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Du clown occidental (conférence hilare)

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C’était amusant finalement, tout cela !

Et le bonhomme se trouvait exactement où il avait voulu se trouver, au centre de catastrophes passées auxquelles il avait grandement travaillé sans jamais vouloir pourtant les voir venir vraiment, sans croire plutôt que son petit travail de petit homme pourrait vraiment porter sur la réalité ; et à la fin, il jugeait un peu à la hâte, dans une espèce de rire qu’il conservait par devers lui, qu’il pouvait mesurer sa puissance à ce quantum d’emmerdes qui lui pleuvaient à présent sur la gueule.

Ah, on aurait voulu soi-même se passer par la fenêtre qu’on n’aurait pas fait mieux ! Plus insouciant stupide et plus certain de ses acquêts ! Plus jmenfoutiste et apprenti-sorcier à la fois, un vrai jeune con blanchi par des années de que dalle ! Plus mieux-payé en retour que par une totale absence de retour, ma foi, à un point que c’en était à la finale, du point de vue d’un observateur impartial, à se tenir les côtes de rire pour les empêcher de se détacher et partir en vadrouille !

Il se tenait à la lisière de la plainte, et cela demeurait un jeu encore ! Il cherchait le moment où l’œil de son interlocuteur trahirait que ce dernier s’apprête à le plaindre, pour l’en dissuader d’une grande déclaration positive, comme si, quelque emmerde vraiment qu’il ait, il se situait non seulement au-dessus mais aussi par-delà, comme s’il se trouvait déjà assuré d’un temps autre, à venir mais certain, que par un tour incompréhensible au commun des mortels il habiterait déjà.

Ah, mais, aussi ! il s’en était envoyé à lui-même des coups tordus et ils avaient pour lui parvenir pris des trajectoires bien improbables, et voilà que des relais imprévus les lui ramenaient à présent qu’il les avait complètement oubliés. Comme ce mensonge énorme il y a tant d’années, menti seulement pour plaire, et qui venait d’un coup de retraverser tout l’espace pour se ficher en lui, en lui tout à coup laissé seulement à la surprise, en lui seulement cri de surprise ! Et cette espèce de joie, à cette surprise, mêlée d’un peu de douleur aussi, tout de même. Comme s’il était découvert enfin ! Et comme si cette perfection balistique même l’émouvait au plus profond. On allait, merde, tout de même pas se battre !

Ah, il en avait dit des salades, un vrai remugle ! Un empoisonnement d’air à présent, qu’il lui avait pourtant semblé distiller petit à petit dans l’atmosphère, dans le long cours du temps, en espérant vaguement que ça passerait inaperçu tout à fait, ou mieux, qu’il ne serait plus de ce monde quand les conséquences viendraient à dégringoler en cascades, après moi le déluge ! Et sur ces mensonges initiaux, combien d’autres il avait dû en empiler, comme un tour très haute faite par un enfant et montée cube après cube, chacun sur le précédent, avec des mains encore imprécises. Et tout à coup, le prétentieux crétin avec sa babel idiote, qui déjà se prend pour un type parvenu et pavane partout ses splendeurs architectes, voit tout dégringoler sous ses yeux, baradabrom cling.

Et qu’est-ce qu’il fait, l’enfant ? Il rit. Après un petit temps de stupeur, de sidération. Il rit !

Et même il prend un dernier cube et le fiche par la fenêtre ouverte tout en se gondolant sur le parquet ! Et puis tout le jeu bientôt dans un rire qui fiche le camp dehors ! Et alors ? Bordel, mais qu’est-ce que ça peut foutre ? Hein, qu’est-ce que ça peut foutre aussi, ça ? Et ça aussi, nom de dieu ! Et tout petit à petit qui passe par la fenêtre ! C’est quand même pas pour rien qu’elle est ouverte, la fenêtre !

Et lui aussi ? Eh bien oui, lui aussi ! Bien sûr qu’il se passe avec tout le fourniment par la fenêtre, le roi, la reine, les cavaliers, les tours, les cavaliers et les pisseurs et les pisseuses, tout le fourniment et même les fous, sinon ce ne serait pas juste ! Et il rit, il rit beaucoup trop et peut-être que les gens dans leur coin, en levant un sourcil, commencent à grimacer un peu et au fond commencent à se demander quoi. Qu’est-ce que c’est que ce guignol et qu’est-ce qu’il est en train de faire ? Il est en train de se passer par la fenêtre ! Et les gens n’y croient pas encore vraiment qu’il y est passé tout entier ! Tout entier !

