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Aux abois

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Elle aimait cette solitude qui ne lui reprocherait jamais de la tromper ; c’était la répétition des mêmes échecs intimes, après tout, qui l’avait menée là, et elle tentait à présent de les transformer, par un tour de passe-passe psychologique qu’une fantaisie salope lui représentait ample geste héroïque, en victoire – pour ainsi dire, sans égards aucuns pour la logique, en choix faits a posteriori. « J’assume », se disait-elle, formule ressassée où semblait s’être retranché le dernier bastion non encore rendu à la réalité d’une idée confuse du bonheur qui lui avait été vendue – à elle non moins qu’aux autres, peut-être – un prix exorbitant, et que tranche après tranche, tronche après tronche, sa vie sans doute ne suffirait pas à payer. Que la réalité allait liquider tout cela bien vite, voilà ce qu’elle ne pouvait finalement pas envisager ; et l’éclairage jeté sur cet obscur objet dont elle attendait tout lui ferait voir peut-être que ce n’était réellement pas cela qu’elle attendait, dont il n’y avait rien à faire et plus rien désormais, donc, à attendre. Toujours est-il qu’encore elle se trouvait assez satisfaite de ce qui était advenu d’elle, qu’elle contresignait à coup de grands investissements psychiques, et dans le monde arborait avec discrétion un triomphe modeste.

Elle s’écroula un jour tout à fait et ne saura jamais pourquoi.

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