Photographie : Lennihan/AP
lâcheté - Page 2
-
Tout cela n'était donc que cela
-
Le coq
-
Le déceveur
Il l’avait séduite par sa manière de ne jamais dire rien qui parût prévisible, et d’être drôle – c’est banal ; mais dès après qu’ils eurent passé une nuit ensemble, simplement par des phrases qui demandaient la réciproque, elle avait commencé de vouloir qu’il dise ce qu’elle voulait entendre. Elle asseyait son pouvoir, peut-être même tentait un placement – et ne savait rien de tout cela. Lui se trouvait – c’est ce qu’il pensait – face à cette seule alternative : s’exécuter, ou fuir – et il trouvait les deux pires. Jouer avait fait long feu. Il finit par balbutier pour lui-même je ne sais quelle nécessaire propension des femmes à faire des hommes des lâches ou des salauds ; quand ce n’est pas les deux. Et le mauvais silence lui servit de refuge. C’était un garçon qui survivait de ne jamais se reprocher rien.
-
Bonheur
Soleil. Piscine. Je suis assis là, mollets et pieds dans l’eau. Le type s’assied à côté de moi, dit :
– La lâcheté est une des conditions du bonheur, non ?
Je le regarde. Il a dans les quarante-cinq ans. Je lui réponds :
– Dans mon cas, ça ne suffit pas.
Il rit. Moi aussi, du coup.
Silence.
Il dit :
– Peut-être que c’est le bonheur alors qui est prétexte à la lâcheté.
– Oui. C’est à la lâcheté que servent nos rêves.
Il m’offre une cigarette. On fume en silence. Le soleil cogne.
Alors, on n’est pas bien, là ?