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dialogue - Page 2

  • Fragment

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Vous vous rendez compte que vous écrivez pour des gens qui n’existent pas ?

    – Oui.

    – C’est ce que je craignais.

     

     

     

    – Ecrivez un roman, plutôt. Vous en lisez ?

    – Trois ou quatre par ans.

    – Et l’envie ne vous vient pas d’en faire ?

    – Je n’ai aucune envie de rallumer ma télé. Et déguiser ma vie me désolerait.

    – Forcez-vous, non ?

    – C’est une tentation, savez-vous, à laquelle je m’efforce de ne pas céder.

     

     

     

    – Vous n’aimez pas les romans ?

    – Si. Pour ce qu’ils sont.

    – Ah ? Et que sont-ils ?

    – La forme la plus haute du journalisme, la forme la plus basse de la littérature.

    – Que voulez-vous dire ?

    – Ça ne se tait pas assez. Et…

    – Et ?

    – Se taire ne suffit sans doute pas.

    –… Ne suffit pas à quoi, exactement ?

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Le jeu des violettes (3)

    Nature morte aux 3 crânes. Cézanne.jpg

    Bien. Tout le monde s’est évidemment précipité sur les violettes, sur leur couleur. Figurez-vous que le problème n’est pas du tout celui de la couleur des violettes ; le problème – relisez bien – est plutôt de savoir ce que c’est qu’un dialogue, non ?

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Le dialogue est peut-être la forme d’écrire la mieux à même de dissimuler l’opinion de l’auteur.

    – Mais la détruit-elle pour autant ?

    – Peut-être ; si l’auteur prend soin de ne placer son opinion dans aucune de celles que ses dialogues expriment.

    – J’objecterai que plus le dialogue est long, étendu parfois même à plusieurs ouvrages, plus le nombre des opinions exprimées tend à cerner celle qui ne l’est pas.

    – Et que seul le lecteur exprime ; mais n’est-elle pas plutôt la sienne, alors ? Car quoi dit que seule une opinion n’était pas exprimée ? Ou que l’auteur en avait une – qui sait ?

    – Oui. Sans compter que l’opinion éventuelle de l’auteur, pas si fixée dans le temps peut-être, il l’aura avec plus ou moins de conscience et de volonté disséminée dans ses dialogues, et que les contradictions mêmes de ses interlocuteurs fictifs ne sont pas nécessairement les indices de cela, mais ceux de la connaissance de la nature humaine de l’auteur.

    – Il faut donc que les opinions de l’auteur n’aient aucun intérêt pour le lecteur.

    – Importe seulement, au fond, cela dont il parle.

    – Mais il parle de la couleur des violettes !

    – Merde à la fin.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (Les âneries sont ouvertes.)

  • Le jeu des violettes (2)

    Manet Le bouquet de violettes.jpg

     

    Je précise que la couleur donnée aux caractères de ce second problème est un effet de l’humeur guillerette de ma secrétaire et ne constitue en rien un indice ; quant aux fleurs de Manet, elles demeurent évidemment, si j’ose dire, hors concours.

     

    Soit le dialogue suivant, étant donné un monde imaginaire où le violet n’existe pas :

    A. – Les violettes sont jaunes.

    B. – Les violettes sont marron.

    De quelle couleur l’auteur du dialogue pense-t-il que sont les violettes ? Vous justifierez logiquement votre réponse.

     

     

     

    (Les commentaires sont fermés ; ça m’évitera de lire des âneries.)