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bronzeculand

  • Verbes anciens

    D’abord deux anecdotes, d’ampleurs diverses certes, mais d’une convergence certaine…

     

    1. Le PDG du Bronzeculand France, première puissance touristique planétaire (tremblez, mortels !), un dénommé Mickey Grenelle, époux d’une chanteuse comique (aphone ?), a annoncé, il y a quelque temps déjà, sa volonté de faire disparaître la publicité des chaînes de télévision du service public, dans le but, croit-il – à moins qu’il ne feigne (du verbe feindre), car le bonhomme est roué –, d’améliorer la qualité des émissions.

    C’est tout bonnement crétin.

    Cet homme ne dispose d’aucun moyen concret, institutionnel ou intellectuel, permettant de relever le niveau, effectivement extrêmement bas, des émissions télévisuelles, de service public ou pas.

    Pourquoi ? Parce que le seul moyen de faire une chose pareille demanderait un programme sur cinquante ou soixante ans ; c’est-à-dire sur un temps correspondant à deux générations. Or, le personnel touristico-pipolitique, dans notre belle démocratie à plan quinquenno-électoral intégré, ne dispose pas des moyens, institutionnels et intellectuels, de penser à cette distance.

    C’est en somme ce qui nous différencie des autocraties (pensons à l’URSS hier, à la Chine aujourd’hui) ; et pour cette fois du moins, il n’y a aucune gloire à tirer d’une telle différence.

    Mais surtout parce que le seul moyen concret de relever le niveau, à la télévision comme ailleurs, tient à la transmission des connaissances, c’est-à-dire, pour l’heure, à ce qu’on appelle encore, par ironie ou par simple oxymore, je ne sais, l’Education Nationale (laquelle sous ce nom ou sous le précédent fut quelque temps la colonne vertébrale de la République).

    Le seul moyen de relever le niveau est d’ « élever », au sens propre, je veux dire : d’élever au-dessus de soi, la génération qui vient. Or nous sommes, et ce n’est rien de le dire, sur la « pente descendante ».

    La suppression des publicités, si connes soient-elles, et elles le sont d’évidence, n’y changera rien du tout. Cela ne fera rien (sauf sans doute faire monter le prix de la seconde de pub sur les chaînes privées, ce qui est peut-être le but, à moins que ce ne soit un « bénéfice secondaire », comme disent parfois nos amis les psys qui sont, eux, comme chacun sait depuis Freud, économistes jusque dans la libido. Un autre de ces « bénéfices » pourrait être l’intrusion, discrète d’abord, puis affichée, des publicités dans les émissions mêmes, ce qui, me souffle-t-on, est déjà fait, celles-ci ne servant plus guère qu’à assurer la « promotion » de bidules idiots et autres machins stupides : sérieusement, il ne fait que ça, Ruquier, par exemple).

    En attendant, ce sont les fournisseurs d’accès aux technologies internet qui seront taxés pour compenser le manque-à-gagner dudit service public; lesquels, en bonne logique ou à peu près, répercuteront la taxe, sinon plus, sur leur clientèle.

    Bref, cette question de la qualité évacuée, la chose se résume ainsi : Blague et redevance à part, nous regardions gratuitement des pubs, il nous faudra payer pour ne plus les voir. A moins, bien sûr, que nous ne changions de chaîne…

     

    2. « Le maux de tête lui arracha quelques plaines. »

    Le maux de tête. Parfaitement. Et quelques plaines.

    Non, non, ce n’est pas du surréalisme. Ou plutôt si, c’en est. Du plus moisi. Du surréalisme d’institution, bien sûr. Pour ne pas dire d’Etat.

    J’ai moi-même construit cette phrase débile en m’appuyant sur les dernières avancées du pédagogisme de pointe.

    Car, voyez-vous, j’ai lu récemment, dans ce qu’on appelle le Cahier de liaison d’une petite fille de CP, ce mot révolutionnaire signé d’un professeur des écoles qui part en retraite à Noël, lequel professeur se trouve être une dame (ce qui n’a rien à voir en soi, mais c’était juste pour le plaisir d’écrire le mot professeur au masculin quand même) :

    « XXX s’est plain d’un maux de tête. »

    Je n’aurais, je crois, poussé qu’un léger soupir si j’avais lu que la petite XXX s’était « plainte d’un mal de tête » ; j’aurais peut-être grommelé quand même un « au point où on en est… », et serais passé à autre chose.

    Mais le cumul m’a tout bonnement sidéré. Et je suis resté coi. Sidéré. Scié, quoi.

