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France - Page 4

  • Une phrase

     

     

     

    Les postchrétiens ont remplacé le péché originel par la culpabilité historique, tout en devenant, par consentement masochiste, les victimes de leurs victimes, sans que cette aberration dictée par l’idéologie de l’hybridation généralisée puisse, par exemple, nous faire considérer autrement qu’avec émerveillement la colonisation de l’Andalousie par les Arabes (selon un mouvement qui déploie un Âge d’or mythique pour les seuls Arabes, lesquels n’ont rien produit depuis lors sur le plan culturel ou technique et ne sont revenus sur la scène internationale que par le pétrole et le terrorisme islamiste, qui n’est que le retour d’un refoulé postcolonial, des siècles après l’effondrement de la civilisation arabe), alors que la chute de Grenade, en 1492, la victoire de Charles Martel à Poitiers, en 732, ou la Chanson de Roland doivent se lire non plus avec la ferveur enseignée par les hussards noirs de la République, mais avec la mauvaise conscience forgée par les chiens de garde du Bien, sans considération qu’il y a une beauté de la Reconquista comme il y en a des Croisades ou de la Libération de la France occupée par l’Alllemagne.

     

    Richard Millet, Désenchantement de la littérature

  • Welcome to Bronzeculand ! (1)

    Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait purement paranoïaque.

     

    (Je suis désolé de vous le dire, mais je me serais volontiers passé d’écrire un truc pareil ; ce n’est pas du tout ce que je voulais faire, mais c’est parti comme ça, d’un jet. Bien sûr, je sais que les propos qui suivent n’auraient en aucun cas pu être tenus par le Président, ni d’ailleurs par moi-même. Je ne décline pourtant aucune responsabilité, bizarrement. Je me dis simplement – mais n’est-ce pas encore une manière d’excuse ? – qu’il est tout à fait navrant, voulant singer et amplifier la situation actuelle, d’en être arrivé à écrire de telles atrocités, et dans une langue si débile.)

     

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    Ce qui suit est une interview inédite du Président de la République française (Michel – dit Mickey – Grenelle) par le journaliste débutant Alain Potent, du journal l’e-Monde, telle qu’elle fut enregistrée…

    Sur le document vidéo, on peut voir Mickey Grenelle en short et chemisette dans les jardins de l’Elysée, un verre de Saint-Estèphe 1968 à la main et surveillant d’un œil expert la cuisson des merguez sur le barbecue présidentiel…

     

    ALAIN POTENT. – Monsieur le Président…

    MICKEY GRENELLE. – Merde alors, vous êtes ringard, vous. N’avez qu’à m’appeler Mickey, comme tout le monde.

    ALAIN POTENT. – Bien, Monsieur le Président…

    MICKEY GRENELLE. – Mais vous êtes bouché, ou quoi, Alain Potent ? M’encore appeler Monsieur le Président ! Vous êtes pas gonflé à moitié, vous ! Comme si je ne faisais pas tout pour la niquer total, la fonction présidentielle. Comme si je ne l’avais pas en six mois laminée, exterminée, six pieds sous terre enterrée, hein ? Vous imaginez de Gaulle à poil à la plage, avec sa bobonne ? Et Mitterrand avec sa maîtresse, non plus hein ? C’est que je suis transparent comme un miroir sans tain de salle d’interrogatoire, moi. Faut juste être du bon côté de la transparence, c’est tout…

    ALAIN POTENT. – Comment dire ? Pouvez-vous nous dire où que vous en êtes avé la France ? Vu que ça n’a pas l’air de fort marcher pour vous dans les sondages, Monsieur Mickey.

    f752bea3144b7b7c07639aca7b819171.jpgMICKEY GRENELLE. – La France ? Mais qu’est-ce que c’est que ça, la France ? C’est terminé, cette merde. Posez-moi plutôt sur ma femme des questions ; et peut-être alors que je vous répondrai après à une – une, hein, et pas deux – à une question sur la France, là, comme vous dites…

    ALAIN POTENT. – Bien, bien, Monsieur Mickey. Comment elle va, votre épousée ?

    MICKEY GRENELLE. – Merde alors, vous n’avez pas plus subtil comme question, merde. Un grand journal comme le vôtre, vous voulez y rester ? Il faut que je les fasse, ou quoi, les questions, merde. C’est que je vais vous l’appeler, moi, votre Directoire, et vous allez voir qu’est-ce que je vais lui-z-y faire, moi, napoléonien comme je suis donc. Demandez-moi donc comment que ça va, mon couple ?

    ALAIN POTENT. – Comment que ça va, votre couple, Monsieur Mickey ?

