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Un conte complet

Austerlitz

 

 

J’ai trouvé ce petit conte dans un tas de papiers à jeter, au dos d’une facture d’une hôtellerie de Pratzen, datée de décembre 2005.

 

Il était en retard pour aller au travail et s’habillait calmement dans la salle de bain grand ouverte. Sa femme passa dans le couloir au moment qu’il plaçait derrière son col sa cravate. Il sentit le regard rapide de sa femme sur sa nuque, ses épaules. Mieux, il vit nettement sa nuque et ses épaules, et ses bras passant  le ruban de tissu autour de son cou, sentit même la concupiscence légère sitôt en allée que venue. Il s’étonna encore une seconde d’avoir pu voir et sentir ce que sa femme, à n’en pas douter, avait vu et senti en cet instant furtif, puis noua sans hâte sa cravate et se dépêcha de partir au travail. Ce petit don ne devait plus le quitter ; il s’avèrerait même bientôt être un vrai handicap.

 

J’imagine que j’avais bêtement conservé ce papelard pour me ressouvenir quelque jour de l’année en laquelle j’avais séjourné là. J’ai recopié les quelques lignes dérisoires qui précèdent (que j'aurais pu naïvement illustrer ici d'un tableau de Magritte) et jeté la désormais inutile facture.

– Mais, Pascal Adam, m’interrompt Cristina, la jeune femme qui parfois se coltine de déchiffrer mes pattes de mouche et de les reporter sur l’ordinateur, vous n’êtes jamais allé à Pratzen, ni en décembre 2005 ni jamais !

– Ah, oui, tiens, en effet…

 

 

 

 

 

 

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