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asensio - Page 2

  • Alina Rayée certes, mais Yannick Haenul

     

     

    Il ne peut pas y avoir d’affaire Reyes-Haenel, ou Haenel-Reyes.

    Ou plutôt : cette affaire, puisque de bonnes âmes ont décidé de la lancer sur le marché, ne peut pas être réputée une affaire littéraire.

     

     

     

    Je ne doute pas une seconde, pourtant, que Yannick Haenel ait emprunté grand nombre de thèmes à Alina Reyes, avec parfois même une étonnante proximité de « style », ou plus exactement : de rédaction.

    Mais enfin, livre ou blog, Alina Reyes avait publié, et donc rendu publics, ses écrits et donc aussi, comme elle dit, son « imaginaire ». Et que je sache, Yannick Haenel ne les lui a pas par ruse ou effraction dérobés. Pour quelle raison alors Alina Reyes se plaindrait-elle qu’ils aient marqué, influencé, inspiré un lecteur ? N’y a-t-il pas là, en soi, une sorte d’hommage – bas et laid, certes, mais enfin, qu’attendre d’autre ?

     Si un lecteur attentif lui avait écrit, après lecture de ses livres ou de son blog, que sa prose avait modifié pour lui-même sa façon de voir les oiseaux, Notre-Dame de Paris, etc., Alina Reyes se serait-elle formalisée, énervée ? Un écrivain peut-il être jaloux de ce qu’il est lu, et peut-être même très bien lu ? Je ne sais pas. Il peut, plus certainement, être jaloux du succès médiatiquement orchestré d’un livre concurrent empruntant aux siens propres un grand nombre de thèmes. C’est humain.

    Alina Reyes, d’ailleurs, après avoir initialement plutôt bien supporté le « pillage », avait commencé par se plaindre seulement d’une « omerta », laquelle n’est en réalité rien d’autre qu’une très  banale absence de couverture médiatique.

    Yannick Haenel prétend ne jamais avoir lu un livre d’Alina Reyes. Il ment peut-être. Et alors ? Il prétend bien, parce qu’il en rabâche à longueur de pages trois ou quatre mots-clés, avoir lu Heidegger, et certainement aimerait faire croire que son livre est un « application » romanesque de la philosophie du « Souabe ». La mauvaise foi peut être aussi ridicule qu’elle peut être sympathique, mais elle ne suffira de toute façon pas à faire un écrivain.

     

    Je me demande parfois, très simplement, si un très grand nombre de nos auteurs français, n’ont pas exactement le même mode de vie, les mêmes fréquentations et les mêmes asservissements, les mêmes réseaux et les mêmes choix à faire impérativement entre trois ou quatre opinions également infondées, le même périmètre de déambulation parisien, le même horizon bouché sous un ciel de plomb, en un mot : le même profil, et s’il ne faut pas tout simplement voir, quelque navrant que cela soit par ailleurs, dans cette misérable et risible affaire un de ces épisodes conflictuels que le mimétisme de la course à l’originalité nous sert en prodrome à l’effondrement total de la littérature française.  

     

    Comme je n’ai jamais rien lu d’Alina Reyes, je puis toutefois me demander si ce n’est pas du fait des emprunts énormes qu’il fait à ses livres que Cercle de Yannick Haenel est un aussi mauvais et pathétique roman. Mais la question, pour ma part, restera sans réponse.

    Je dois avouer avoir vu, il y a quelques années, une représentation prétendument théâtrale de Poupée, anale nationale ; mais je ne saurais dire quelle part exacte prenait le texte à cette grandiose imbécillité, banale et vulgaire à la fois.

    Je n’ai pas fini Cercle, dont une amie libraire m’a donné un service de presse non corrigé et que je n’aurais d’ailleurs jamais acheté. Chez un autre libraire, j’avais acheté, à l’époque de sa sortie, Evoluer parmi les avalanches, et le fait est qu’après l’avoir feuilleté au café jouxtant la boutique, j’avais convaincu, une heure plus tard, ce même excellent libraire de me l’échanger contre je ne sais plus quel autre livre, du même montant.

    Je ne lirai pas Forêt profonde.

     

    Je ne sais pas du tout qui va gagner le match, mais je le trouve nul.

     

     

    Dans le cas où je n’aurais pas dégoûté mes lecteurs de s’intéresser à cette pauvre affaire, davantage symptomatique que proprement littéraire, je propose ci-dessous quelques liens, sans aucunement prétendre à l’exhaustivité ou même à l’impartialité :

    A mains nues, le blog d’Alina Reyes.

    La page du site Bibliobs sur laquelle on peut lire la « réponse » de Yannick Haenel.

    Stalker, le blog de Juan Asensio.

    Opus XVII, le blog d’Ygor Yanka.

     

     

    Et c’est tout.

  • Lire l'illisible (Elisabeth Bart)

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    Poursuite du vent.

    Il me paraît tout à fait au-dessus de mes forces de parler du très beau texte d’Elisabeth Bart, Le Qôhéléth, livre illisible. Après tant d’évidence, de clarté, de beauté, je me sens idiot et cela ne m’est pas un problème.

    J’ai toujours beaucoup aimé L’Ecclésiaste, puisque c’est de ce livre de la Bible qu’il est question. Je puis même dire que ce livre m’a fasciné. Mais pas seulement.