    MICKEY GRENELLE. – Bonne question. Eh bien, ça va vachement bien. Je m’occupe d’une femme qui souffre. Dolorès, c’est quelqu’un, n’est-ce pas ? Pas vrai qu’il faut sans doute souffrir pour ne pas comme ça réussir à se poser, hein. C’est qu’elle en a taillé, des pipoles, avant d’échouer sur ma gueule, Dolorès. Une vraie âme d’artiste, tout écorchée en plus, hein, la Blondie. Même qu’elle s’est faite refaire le nez, Dolorès. Faut-y pas pour de vrai souffrir, au point de les pas supporter, les imperfections de son narcissisme, hein, Alain Potent ?

    ALAIN POTENT. – Peut-être, peut-être, je ne sais pas, moi, Monsieur le Président. Mais bon, sinon, la France aussi elle souffre, non, vous ne trouvez pas, vous ?

    MICKEY GRENELLE. – Mais oui qu’elle souffre, la salope, enfin, comme toutes les bonnes femmes, si vous voyez qu’est-ce que je veux dire. Et ça n’est pas prêt de prendre fin, avec toutes les fausses couches que j’ai sous le coude…

    ALAIN POTENT. – Ah, bah, mais dites donc, les gens de la France, ils ne vous auraient tout de même pas un peu élu comme Président de leur République, non ?

    67f2d6db0e5ccae26cbd13401a2a2c1b.jpgMICKEY GRENELLE. – Mais c’est de l’histoire ancienne, ça, Potent ! Vous déraillez total ! Dites-moi pas que vous croyez encore à ces fadaises, hein, merde. Non mais je rêve. Et puis quoi encore… D’ailleurs, une fois que ça a été fait, c’était fini, couru d’avance. Alors, venez donc pas me parler de la France, hein ? Qu’est-ce que c’est que ça donc, la France ? La Fille aînée de l’Eglise ? Mais vous datez, mon vieux, vous datez. La République ? Mais la République aussi c’est fini, sombrée qu’elle est dans la démocrassie d’opinons-tous-ensemble-en-râlant-comme-des-veaux. Bref merde, vous voulez que je vous dise un peu qu’est-ce que c’est, la France ?

    ALAIN POTENT. – Je dois vous avouer que ça arrangerait pas mal mes bidons, en effet. D’autant que je suis simple pigiste, moi. Les têtes d’affiche du canard, ils sont tous en récup, épuisés de vous suivre d’Eurodisney à Louxor et de Washington à Pékin et de Téhéran à Tel-Aviv…

    557702b827c2d0500c42a1cc0a870d97.jpgMICKEY GRENELLE. – Eh bien mon vieux Alain Potent, entre nous je vais vous dire : La France, c’est la première destination touristique du monde, ouais. La première. Et même pas besoin de compter dedans les immigrés musulmans, clandestins ou pas (venez, venez, les gars, y en aura pour tout le monde avec même pour la forme deux-trois retours gratis qu’on peut gagner à la supertombola). La toute première d’Europe aussi, avec tout plein de Boches bouffeurs de saucisses et tout et tout, des Zollandais aussi, des Rosbeefs, et même des Suédoises. Vous ne comprenez pas, hein, Potent ? La France, c’est le bronze-culs de l’Europe. C’est pour ça que nous, les pipolitiques, on envahit les plages, et pas façon D-Day je peux vous le garantir. Avec pin-up et compagnie. Je vais même vous dire : Marilène Broyal, elle aurait pas fait mieux, je peux vous le dire. Pareil au même, elle se serait tapée un chanteur de droite type Barbelivien ou Hallyday, histoire de faire l’ouverture de la foire, et puis voilà, roule Mimile. Mais les plages, bordel, les plages, c’est là que ça débarque. La guerre économique, c’est là qu’elle est, et pas t-ailleurs. D’où vlà qu’il fallait bien la niquer, la fonction symbolique de Président à costume trois pièces, c’est d’un ringard, bordel de merde. La France, c’est Bronzeculand mon pote, et moi donc j’en suis le simple PDG à parachute doré du bordel, et pas bégueule avec ça, même qu’aussi je fais Gentil Organisateur. Une plage, un minaret. C’est ça l’avenir. Un coup USA, un coup Ben Laden.

    ALAIN POTENT – Je comprends, je comprends. Mais n’empêche, et ceux qui disent comme ça que vous êtes philosémite alors ? Parce que ça se dit, ça, hein, que vous seriez  copain avec des juifs, non ?