Il faut tout de même se passer par la fenêtre une fois de temps en temps, par jeu, parce que c’est drôle, parce qu’une fenêtre, ça ne va pas tout seulement servir à regarder le temps qu’il fait avant de s’en aller au boulot ! Non, allez, petit, passe tout dehors ! Tu comprends, tu as été tellement gâté, tu as tellement toujours eu tout ce que tu voulais que tu n’en voulais déjà plus dès que le tout d’un seul trait t’arrivait comme un dû qui ne t’aurait jamais fait cette chance extraordinaire de manquer ! Allez, petit, déjà vieux clown, prends conscience en un éclair de ta pourriture intrinsèque qui fait crever le monde de rire, et passe tout dehors, tous tes avoirs, tous ces avoirs auxquels tu t’es toi-même si bien rogné !

Et toi avec ! Dans la foulée ! Oh, bien sûr, c’est une fenêtre tout à fait métaphorique, on n’a pas de ces courages dans la réalité et si on les avait qu’on ne viendrait pas vous les chanter comme ça, avec une bonhomie joviale, juste pour rigoler !

Juste une fois encore pour voir les têtes qu’on peut donner aux autres quand tout à coup on fait quelque chose qui sort du cadre ! Parce que c’est ça, qui le retient de tout et l’abandonne à des seuils qu’au fond il ne quitte guère. Ah, il est très préoccupé de la tête des autres ! Oh pas de la leur en tant que la leur ! La leur en tant qu’il la leur fait, la leur en tant qu’il leur donne telles forme et consistance que personne n’avait jamais vues.

Ça, oui, ah, c’était quelque chose.

La tête des autres. Il y en aurait, des pantomimes à faire, si par bonheur on en faisait encore !

C’est ça qui le retient. Il aime bien la tête des autres, oh pas à tous les instants de la vie, d’ailleurs, mais telle tête de telle personne, surgie tout à coup, là, une tête qu’on ne savait pas qu’elle avait et qu’elle-même ignore absolument. Et nom de dieu, cette tête des autres tout à fait neuve d’un coup, cette tête qu’ils ne savent pas avoir ni pouvoir avoir, et qui démolit en un instant tout ce travail qu’ils font pour avoir une tête bien à eux, leur tête d’eux-mêmes reconnaissable comme un panneau de sens interdit, de voie sans issue, ou au contraire d’entrée sur l’autoroute, et bien voilà que leur tête à tout moment peut voler en éclats, et que c’est parce qu’il aime ça, au fond, qu’il ne se passe pas par une autre fenêtre que celle, métaphorique un peu, si vous voulez, que j’ai dite tout à l’heure.

Et vous savez ce qu’il s’est passé, un jour ? Un jour, il en a eu marre de cette fenêtre qui béait comme ça sans raison sur le vide, parce qu’on ne peut pas toujours le trouver rigolo, le vide, même quand on aurait des dispositions à ça, un jour donc il en a eu marre de la fenêtre et il s’est dit qu’il allait lui y foutre un rideau sur la gueule, alors il a acheté un rideau tout bête et il a fixé une tringle au-dessus de la fenêtre et puis, en montant sur son escabeau pour attacher le rideau à la tringle, il s’est pris les pieds dans le rideau, il a trébuché dans la quatrième marche de l’escabeau et il s’est cassé la gueule à travers la fenêtre dans un bruit de bris de verre puis d’os à calancher un cardiaque ! Tout le monde rigolait, vous pensez ! Ah, c’était bien son tour d’avoir une tête qu’on ne lui avait jamais vue, jointée à l’hémoglobine avec un œil dans son oreille !

Comme quoi on ne peut pas être indéfiniment con, non plus !

Rideau !

 

 

 

 

 

 

 

 

( – Mettez vos cartes à jour, Pascal Adam ! Et qu’est-ce que c’est encore que ce conte politique idiot ? Un autoportrait trafiqué ? IDIOT !)

 

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