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Ubu auteur

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Statue d'Ubu à Laval



Tout est dit et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes.

La Bruyère

 

 

PERE UBU, plus outre que jamais, accompagnant sa parole d’un long pet. – Maintenant, ça y est, c’est décidé, je sais ! La littérature qui prend pour objet la littérature est la seule littérature et il n’y a rien de plus pire que de raconter des histoires ! Ah ah ! C’est qu’il y en a, là-dedans ! Je vais vous en torcher, moi, des machins qu’on n’y comprend goutte ! Et plus vite que ça encore !

MERE UBU, s’accrochant à son mari et prête à lui rendre sur la gueule. – Pour sûr qu’il y en a, de la merdre, là-dedans, Père Ubu ! C’est dégueulasse, ton nombril vient encore de gonfler ! Et ce que tu pues, que c’en est une infection ! Si au surplus tu crois que c’est ainsi que tu vas faire bouillir ma marmite ! Ça va encore n’intéresser personne, tes calembredaines à la poétasserie !

PERE UBU, pétant une sorte de Marseillaise foirée. – Cornegidouille ! Tu as raison, Mère Ubu. J’y songe tout à trac, que j’écris parce que je ne sais vraiment pas quoi foutir de ma personne. Regarde bien comment que je te change ça : La littérature qui prend pour objet la littérature est une immonde sous-merdre !

MERE UBU, après un temps de réflexion. – Mais, pauvre pitre, ta phrase vient de tomber sous les coups de ta phrase ! Ah, mon pauvre ami, tu n’as décidément pas plus de cervelle que de choses !

PERE UBU, soudain en colère. – Et merdre ! Je ne suis pas plus con qu’un autre et je me sens très en verve à écrire de fort jolies histoires bien cruches avec un poil de cul émotionnel dedans pour épater par la bourgeresse ! Ah, ça va lui reluire au maujoint !

MERE UBU, lui balançant un bon coup de casserole dans les choses. – Tu ferais bien mieux de nous gagner un peu de phynance avec ta littérature à la cruche si tu veux pouvoir t’envoyer de la bourgeresse épatée ! Je te conseille de m’en faire une bonne machine à décerveler, de tes écrivailleries, moi !

PERE UBU, se les tenant. – Mais c’est qu’elle m’a démoli les choses, la salope ! J’ai vraiment la maudissure chevillée à l’engin ! N’empêche que tout ça se mord la queue ! Et que je ne sais plus dans quelles conneries de littérature m’embarquer ! Je crois plutôt que je vais dire du mal de tous les ceux qui fabriquent des livres ! S’ils y arrivent si facilement, c’est qu’ils sont tous vendus !

MERE UBU. – Eh bien, tant pis pour ta fiole ! Ta panse éclatera par le nombril, toute ta merdre sourdra d’un coup et ça fera toujours de l’engrais pour les cons de poètes qui nous raclent la pompe à phynance !

PERE UBU. – Et merdre ! Tu me les haches menues, la mère ! Je veux juste faire qu’est-ce que je veux, on n’est quand même pas pour des nèfles devenus esclaves dans un pays libre ! A moi !

Il s’enfuit, poursuivi par sa femme.

 

 

 

 

 

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