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monde - Page 2

  • Paroles...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Ils n’ont pas l’angoisse de la page blanche. Tu m’étonnes. Et pire, ils n’ont pas l’angoisse de la page pleine. Ils rêvent de faire du bruit. Que ça fasse du bruit. Dans le monde. Ce qu’ils écrivent. Car ils écrivent pour faire du bruit. Pas de la musique, non. Et le silence est mort. Et quand enfin ils font du bruit, ils font un atroce petit bruit, un grincement de dents chéri qu’ils ont rêvé d’amplifier à en strier le cosmos, un petit bruit dérisoire et strident et cumulé à tant d’autres petits bruits simultanés que simplement il participe du bruit, du bruit incessant, anonyme de la machine, du bruit que rien n’arrête, jamais, mais qu’ils avaient rêvé pourtant d’interrompre, tant ils sont habitués à ce bruit permanent qu’ils ne l’entendaient plus, qu’ils l’avaient pris pour du silence. Dont ils ont peur. A faire du bruit. Tout le temps. Du bruit. A s’en rendre sourds. A en être sourds. A ne pas le savoir. A s’en croire innocents. Petites frappes. Oui. Des petites frappes. Rêveuses.

    – Ta gueule.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Un sacré paquet de merde

     

     

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    ELLE. – Tu te trouves plus intelligent que tout le monde ?

     

    LUI. – Non, seulement plus embarrassé.

     

    ELLE. – Qu’est-ce que tu veux dire ?

     

    LUI. – Je ne suis pas très certain que ce monde s’embarrasse beaucoup de la réalité.

     

    ELLE. – Maintenant, je sais.

     

    LUI. – Tu sais quoi ?

     

    ELLE. – Pourquoi je ne te demande pas si tu m’aimes. C’est pour ne pas voir ton embarras.

     

     

    Bref, l’amour aussi est un sacré paquet de merde. Bonne année quand même.

     

     

     

     

     

  • Sens

    Il y a un moment qu’il cherche une porte de sortie. Un temps, il s’est noyé dans le travail ; son travail fut ignoré, ou il en eut l’impression.

    – Qu’est-ce que vous attendiez, au juste ?

    Il attendait un geste, un remerciement, quelque chose. S’il regarde les choses en face, il sait qu’il y eut geste, remerciement, quelque chose. Alors ? Il aurait fallu que ces gestes, remerciements, quelques choses durassent infiniment. Une gloire universelle.

    Il s’est muré. Travail nocturne, médicaments. Effondrement.

    Maintenant, pour un mot, il sort de dépression.

    Pour un mot ?

    Oui : Quelqu’un – peu importe qui – l’a appelé ; on l’a enfin demandé.

    Maintenant, donc, il sort de dépression.

    Et quoi ? Et il est bourré jusqu’à la gueule de haine. D’énergie négative condensée.

    Il retourne dans le monde. Pour le défaire.

    – Et ?

    Et rien ne lui résiste. Il plaît.

    Le monde lui sourit. Ils se ressemblent.

    Sa force à lui est illusion, sa haine vanité. S’il s’arrête un instant, il le sait. Mais repart. Ne peut ni ne veut s’empêcher de repartir.

    Il détruit le plus de gens possibles. Comment fait-il ? Il leur plaît.

    – Il ment beaucoup ?

    Presque jamais. Il n’en a plus besoin. Le monde jouit de prendre des coups et lui se fait mal d’en donner. Ils sont complémentaires. Travaillent à la même chose.

    Le monde le légitime. On parle de son travail. Dans les journaux. Sans cesse. Tous les jours. C’est ridicule. Il peut le savoir. Mais ça le tient.

    Il a besoin de sa dose de destruction. Lui-même. Le monde aussi.

    Ils sont parfaits. Ravage.

    – Parfaits ?

    Oui. C’est cela. Selon lui-même et selon le monde.

    Tout ainsi a un sens.

     

     

    J’exorcise.