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Archiloque de Paros

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Les jours de doute, lire Archiloque.

L’homme de la poésie lyrique.

J’y reviens toujours. De loin en loin.

 

 

Par exemple, dans les vers élégiaques :

 

Glaucos, tiens un mercenaire pour ami, aussi longtemps qu’il se bat.

Fragment 6

 

De ma lance dépend ma ration de pain d’orge, de ma lance mon vin d’Ismaros, et je le bois, appuyé sur ma lance.

Fragment 7

 

Et je suis tout ensemble serviteur du puissant Enyale et, dans le charmant privilège des Muses, passé maître.

Fragment 8 [1]

 

 

Dans les trimètres :

 

Je ne me soucie pas de Gygès et de ses trésors. L’envie n’a jamais habité mon cœur et je n’ai point de colère contre l’ordre établi par les dieux. Je ne souhaite pas l’altière puissance d’un tyran. Tout cela est bien loin de mes yeux.

Fragment 15

 

Cœur, mon cœur, confondu de peines sans remèdes, reprends-toi. Résiste à tes ennemis : oppose-leur une poitrine contraire. Ne bronche pas au piège des méchants. Vainqueur, n’exulte pas avec éclat ; vaincu, ne gémis pas prostré dans ta raison. Savoure tes succès, plains-toi de tes revers, mais sans excès. Apprends le rythme qui règle la vie des humains.

Fragment 118

 

 

Mais il semble bien que de cette sagesse et de cette modération, la vie pour ce combattant courageux prévalant sur la mort glorieuse, le poète Archiloque n’ait pas toujours été capable, et même de moins en moins…

Pour exemple, dans les épodes ces fragments 236 à 248, regroupés pour avoir par la suite et par deux fois inspirés Horace, et concernant la femme qu’il avait aimée et n’avait pu épouser :

 

… une tumeur à la croisée des cuisses…

< Si tu avais quelque pudeur >, tu ne t’inonderais pas de parfums, vieille comme tu es.

< Jadis > tu te gobergeais d’anguilles aveugles.

Mais elle fléchit, la raideur du membre.

… pute obèse…

… fille publique…

… catin…

< C’était au temps où > Poséidon le Cavalier avait épargné cinquante de nos hommes.

< au temps où je parcourais > les ravins rocailleux de nos monts : j’avais l’ardeur de la jeunesse.

Si violent était le désir d’amour qui en mon cœur menait sa houle, déversant sur mes yeux un brouillard opaque et hors de moi-même ravissant la fraîcheur de mes sens.

< Mais le membre > s’est effondré.

Les verges mollissent.

< Toi >, baisequeue !

 

 

Tout cela est bien moins vieux que bien des cliquetis de que dalle qui se bricolent sous mes fenêtres.

Voilà pour ces quelques fragments d’Archiloque de Paros (712-664 avant Jésus-Christ), inventeur supposé du vers ïambique et partant, de la poésie lyrique ; je les sors de ma bonne vieille édition des Belles Lettres, texte établi par François Lasserre, traduit et commenté par André Bonnard.

 


 [1] Enyale est Arès, dieu de la Guerre.

 

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