    Bref, on peut retirer les pubs tant qu’on veut, avec des gens de cette qualité-là pour opérer la transmission des connaissances, si vous voulez mon humble avis, on n’est pas arrivé…

    On ferait mieux de retirer carrément toutes les émissions.

    Voilà pour les anecdotes.

     

    J’ai donc décidé ce soir d’écrire ce billet pour me venger. Ce qui est inutile autant qu’idiot, je le sais bien. Je vais le faire tout de même, en tentant d’être positif (si, si). Et de finir ce billet par quelque chose, pour autant que j’en sois capable, de beau.

    Après tout le beau, comme le vrai, d’ailleurs, n’a pas de verbe.

    On ne beaute pas.

    Pas davantage on ne vérite ni ne vraite.

    Le bien, lui, dispose d’un verbe (mais si, voyons, faites un effort).

    On bénit.

    Ce qui ne fait pas tant laïque (quoique la République ne manque pas, ces temps-ci, de culs-bénis, justement).

    Je vais donc vous entretenir, brièvement, de deux verbes anciens.

     

    La souffrance a un verbe, mais pas la douleur.

    La douleur l’a perdu (a-t-elle eu la douleur de le perdre ?).

    C’était le verbe se douloir.

    Lequel se conjuguait comme vouloir ou pouvoir.

    Ce qui faisait donc, au présent de l’indicatif :

    Je me deux,

    Tu te deux,

    Il se deut…

    Ce qui est assez beau, je trouve.

    Après que le verbe se douloir a disparu, et avec lui son limpide je me deux, il n’est plus resté qu’aux psychiatres, pour compenser (et parfois décompenser), d’inventer la schizophrénie.

     

    L’autre est le verbe faillir, qui n’a certes pas disparu tout entier, mais dont une grande part de la conjugaison, même aux temps les plus simples, a sombré.

    (J’écris ces lignes alors que, si l’on en croit les gens qui le disent, la faillite nous guette.)

    Il faisait au présent de l’indicatif :

    Je faux,

    Tu faux,

    Il faut…

    Troisième personne du singulier recoupant exactement celle du verbe falloir.

    J’y vois comme la marque d’une fatalité…

     

    Je ne vérite ni ne vraite.

    Mais je faux.

     

     

     

     

  • Se convertir mieux pour gagner du temps plus

     

     

    Alain Potent, journaliste à l’e-Monde, était là, dans un coin, et il avait dû poser une question, puisque Mickey Grenelle y répondait ainsi :

    262089676.jpg– Mais non, M’sieur Potent, qu’on aura pas d’armée en vrai. D’abord, parce que c’est mal. Et ensuite, d’abord parce qu’on peut pas. J’ m’explique. Si qu’on donnerait un budget à la Défense, tous les autres et même les copains, ils vont gueuler au fascisme et qu’ils auront bien raison. Si qu’on fait une armée avec l’Europe, tout le monde va trouver ça formidable vu que ce n’est pas possible de s’entendre à 27 plus les Turcs. Donc il reste l’OTAN et ça c’est de l’Atlantisme donc c’est mal parce que même la gauche maintenant elle cite le général de Gaulle. Donc on n’a qu’à rien faire, vu que c’est la paix, et je le rappelle, vu qu’on est un club de vacances, les plages, les gonzesses à poil et tout, je le rappelle et même, hein, je montre l’exemple avec ma Dolorès Blondie que je l’ai rencontrée grâce à meetic.gouv.fr. Ce que je veux, c’est qu’on va réussir que le Bronzeculand France devient une sorte de Dubaï de l’Europe, avec des tas de jeux partout, plein de paint ball partout, et une population locale tant pis si elle ferme sa gueule…

    1046658833.jpgCe n’était pas très clair, donc.

    D’autant qu’il y avait aussi Kouchner qui lui soufflait des trucs que le Président balayait certes d’un revers de la main, mais qui avaient tout de même l’air de le déconcentrer pas mal. « Les amis de nos amis sont ennemis. Les ennemis de nos amis sont nos amis. » Des aphorismes dans ce goût-là, qui imprimaient sur la trogne du bon docteur K. cet air de fierté, sinon d’orgueil, de l’homme qui jouit de pervertir le plus élémentaire bon sens.

    Puis Mickey Grenelle s’est brutalement tourné vers moi et m’a dit :

    – Qu’est-ce que tu vas foutre, maintenant que tu n’as plus de boulot, pauv’ con ?

    Je l’ai regardé, un peu ahuri.

    Puis des paroles sont sorties de ma bouche, auxquelles je ne pouvais rien :

    – Eh bien, euh… je vais me convertir à l’islam, je crois.

