel, mais pour en finir au plus vite. Il aurait voulu ne plus parler du tout, et en même temps, l’angoisse que provoquait cet évanouissement au profit de rien de ses opinions anciennes lui faisait en quelque manière s’accrocher à ces conversations qu’il ne pouvait plus tenir correctement ; il en fit même un ulcère, duquel il put parler tout de même un peu, se laissant même aller parfois à enchaîner plusieurs phrases, cet ulcère ne lui semblant en rien une opinion. Finalement, la douleur l’arrangeait suffisamment pour qu’il s’arrangeât d’elle, l’empêchant de sombrer socialement tout à fait. En même temps, ses interlocuteurs l’engageaient systématiquement à se soigner. Ce qu’il fit après quelque temps, moins pour soulager la douleur que pour s’épargner la réprobation grandissante de son entourage. La douleur disparut. Il eut une crise d’angoisse au volant de sa voiture, sur l’autoroute ; au moment de mourir, il comprit ce qu’il aurait dû faire.

  • Position politique

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    Le misérable théâtre de notre époque ne s’aventure que rarement à représenter le pouvoir et les hommes qui l’exercent.

     

    Le théâtre est politique quand il représente le pouvoir ; pas quand il exprime les opinions personnelles de l’auteur.

    Sophocle a occupé de hautes fonctions politiques. Les historiens, partant de ses pièces, sont incapables de comprendre quelles étaient ses idées. Le fait est qu’écrivant du théâtre, il se situait au-dessus de celles-ci mêmes.

     

    Représenter le pouvoir tient en la description la plus active et impartiale possible des forces historiques en conflit – et par cette dernière expression je n’entends pas les dernières fadaises politiciennes ou sociétales – deux barbarismes – à la mode dans la bouillie journaliste.

    Cela seulement peut dire la hauteur ou la bassesse d’une époque, et conséquemment l’exalter ou lui nuire.

     

    Voilà bien pourquoi tout ce qui, dans la culture, n’est pas réellement théâtral reçoit aujourd’hui les plus vifs encouragements.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (Voir aussi : Note de travail (2))