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C'est le printemps...

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I. GLAS

 

Je reviendrai demain

Je ne cèderai pas

La tombe est fraîche encore

Ainsi se parlait-il. Un rayon de soleil, un verre de vin auraient raison de tout – rengaine !

 

Aurélien Chevenoz, Foudres

 

 

 

II. PROMENADE

 

que ce serait une promenade on nous disait 

alors je suis parti 

et un temps oui ça a été une promenade 

un printemps de balades 

et puis de loin en loin un antique corbeau semblait veiller sur nous 

il nous parlait sans doute et nous n’entendions rien 

le chemin était large le ciel s’est couvert peu à peu 

tu as touché mon bras camarade et peut-être était-ce prévenant et moi je t’ai jeté dans le fossé et passé mon chemin 

j’entends encore se rompre les os de mon papa 

le chemin se perdait la nature est sauvage 

et s’approche l’orage le corbeau parlait net 

tout sera plus obscur et plus dense je ne renonce pas je marche et je me blesse aux branches le sang ne m’effraie pas 

j’ai pris un bâton et une pierre un bâton pour marcher une pierre pour tuer 

je suis entré dans la forêt elle était une nuit 

j’étais agile impitoyable et bon et je me nourrissais de petits animaux 

on est vraiment chez soi dans ce cœur des violences 

tu crois vraiment que tu peux commencer ainsi tes mémoires que tu vois dans le froid et le noir 

j’avais des choses à me prouver me prenais pour un monde et trichais avec tout en posant au modeste sur les parterres du vide 

j’entrerai dans le cirque électrique la dense nuit des villes 

le sang de mon frère sur les mains j’aurai tant de pouvoir 

il est si bon d’user du masque humain 

j’entrerai dans le cirque électrique où les dieux sont en vente je contreferai tout circonviendrai le reste 

et le corbeau disait tu connais le secret et il croyait mentir triste animal de mort 

et je dis à mon fils c’est une promenade sais-tu rien qu’une promenade 

et le secret ne sert à rien marchons 

 

André Pardot, Mémoires

 

 

 

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