    Grenelle a eu l’air positivement impressionné par ma réponse.

    Il s’est approché de moi pour me dire quelque chose en secret ou pour me rouler une pelle, je ne sais trop, et je me suis réveillé en sursaut, trempé de sueur, puis j’ai gueulé des insultes qu’il serait inconvenant de reproduire ici.

    Je me suis levé, j’ai allumé une cigarette en attendant que le café passe.

    Il était six heures du matin et j’avais effectivement dormi mes quatre heures réglementaires.

    Cette phrase puissante m’échappait régulièrement des lèvres :

    – C’est la merde, putain, c’est la merde.

    J’ai toujours été déprimé. Depuis tout petit. Sans raison.

    Mais là, tout de même, je sentais poindre sous ces phrases rituelles rien moins qu’une victoire.

    Le fond de calva dans le café m’a aidé à retrouver mes esprits.

    La fête des mères.

    – C’est la merde, putain, c’est la merde. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir offrir à ma mère ?

    Et là, croyez-moi ou pas, j’ai pensé à une burka.

    Oui, je sais, c’est étrange.

    Mais c’est comme ça que je me suis souvenu de la soirée d’hier.

    Il s’est passé quelque chose, hier. Tout en travaillant sur cette indocile machine informatique, je suis tombé amoureux d’Houria Bouteldja. J’y suis enfin arrivé. Il faut dire qu’elle est assez jolie, tout de même. Oh, bien sûr, c’est arrivé en regardant la télévision, pas en vrai. Le service public, sans doute. J’avais bu un peu, et comme souvent quand je travaille, j’avais coupé le son de ce bruyant appareil électro-ménager. Je m’étonne d’ailleurs que la plupart des gens tolèrent un appareil aussi bruyant et ne pensent jamais à lui couper le sifflet.

    Bref, Houria m’apparut soudain, gesticulante, hystérique, – et muette.

    C’était fascinant. Je ne résistai pas, abandonnai mon travail et tombai à genoux devant l’appareil. J’étais fait. J’étais ravi. Amoureux. Transi.

    – C’est elle !

    – Qui ça, elle ?

    165928574.png– Mais l’avenir, Ducon.

    – L’avenir est féminin, tu as raison.

    – C’est l’avenir et elle est déjà là !

    – Féminin, mais pas seulement féminin.

    – Oh non, pas seulement.

    Je réalisai soudain que je dialoguais seul, chez moi, à genoux devant un poste de télévision. Décontenancé, je résolus de me servir un autre bon vieux whisky.

    Avant, je n’aimais pas l’avenir.

    Maintenant, c’est fini.

    Hip hip hip houria !

    Du coup, j’ai allumé une cigarette en culpabilisant. Même mon verre de whisky, je me surpris à le regarder de travers. Avec suspicion. Mais bon.

    Et, troublé, je me remis au travail.

    J’avais une commande à finir, et il était presque une heure du matin.

    Un dialogue commandé par un Centre touristique régional. La visite guidée d’un village médiéval. Avec son lavoir, ses rues en pente, ses murs en vielle pierre volcanique, son église banale dont il faut faire une merveille d’architecture sans alourdir toutefois le dialogue de considérations techniques qui risqueraient de gonfler le public. Bref, un truc casse-couilles, purement alimentaire. J’en étais à la page 32, je touchais au but, le dialogue entre sainte Ursule et la journaliste Catherine Cazals, parsemé d’expressions en langue d’oc, était presque achevé.

    J’eus soudain une idée de génie. Je sélectionnai les mots Catherine Cazals et commandai au traitement de texte (je ne ferai pas de pub pour Word ici) de le remplacer automatiquement par le mot Houria B. Ce qui fut fait dans la seconde.

    Je venais de gagner mes galons de citoyen citoyen.

    Génial. Cool.

    Je compris vite néanmoins qu’il me faudrait revoir l’ensemble du texte. Ma brave sainte Ursule ne pouvait plus se contenter de raconter simplement son histoire ; il lui faudrait maintenant passer aux aveux. J’accentuai chez Houria ce côté inquisiteur qu’avait déjà Catherine. La sainte se repentait, admettait, difficilement d’abord, un certain nombre de mensonges, simulations, etc., puis, finalement, se sentait « libérée » d’avoir ainsi causé et finissait par demander conseil à la belle Houria…

    J’aurais également volontiers remplacé sainte Ursule par sainte Ségolène, mais c’eût été une faute lourde.