    C’est un livre qui ne vous lâche pas : sa violence, les questions qu’il vous pose, tournoient, assaillent, finalement réduisent en poussière vos maigres certitudes, vos navrantes et terrestres opinions, en somme tout ce que vous êtes socialement. Tout ce que vous croyez être.

    C’est un livre qui vous ramène à rien. A ce rien que nous sommes.

    C’est un livre, aussi, qui vous ramène à Dieu. Je le sais.

    Per speculum in aenigmate.

    Mais ces pauvres phrases (les miennes, hein), outre qu’elles sont idiotes, sont également inutiles.

    Si vous voulez pouvoir lire enfin, vraiment ce bref grand livre qu’est L’Ecclésiaste, je ne puis que vous recommander la lecture du texte d’Elisabeth Bart, que vous trouverez sur le site du Stalker.

     

  • Fournitures

    Malgré l’apparence, je ne saurais recommander les livres qui suivent, pour la simple raison que je ne les ai pas encore lus. La rentrée littéraire, qui n’est pas une préoccupation réelle pour moi, pourrait bien durer l’année scolaire tout entière… et il y a fort à parier que je ne bouclerai pas le programme. Au surplus, je ne me sens pas obligé de publier en ce blog une note pour chaque livre lu, partiellement ou totalement. Voici donc une liste non exhaustive des quelques livres qui, pour l’heure, ont retenu mon attention, quoique fort diversement :

    Le Chant de la mission, de John le Carré, au Seuil. Parce que j’ai lu, cet été même, de cet auteur dont je n’avais jusque là rien lu, en guise de divertissement intelligent et dans cet ordre : La Maison Russie (1989), Une Amitié absolue (2003) ; puis la « Trilogie de Karla », à savoir : La Taupe (1974), Comme un collégien (1977) et Les Gens de Smiley (1979) ; puis L’espion qui venait du froid (1963). Faut-il ajouter que si j’avais trouvé mauvais, ou même moyens, les romans de Le Carré je n’en aurais pas lu tant ?

    L’Empire du moindre mal, de Jean-Claude Michéa, dont j’ai déjà beaucoup apprécié la finesse dans L’enseignement de l’ignorance et Impasse Adam Smith. Peut-être est-ce simplement la fatigue, mais je crois qu’il est possible de faire un lien entre Michéa et Le Carré. Sans doute tient-il à la fois de cette common decency chère à Orwell et de cet Empire du moindre mal que le Carré a défendu contre le communisme soviétique, mais non pas aveuglément, et auquel désormais il botte très allégrement le train adipeux. Je note encore que le titre de Michéa ne peut pas ne pas être – de quelle façon précisément, je ne sais, n’ayant pas lu le livre – un hommage au regretté Philippe Muray.

    La Littérature à contre-nuit, de Juan Asensio, chez Sulliver. Le blog de Juan Asensio est l’un des seuls que je fréquente, et je veux effectivement dire par là que je le visite fréquemment (n’en est-on pas venu, lorsqu’on emploie les mots dans le sens qui est précisément le leur, à se sentir redevable de le préciser à un lecteur que l’on suppose, à tort ou à raison, pressé, distrait ou peut-être même, pour reprendre l’expression de Péguy, alphabète ?). Juan Asensio a ses obsessions, dont certaines sont tout à fait déplorables. Je vise ici celle, par exemple, qui consiste à talocher verbalement quoiqu’à tour de bras l’insignifiant Assouline, et à continuer encore et encore, bien après l’épuisement des derniers effets du comique de répétition. Quant à la littérature, je trouve fondées ses exigences, sa vindicte et ses apologies, et si je suis assez éloigné de partager tous ses goûts (Abellio, malgré son brillant style en trompe-couillons, ne trouve de place dans mon anti-panthéon littéraire qu’en tant que le plus manifestement doué des préfaciers d’Elisabeth Teissier), je prends connaissance de ses « papiers virtuels » avec grande attention. Lesquels m’ont faire lire, entre autres, Nicolas Gomez Davila et Juan Donoso Cortès. Ce n’est pas peu. – Pour le reste et pour finir, je trouve Asensio effectivement très doux.

    Il n’y a personne dans les tombes, de François Taillandier, chez Stock. Le troisième volume, après Option Paradis et Telling, de « La grande intrigue ». Dois-je préciser, là encore, que si je ne trouvais pas d’intérêt à cette lecture, je n’en parlerais pas ici ?

    Artefact, de Maurice G. Dantec, chez Albin Michel. Le seul des livres cités ici dont j’ai effectivement fait l’acquisition, quoique je ne l’aie pas encore commencé. J’ai lu tous les livres précédemment publiés de Dantec et, malgré certaines déceptions – la fin de Villa Vortex, par exemple, ou tel et tel passage de Cosmos Incorporated – et divergences d’opinions – mais il faut tenir les opinions pour rien, et les ramener à leur fond d’hérésie – je continue de le lire avec joie. Oui, avec joie.

    Voilà pour la littérature.

    Je m’étais promis de rédiger cette note en dix minutes et de simplement citer titres, auteurs et éditeurs, et voilà plus d’une demi-heure que je tapote à deux doigts mon clavier. Je lirai certainement encore, pour ma gouverne, un petit livre sur la situation actuelle en Irak : Le Chaos irakien (dix clés pour comprendre) de Fanny Lafourcade, aux éditions La Découverte.

    Pour l’heure, m’attendent le De grammatico de saint Anselme de Cantorbéry, et mon lit.