– Vous vous rendez compte que vous écrivez pour des gens qui n’existent pas ?
– Oui.
– C’est ce que je craignais.
– Ecrivez un roman, plutôt. Vous en lisez ?
– Trois ou quatre par ans.
– Et l’envie ne vous vient pas d’en faire ?
– Je n’ai aucune envie de rallumer ma télé. Et déguiser ma vie me désolerait.
– Forcez-vous, non ?
– C’est une tentation, savez-vous, à laquelle je m’efforce de ne pas céder.
– Vous n’aimez pas les romans ?
– Si. Pour ce qu’ils sont.
– Ah ? Et que sont-ils ?
– La forme la plus haute du journalisme, la forme la plus basse de la littérature.
– Que voulez-vous dire ?
– Ça ne se tait pas assez. Et…
– Et ?
– Se taire ne suffit sans doute pas.
–… Ne suffit pas à quoi, exactement ?