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Progrès en sorcellerie

 

 

– Qui voudrait brûler les livres qu’il a aimés, enfant ?

 

 

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Réfléchissant à cela que les adultes, simplement en parlant, tendent toujours à transmettre leurs valeurs et croyances à leurs enfants, je regarde un peu ce que les cochons nomment, par un oxymore terrifiant, de la littérature pour enfants.

Et…c’est extraordinaire ce que la sorcellerie y est clairement présente.

Le plus souvent, positivement. Ou bien positivement et négativement, bons sorciers contre mauvais.

Bref, deux solutions : ou bien la sorcellerie est légèrement supérieure à l’humanité normale et le jeune lecteur est alors prié de s’identifier à cette « race » supérieure délirée, ou bien elle est l’état normal de l’humanité, que rien d’autre ne divise que le manichéisme le plus primitif, le lecteur devant alors s’identifier, comme de juste, aux bons sorciers.

(Parfois, tout de même, rarement, les sorciers sont mauvais et quelques humains courageux, au nom de rien ou de leur confort, mais c’est pareil, luttent contre eux.)

C’est donc, je crois, dans ces livres débilitants conçus spécialement pour l’enfance et même, à présent, pour ce stade de dégénérescence terminale que doit devenir l’adolescence, que le symptôme éclate tout à fait, s’étale comme innocemment en pleine lumière afin de mieux passer inaperçu. Legio nomen mihi est…

 

L’état normal de cette nouvelle humanité meilleure souhaitée, en cours et à venir, semble donc être ce qui avait été, tout au long des siècles chrétiens, le mal lui-même. Ces siècles-là ne déniaient pas au mal son existence, loin de là, mais enjoignaient à l’homme d’essayer de lui échapper. Il n’y parvenait pas tellement, d’ailleurs, à moins qu’il ne faille considérer ses maigres tentatives comme un frein, dérisoire peut-être, mais un frein. Il a donc abandonné, et dans un souci de commodité et de confort sans doute, décidé de nommer bien ce vers quoi il tend naturellement ; qu’il ne lui reste plus qu’à viser en conscience. Ce qu’il nommait la chute, il le nomme à présent progrès ; ce qu’il nommait le mal, le bien.

(N'empêche, il n'est pas besoin de se demander longtemps qui doit tenir le rôle du nouveau Satan, dans cette ménagerie en chute libre.)

Et certainement est-ce au prix d’un tel renversement sémantique que, quelques décennies à peine après le génocide des juifs d’Europe et les exterminations communistes, l’humanité peut, au moins ici, en Europe occidentale, se convaincre qu’elle est sinon fondamentalement bonne, du moins sur le point de le devenir. Ce qui est tout de même extraordinairement taré.

 

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(Une autre façon de traiter le même thème.)

 

Commentaires

  • Ah avant de me coucher:
    "Bref, deux solutions : ou bien la sorcellerie est légèrement supérieure à l’humanité normale et le jeune lecteur est alors prié de s’identifier à cette « race » supérieure délirée, "

    C'est, formulée en clarté, ce que je pense de cette saleté d'Harry Potter, et que je ne me suis pas trop privé de dire - ils m'ont demandé mon avis, les inconscients - à mes drôles, avec délicatesse car ils ne sont tout de même qu'en 5ème...

    Ce qu'il y a de fascinant c'est que mon interprétation est mieux passée chez mes drôles qu'auprès des adultes à qui j'ai exposé la chose...


    PS: Cela me fait penser à certain "grimoire" dont j'aurais mieux fait de me passer... Vous me causez soucis, ce sont des soucis que j'aurais dû envisager de moi-même.

  • (cela me fait penser aux essais de Stevenson sur la moralité de la profession d'écrivain, bien sûr, et à l'adage populaire qui lui n'oublie pas que le diable est dans les détails...)

  • Ah lala ! Moi qui en étais resté au "club des cinq". Jamais lu un de ces "harry machin"; vu de loin, je sais que vous avez raison. Tanguy le laisse entendre, le pire, c'est ces profs qui le font lire dans les collèges, ces parents qui vous disent : au moins, il (elle) lit Harry Machin. Ils auront les enfants qu'ils méritent et voilà tout.

  • Binh voyons les gars, et vous voulez quoi? Rationner les mômes à grands coups de rationnel? Sans entrer dans le c'était mieux avant, on a quand même tous en tête c'est bien vrai le souci de tansmission à l'égard de nos chers poupons. Parce que le temps nous a appris à mettre de la distance dans nos lectures, il faudrait matraquer les biblis aux rayonnages à portée de menotte à grands coups d'auto-censure? Le monde décrit dans les ouvrages mettant en scène les sorciers et la magie comme alternatives supplémentaires à nos médiocrités quotidiennes ne manque pas d'étrangeté et sans doute génère-t-il des inquiétudes. Le confort n'est pas le but avoué de ces écrits, et la dualité bons mauvais n'est pas si souvent présente (je renvoie à Nathaniel Hawthorne ou à bon nombre d'écrits des Grimm).

