Le théâtre, célébration religieuse que sa propre licence a commué en exercice politique tiré à blanc, – et précisément parce qu’à l’intersection de la religion et de la politique son champ d’expérimentation porte exclusivement sur la loi, les effets de celle-ci sur les hommes et des hommes sur celle-ci – ne peut évidemment s’épanouir que sous les plus strictes surveillances et censures des pouvoirs en place, lesquels chercheront toujours, en retour de leur autorisation, à le faire tourner insignifiance ou propagande, si pas les deux ; c’est dire aussi que les conditions paradoxales, presque aporétiques, de son épanouissement n’ont pratiquement aucun rapport avec la quantité de manifestations autorisées ni avec le degré de reconnaissance intrasystémique auquel ces dernières peuvent parvenir, puisque les grandes œuvres devront accepter ou bien de ne pas paraître en public, ou bien de paraître en public pour autre chose que ce qu’elles sont vraiment, ce qui n’est dans les deux cas possible qu’à supposer un poème dramatique capable de survivre à la censure ou à la soumission, et des lecteurs capables dans le temps de passer outre aux réputations diverses que leur auront portées l’interdiction ou le succès.