    Dans la foulée, j’envoyai un mail à mes commanditaires, demandant une augmentation conséquente. Ces imbéciles seraient malavisés de me la refuser : je ne vous dis pas le procès…

    Houria, merci.

    Cigare sur le balcon.

    Revenu à la machine, je tapai sur un moteur de recherche (pas question non plus de nommer Google) son nom aimé. Au bout d’un moment, je tombai sur la vidéo d’un type nommé Yunis Al-Astal, député élu démocratiquement du Hamas, une organisation que soutient ma bien-aimée. Il disait ceci : « Très bientôt, si Dieu le veut, nous conquerrons Rome, tout comme Constantinople l’a été. »

    Ces propos me ravirent.

    Voilà des gens au moins qui n’ont pas perdu toute connaissance historique. Voilà des gens enfin qui nomment Dieu et se souviennent de Constantinople, capitale de l’Empire Romain jusqu’au 29 mai 1453. Voilà des gens qui se souviennent de Rome et de la Chrétienté. Des gens qui, en somme, n’ont pas renié leur propre histoire.

    Voilà des gens qui vont gagner.

    Time is Allah.

    Et nous pouvons compter sur des loosers à la Grenelle pour les y aider positivement. Du coup, le féminin Mickey Grenelle enfin me devint sympathique.

    D’où mon rêve.

     

     

  • Culture en danger à Bronzeculand France

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    Je reçois ces jours-ci des mails m'avertissant que la Culture est en danger.

    Ce n'est pas la Culture qui est danger, c'est l'aberrant Système Culturel d'Etat.

    La Culture, il y a lurette qu'elle n'est plus en danger ; je veux dire : il y a lurette qu'il n'y en a plus. Ou presque.

    (Ou presque. C'est important, tout de même.)

    Le Système Culturel d'Etat n'a positivement rien à voir avec la Culture.

    Il en est seulement la destruction.

    Ce Système produit simplement cette contrefaçon de Culture que j’ai nommé Culutre, et dont je répète ici la définition :

    « J’appelle Culutre tout ce dont, programmatiquement, il ne doit demeurer rien : c’est-à-dire presque tout. »

     

    L’Education Nationale (sic) et le Système Culturel d’Etat ont travaillé ensemble à l’évacuation presque totale de la vieille Culture (plus de) deux fois millénaire.

    Ils ont travaillé ensemble à l’éradication de la culture grecque, de la culture latine, de la haute culture chrétienne médiévale, de la Renaissance du XVI° siècle, de la grandeur classique (française) du XVII° siècle.

    Ils n’ont conservé comme préhistoire nécessairement mal connue que ce qu’ils appellent les Lumières, lesquelles sont censées naturellement déboucher sur la Révolution merveilleuse de 1789, laquelle même semble baigner dans une aura mythique, légendaire, en un mot : métaphorique.

    Pourquoi métaphorique ? Parce que, pour prendre une comparaison avec la Chrétienté défunte, la Révolution française est vétéro-testamentaire (tragique), tandis que son redoublement lumineux en mai 68 tient lieu d’Evangile, de Bonne Parole nouvelle (farcesque), d’actualisation en principes simples de la complexité ancienne, au crétin formaté.

     

    Mais maintenant que ce programme d’éradication de la vieille Culture est parvenu à son terme, ceux qui en furent les exécutants deviennent évidemment inutiles.

    L’Université est (enfin !) en capacité de prendre efficacement le relais.

    Elle-même va enfin détruire le vieux fonds de connaissances qu’elle archivait précieusement.

    Cela devient sérieux, voyez-vous.

     

    On déblaye donc les clowns.

    Ave Jack Lang, morituri te salutant !

    Le Système Culturel d’Etat ne sert plus à rien.

    Il a trop bien marché. (« Trop bien », ouais.)

    On ne conservera que la vitrine, pour les touristes du Bronzeculand France.

    On les dégage, ces serviteurs zélés du néant.

    Ils se plaignent, ils aboient qu’on les assassine.

    Je les comprends.

    Des années de bons et loyaux sévices au service de la destruction de la Culture.

    Sans compter une chose : c’est l’Etat lui-même qui a créé ce Système (ce n’est pas eux).

    C’est l’Ecole de la République qui a poussé ces nouveaux analphabètes à se prétendre artistes.

    Et quoi ? maintenant, ce même Etat – puisque, rupture ou pas, Mickey Grenelle Président ou rien, il y a le principe juridique de continuité – vient les foutre dehors en leur disant qu’ils ne servent à rien.

    Alors que non c’est faux : c’était précisément leur utilité de rebelles à la con au service de l’Etat de ne servir à rien.