  • Emilie je n'ai lu que le premier HP et c'est vraiment de la bonne saloperie à l'oeuvre. Vraiment. Pas simplement de la niaiserie, de la saloperie.
    Cette merde va façonner des générations entières ça me dégoûte du fond jusques aux combles.

    Il faut lire cette saleté pour s'en rendre compte. Eugénisme, ultralibéralisme, etc... tous les bas instincts de l'enfance y sont flattés. Pour moi ce n'est ni plus ni moins qu'un crime contre l'enfance, condamnée à n'être qu'elle même...

    Une de mes anciennes élèves de 2nde pensait grand mal de cette littérature d'évitement du monde. Il n'y a pas détour par le merveilleux comme dans les contes mais une vraie noyade dans le merveilleux comme auto-justifié, auto-suffisant... C'est à pleurer.

  • Il n'y aura pour la plupart pas de distianciation par rapport à ces daubes... il n'y a qu'à voir tous ceux qui vantent HP! Ils ne sortiront jamais de cette cage merveilleuse puante construite par ni plus ni moins qu'une fieffée salope. Cette "dame" sait parfaitement ce qu'elle manie et comment elle s'en sert. A seule fin de se faire les fouilles, objectif au reste parfaitement atteint.

    Le club des 5 and co n'était pas soutenu par l'entièreté des media... C'était de la niaiserie lénifiante à usage familial... On se révoltait contre elle en même temps que contre sa famille. Et tout pouvait revenir dans l'ordre. Désormais cette littérature de jeunesse est un rouage de la grande machine qui prétend être la subversion... Honnêtement à moins d'un miracle des gosses pétris par cela sont sacrifiés, ils vont mariner là-dedans un bon moment. Surtout si les professeurs se portent caution littéraire de cette ordurerie, par démagogie ou ignorance. Chose qui se produit de plus en plus...

  • @ Emilie : Oh, tu sais, je ne visais ni Hawthorne ni Grimm ni, par exemple, Marcel Aymé. Je vise une production industrielle à destination de l'enfance, qui vise seulement à divertir et jamais à élever, c'est-à-dire à imbécilliser ; encore n'imbécillisera-t-on que ceux des enfants que leurs parents feront "accéder au livre", comme dit notre époque de Précieuses ridicules;
    ce qui me rend illico préférable n'importe quelle merde de jeu vidéo, qui n'apporte rien de plus ni de moins, et a du moins l'honnêteté, fût-elle, mercantile, de ne prétendre à rien d'autre qu'au divertissement, c'est-à-dire à l'imbécillisation, j'y reviens...

  • @ Emilie : Evidemment, c'est hâtif et expédié ! Et d'ailleurs, entre les lignes, mon billet ne causait pas spécialement de cela...

  • @ Tanguy : Eh bien, mais vous êtes en pleine forme, mon vieux !

    PS : Je n'assimilie pas votre "grimoire" à ce dont cause le billet. Je vous en cause tantôt, sur un autre canal (ça fait agent secret, non ?)

  • @ Solko : De toute façon, le monde est né en 1960. Avant, c'était le mal, la brutalité, la pré-histoire. Harry Machin donnera au mieux des gens capables de trouver qu'Anna Gavalda (qui ne crache pas) et Amélie Nothomb (au moins un pied dedans) sont des génies littéraires, peut-être même des classiques.

  • C'est Harry Mescouilles qui me met dans cet état... Ca marche à tout coup. Et toute merde à quoi est livrée l'enfance par la connerie des adultes plus généralement.

    Pardon pour le grimoire je ne me sentais pas visé en propre mais concerné malgré tout. A posteriori je me demande malgré tout si c'était une bonne idée à une époque où tout est "sorcellerie"... Je pensais à toute autre chose évidemment, quelque "sorcellerie évocatoire"... Mais nous en reparlerons à la réunion du MI6.

  • FLYING NICE

    Si le spectacle est niais
    Il faut essuyer la buée
    Qui obscurcit les yeux
    De son manteau léger
    De velours pourpre

    Soudain Jimi se lève
    Et Harry le potier
    Disparaît dans les limbes

    Action funny
    But I don't know why
    'Scuse me
    While I kiss the sky

    Vois la brume
    Cherche la femme
    Ou le garçon
    Si tu t'appelles
    Taxi Girl

    Quand le spectacle est étrange
    Pas de beauté pour emmêler
    Les stroboscopies virtuelles
    Pas d'avis à donner
    Sinon un sourire
    Sur le lac de Constance

  • Mon fils trouve que mes vieux Margerin sont beaucoup plus rock n' roll qu' Eragon , ça me rassure ...

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