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Edification républicaine

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(Pardon pour la photo, sans rapport au fond avec le billet qui suit, mais quand j’ai lu quelque part que le cliché original montrant le 67ème co-prince d’Andorre, accessoirement administrateur en chef du Bronzeculand France (ex-République française), flanqué de sa concubine officielle du moment, cette dernière l’aidant ici manifestement à surmonter sa peur de l’eau… quand j’ai lu n’importe où, disais-je donc, que ce cliché banal, considérablement déprécié, la presse étant en crise, avait été vendu seulement 15.000 euros, je n’ai pas pu résister. Encore pardon.)

 

 


– Tu n’as pas envie d’aller voir un spectacle ?

– Pas tellement, non.

– Il y a pourtant pas mal de choses dans ce festival. Regarde au moins le programme.

– Bon.

Comment lui dire que le spectacle de gens allant au spectacle l’été, en short et tongs, les seins sous le bras ou la bite dans les chaussettes retraitées, le navrait par avance ? Ce n’était pas tellement entendable, en effet.

– Rien ne t’intéresse là-dedans ?

– En gros, c’est ça.

– Tu n’es pas drôle.

– Je sais, désolé.

Il était debout bien avant l’aube. Le soleil se levant sur le champ devant lui le comblait bien assez, en fait de beauté comme en fait de silence – pépiement des oiseaux.

Par silence, il entendait seulement le fermage de gueule des humains, pas un nom laïc à la con de Dieu.

– Sérieusement. Tu aimerais voir quoi, idéalement ?

Il réfléchit un peu.

– Idéalement ?

Il n’avait envie de voir monté aucun grand texte dramatique, parce qu’il les avait presque tous lus, et qu’il ne voulait pas qu’on lui bousille bêtement les représentations qu’il s’en était fait, ni celles qu’il s’en ferait. Les saloperies d’avant-garde le plongeaient dans un profond ennui ; duquel il ne parvenait à sortir, s’il se prolongeait trop avant, qu’en simulant quelque rage froide dans lequel cela l’aurait jeté. La même bêtise qui lui semblait touchante dans la vie le désespérait dès qu’elle s’outrecuidait à publier sa bassesse, et pis encore à la vendre, quitte à pot-de-vinasser quelques journaleux pour qu’ils gueulent au scandale. Bref.

– De la musique, peut-être. Idéalement, un quatuor viendrait au petit matin ici, dans le jardin, jouer le n°13 de Schubert. Pas plus. Puis les musiciens partiraient sans rien dire, doucement. Ça, oui, ce serait parfait.

– Aristo de mes deux, va. Tu n’as pas plus populaire, quand même ?

–  Plus populaire ? Ah, si ! Mais je crois que ce bon vieux pays n’est pas prêt à remettre une guillotine en place de Grève. L’exécution publique d’un assassin confirmé, ou d’un financier multirécidiviste, ça aurait de la gueule, avoue ! Je serais même tenté d’y amener les enfants, pour leur édification morale.

Il se souvenait avoir lu deux textes très différents sur la guillotine, ces dernières années : l’un de Villiers de l’Isle-Adam, d’une belle hauteur critique, dont il avait oublié le titre mais qu’on trouvait dans un bizarre recueil intitulé Chez les passants ; l’autre, L’Obéissance, un roman magnifique de François Sureau.

Ah, la belle expression de « bois de justice » pour désigner cette merveilleuse machine !...

–  En attendant, ajouta-t-il, si ça te dit, tu peux les emmener à ton festival voir Oui-Oui contre Hitler, dans lequel bien sûr Oui-Oui gagne à la fin. Il faut dire que Hitler a vraiment une si mauvaise gueule qu’il ne risque pas d’agréger même un tout petit morceau de masse, tandis que Oui-Oui oui. Oui. Ça nous promet de beaux citoyens !

 

 

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