Il s’expliquait finalement très mal le monde dans lequel il avait à vivre, mais il était parvenu à le ramener à lui ; cet effort lui avait coûté, disait-il pesamment, quinze ans de sa vie, et maintenant il se sentait plus libre, ignorant obéir.
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Il s’expliquait finalement très mal le monde dans lequel il avait à vivre, mais il était parvenu à le ramener à lui ; cet effort lui avait coûté, disait-il pesamment, quinze ans de sa vie, et maintenant il se sentait plus libre, ignorant obéir.
C’était une fin de soirée pas mal arrosée et je ne sais plus du tout de quoi nous parlions, mais ce qui est certain, c’est que j’ai cité cette phrase de Kafka, aussi célèbre que difficile, et que ça a déclenché quelque chose :
« Dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde. »
Et J., qui était là, a lancé joyeusement :
Il la vit, la désira à l’instant, s’en aperçut, ne lui trouva plus aucun intérêt.
Son père ici, sa mère là, l’administration au-dessus, lui donnèrent tout. Des jouets, des diplômes, même des filles.
Il prit tout l’argent qu’il pût, puis abandonna ses parents.
Son père le chercha longtemps, en vain.
Sa mère le croisa une fois dans un supermarché, mais ne le reconnut pas.
Il n’assista pas à l’enterrement de son père, ici ; ni à l’incinération de sa mère, dans le sud.
L’an dernier, peu après ses quarante ans, sa voiture heurta de plein fouet un camion.
Il ne laissa rien.
Au moment d’appuyer sur la touche « enter », il se demanda combien de gens son geste allait tuer, puis il appuya. Merde quoi, il faut bien vivre avec son temps.