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Deux ans

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Cette idiotie de blog a maintenant deux ans.

 

(La première année, ce blog m’a permis de ne pas écrire ; la seconde, il m’en a partiellement empêché.)

 

 

1906

 

Une phrase

 

Lorsque je l’ai lue

Cette phrase m’a immédiatement stupéfié

Elle m’a arrêté

Et laissé devant elle idiot, taclé

 

Savez-vous ce qu’a dit le Christ

Qui n’a pas fait le déplacement pour rien

(Comme à propos d’autres tacles disait Thierry Roland)

Savez-vous, disais-je, ce qu’a dit le Christ en 1906

Lorsqu’Il est apparu à celui qui sera saint Silouane l’Athonite

Eh bien Il a dit cela

Dont on ne fait pas le tour immédiatement

Et dont d’ailleurs on ne fait pas le tour ensuite non plus

Du moins me semble-t-il

Il a dit, le Christ, donc

 

Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas.

 

 

 

La question politique par excellence

 

La plus grande part de ce que nous lisons, dans la forme exacte que les auteurs lui ont donnée, est, en tant que telle, presque irrémédiablement perdue, oubliée dès que lue. Et cela même dont nous pensons nous souvenir avec exactitude est le jouet des caprices de notre mémoire ; au point que le peu de phrases que nous pensons connaître exactement fait fréquemment l’objet de déformations continuelles, dont on ne prend conscience qu’au moment de revenir au livre en question ; quelle déception parfois ! Point trop gênés, nous avons encore tendance à préférer nos involontaires corrections, qui nous semblent correspondre mieux à notre prétendue pensée, à tel point que nous finirions par reprocher à tel auteur de n’être point aussi brillant que nous-mêmes.

Ici, plutôt que de vous faire accéder aux déformations aberrantes qu’a conçues tout au long de cette année ma cervelle imbécile et chétive, je préfère revenir à l’original : 

 

Les œuvres des grands écrivains du passé sont très belles, même de l’extérieur. Et pourtant leur beauté visible est d’une laideur consommée comparée à la beauté de leurs trésors cachés qui ne se dévoilent qu’après un travail très long, jamais facile, mais toujours agréable. Ce travail toujours difficile, mais toujours agréable est, je pense, ce qu’avaient à l’esprit les philosophes lorsqu’ils soulignaient l’importance qu’ils accordaient à l’éducation. Ils sentaient que l’éducation est la seule réponse à la question éternellement pressante, à la question politique par excellence, celle de savoir comment concilier un ordre qui ne soit pas une oppression avec une liberté qui ne soit pas licence.

Leo Strauss, dernières phrases de « La persécution et l’art d’écrire » dans La persécution et l’art d’écrire (traduction d’Olivier Sedeyn).

 

 

Message personnel

 

Une autre phrase, dont je ne me souviens pas du tout de qui elle peut bien être, à tel point qu’il m’arrive sans trop de honte de me l’attribuer, et dont je ne certifierais pas même l’exactitude de l’approximatif alexandrin qu’elle délivre en passant :

 

Corneille à son sommet passe Shakespeare au sien.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

  • L'idiot est deux fois taclé, car je ne connaissais non plus cette phrase du Christ.
    Que tel ou tel auteur ne soit pas aussi brillant que nous mêmes, cela semble une évidence dans le discours dominant des sciences humaines du XXème siècle. D'ailleurs de quoi parlez-vous ? L'auteur mort est une notion périmée depuis que fut édifiée la toute puissance du lecteur vivant.
    Cela me rappelle une élève de 1ère L que j'ai eue il y a quelques années, qui avait dans un commentaire composé sur un extrait de Diderot, choisi comme projet de lecture d'expliquer en quoi Diderot écrivait mal, tant il ne respectait pas le schéma de la communication dans des phrases entortillées, des § trop longs et des figures de style qui n'étaient pas à son goût.
    Quant à l'exactitude de votre alexandrin, seul je crois un bon angliciste pourrait éclairer notre lanterne : combien de syllabes au nom du grand Will ?
    En tout cas je vous souhaite un anniversaire copieusement arrosé, et fermement enfumé...

  • Ma compréhension toute intellectuelle, ne me permet guère de saisir l'essentiel de la chose. (Ainsi votre jésus apparu à l'Athonique, ou était-ce l'a-tonique dans une crise de langueur? Me laisse comme un colin froid) C'est pourquoi je demeure un bênet, situation qui finalement me convient assez, et persiste à préferer le grand William au grand Pierre...Encore faut-il que l'on ne les défigure pas, sans pour autant les embaumer.
    Dans votre blog, c'est un peu de ça qu'il était question, non? C'est pour cela que je vous lis. Bon anniversaire!

  • Elle est bien cette idiotie de blog qui me permet d'être moins idiote. Par exemple la photo, je ne savais pas que c'était Léo Strauss.(Bonjour mon exemple!)Donc simplement bon anniv' et merci.

  • Un bilan mitigé en somme.


    (pardon je voulais absolument vous la placer celle-là, et bon anniversaire à la bête immonde du théâtre)

  • Deux ans? Il va être temps de commencer à parler...

  • Merci à vous tous.

    @ Rodrigue : Préférez le grand Will au grand Pierre. Je comprends très bien. Et pourtant, votre pseudo...

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