    557a726e178c6dec2ca887db0212b7c0.jpgMICKEY GRENELLE. – Aussi, évidemment. On voit que tu n’as jamais ramé avec une seule pagaie, mon gars. Pour aller tout droit, faut bien donner un coup de chaque côté, non ? Et si on ne fait pas en sorte que les juifs de France restent en France, eh bah sur la tronche de qui alors qu’on pourrait bien réconcilier tout le monde, merde ! Au cas qu’on se taperait une guerre civile, laquelle qu’on fait tout pour l’éviter en bâtissant mosquée sur mosquée, ça usine comme aurait dit je ne sais plus quel poète… D’ailleurs, c’est comme ça pour tout, c’est une question de moyenne, de statistique, la pipolitique : au lieu que les gens sont tous habillés normalement avec des habits, si tu as une pétasse à poil jambes écartées et une gentille gonzesse laïque en total burka, statistiquement c’est pareil au même, non ? Même poids de fringues par personne en moyenne… Sans compter que même les féministes trouvent tout ça tout chouette à max. Jamais le monde mondial mondialisé universel s’est autant joué sur l’image des gonzesses, d’où ma Dolorès, tu piges, Alain Potent ? Bref, j’appelle ça la laïcité positive, moi, parce que du négatif de toute façon, c’est interdit, prohibé. Y en aura pour tous les lobbies, toutes les communautés, on ajuste, on ajuste à la demande, et même qu’on te les réajuste en temps réel, les ajustements d’hier qui sont déjà dépassés. A grands coups de lois du bonheur. Pas de clopes, pas de gnôle, plus de bonbecs pour les gosses, un coup coca  amerloque sans sucre ajouté, un coup pas de cochon dans les écoles, charia sur fond de marchés financiers à l’horizon 2012. Je vais vous la faire, moi, l’Europe. Ce soir, c’est merguez à l’Elysée. Cigare ou pinard, Potent ?

    ALAIN POTENT. – Plutôt cigare, moi. C’est pas un lieu public, l’Elysée ?

    38ed4e8b53bc2f70b58e23c0e6b97de8.jpgMICKEY GRENELLE. – Ta gueule. Une petite transgression de temps en temps n’a jamais fait de mal à personne. D’ailleurs, c’est Fidel qui me les bazarde à pas cher.

    ALAIN POTENT. – Bah pourquoi pas alors.

    MICKEY GRENELLE. – Bien, Potent, bien. Allez, maintenant, allume ton machin et casse-toi, Dolorès va venir me chanter sa chanson.

  • Il n'y a personne dans les tombes, de François Taillandier...

     

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    … est le troisième des cinq romans qui composent La grande Intrigue. Après Option Paradis et Telling, nous retrouvons les cousins Louise et Nicolas, leurs aïeux et descendants. Cet ensemble romanesque est une fresque morale, au sens où elle décrit en détail et sans jugement apriorique, l’immense changement dans les mœurs survenu en France, en un siècle. Récit au demeurant bien peu balzacien dans sa forme, tant la digression – alerte et fine – y tient lieu de fil conducteur, promenant son lecteur à travers les époques et les lieux, du XIX° siècle à l’Afrique, de la Province française qui va mourir à Paris, espace urbain hygiénisé plutôt que ville.

    Un monde meurt, on le voit, et la vie grouille, anarchique, sur son cadavre. L’autorité des règles anciennes a disparu. Elles éclairaient l’homme non moins qu’elles lui donnaient une ombre… Tout à présent est davantage libre et cru, comme de partout également éclairé, et l’homme a perdu son épaisseur et son mystère.

     

    Au centre de ce troisième volume, « mise en abyme » se trouve la préface à l’œuvre en cours, la préface à La grande Intrigue. Il y est essentiellement question des Evangiles, et d’un certain tombeau, demeuré vide. Il y est question de ce que c’est que le Christianisme, et de comment il autorise notre façon, ici, très simplement, de raconter.

    Au centre de ce troisième volume, au centre aussi, donc, des cinq volumes dont deux demeurent à paraître, il est question de la Résurrection.

    Et donc, de l’Espérance.

     

    Dans ce roman, tout est simple, léger, intelligent – et noir.

    Mais la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne la peuvent point comprendre.  

     

  • Nouveaux prophètes de l'Apocalypse

    La scène se passe en France, c’est-à-dire nulle part.

     

    NICOLAS BULOT. – Faites pénitence ! Ou vous aurez l’Apocalypse ! La vraie ! Demain… Flagellez-vous, chiens mécréants ! Payez vos indulgences ! Ou bien la terre se réchauffera, ses entrailles s’ouvriront, les raz-de-marée noieront vos villes et vous serez détruits, vous, vos enfants et les enfants que vos enfants n’auront pas ! Faites pénitence ! Flagellez-vous ! Et payez ! Demandez à payer ! Soyez volontaires toujours à payer plus ! Ou c’est de votre vie que Notre Mère la Terre vous le fera payer ! Laissez-vous taxer ! Payez de bon cœur vos indulgences ! Laissez-vous tondre, ô mes petits moutons de l’Apocalypse enfin… Votez Grenelle ! Et repentez-vous ! Repentez-vous !

    (Ejaculation. Le spectateur essuie sa face.)

    NICOLAS BULOT. – Souris, connard.