    Ils servaient à ne servir à rien.

    Ils ne servaient même, non sans zèle, que le rien.

    Et je n’aurais pas le cœur de dire que cela au moins, ils ne l’ont pas fait parfaitement.

     

    Ils disent donc que la Culture est en danger.

    Alors que c’est simplement le statut social de ces fonctionnaires du néant qui est en danger.

     

    La Culture, elle, a migré ailleurs.

    Elle a pris le maquis.

    Elle s’est réfugiée sur les hauteurs.

    Elle est à sa place.

    Mais on n’y accède pas.

     

    C’est à empêcher qu’on accède à la Culture qu’a servi le Service Culturel d’Etat.

    Avec son ersatz de merde de Culutre.

    Et maintenant, tout le monde a oublié l’antique Culture.

    Alors, donc, je l’ai déjà dit, on se débarrasse de flicaillons de la non-Culture.

    On a les professeurs d’Université formés à ça désormais, plus efficacement. Pourquoi plus efficacement ? Parce qu’ils vont toucher tout le monde, tous les bacheliers de France. Alors que le Système Culturel d’Etat, lui, n’a jamais pris vraiment. Les gens n’ont pas marché. Ils étaient encore libres, les gens, d’aller ou de ne pas aller au spectacle (et ils n’y allaient pas tellement). Ils ne sont pas si cons, les gens. Mais leurs rejetons n’auront pas le choix ; tous ceux du moins qui n’auront ni le niveau scolaire (sic) ni le niveau de vie pour entrer aux grandes écoles : tous passeront à la broyeuse, avec l’enthousiaste perspective de broyer à leur tour les ruines de la Culture !

    Il y a un nouveau monde, de nouvelles perspectives.

    Il ne peut plus y avoir d’intermittents du spectacle.

    Pourquoi ?

    Mais parce que tout le monde l’est devenu.

    Tout le monde devrait avoir accès au statut (ça, ce serait égalitaire au moins ; et cool, en plus).

    Regardez Mickey Grenelle, le PDG de Bronzeculand France (ex-République française), est-ce qu’il n’a pas parfaitement intégré sa part d’intermittence du spectacle ?

    Est-ce qu’il n’est pas même le meilleur de tous les « permittents » (barbarisme formé de permanence et d’intermittence) ?

    Super, non ?

     

    On se débarrasse donc des flicaillons de la non-Culture.

    Et de leur point de vue, bien sûr, c’est un scandale.

    Je les comprends.

    Mais eux ne comprennent rien. Et en tout cas pas la manipulation dont (ô joie !) ils furent les consentantes victimes.

    Ils sont réellement convaincus d’être la Culture.

    Parce qu’enfin, quoi, merde, c’est leur statut.

    Et c’est l’Etat lui-même qui leur a refourgué ce statut à deux balles.

    Alors ils pleurent qu’on assassine la Culture.

    Et qu’ils vont perdre leur statut.

    De leur point de vue, c’est un scandale.

    L’Etat, qui les a si merveilleusement bien conditionnés à servir le plus rien en posant aux rebelles, vient leur dire : C’est fini.

    Mission accomplie.

    Vous avez bien niqué la Culture.

    Elle est partie ailleurs et personne n’ira l’y chercher.

    On n’a plus besoin de vous.

    Le type comprend qu’on lui dit, en somme :

    Vous avez bien bossé, les gars.

    Vous êtes virés.

    Encore merci.

    Alors il fait la gueule.

    Je comprends très bien ça.

    Il va manifester.

    Faire grève, qui sait.

    Faire grève de rien.

  • Welcome to Bronzeculand ! (2) : Independance Day

    L’Occident meurt en bermuda.

    Philippe Muray

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    Je dois cette nouvelle caricature du Pro-Fête à la persévérance incongrue de mon ami Alain Potent, du journal de préséance l’e-Monde, retourné au Palais de l’Elysée pour connaître l’opinion de Mickey Grenelle, PDG de Bronzeculand France (ex-République française) sur l’indépendance autoproclamée de la province serbe du Kosovo.

     

    ALAIN POTENT. – Mais alors, Monsieur Mickey Chef, quoi que vous en pensez, dites donc, de l’indépendance de ce Kosovo que vous avez reconnu ?

    MICKEY GRENELLE. – L’indépendance du Kosovo ? Une phrase de plus en plus pour moi, un grand pas pour le Jihad islamique. (Ah merde, ça, non, y follait pas kjel dise…) Eh ben quoi, c’est vachement bien, merde, la liberté !