Est-ce que, quand tu écris une phrase, il faut comprendre le contraire ?
Oui, aussi. Et ne pas juger.
Je vais bien, je me repose, je vous emmerde tous, adieu.
(Quelle espèce d’homme es-tu donc ?
C’est ce que je commence à me demander.)
Non, attendez, je plaisante.
La différence, s’il te plaît, entre une phrase où tu plaisantes et une où tu ne plaisantes pas ?
Aucune. Ou le moment.
Et comment sait-on dans quel moment tu es ?
On ne sait pas.
Restez, restez, je vous aime, je n’ai rien à foutre de rien ni de vous.
Tu annules toujours tout ?
J’essaie de faire silence.
Mais ça cause quand même sans cesse.
Mais ça cause quand même sans cesse.
Où il y a accord, il y a ironie supérieure. Poursuivons.
Tu improvises, là ?
Ça révèle, oui.
Détruire et diviser ?
J’aime. Et fondre tout cela.
Fondre en quoi ?
C’est ça, la question. Le lieu du doute.
Mais tu doutes, toi ?
Très peu. Toujours pour des foutaises.
En quoi crois-tu ?
En rien.
En rien de ce monde.
Tu vois un autre monde auquel croire ?
Non.
Alors ?
Alors rien.
Ni ce monde-là ni un autre.
Nihilisme ?
La question se pose.
Pas de plus grande faucuterie que de ne pas se la poser. Peut-être même faut-il répondre : Oui. Mais répondre Oui pour que Non.
La réponse, maintenant. La tienne.
Je la réserve. Pour autant que je la tienne.
Tu te défiles ?
Non.
Si pas le néant, quoi ?
Dieu.
Alors, réponds : Nihilisme ?
Peut-être. Ou juste le néant.
Dieu ou le néant ?
Oui.
Dieu et le néant.
La peur ?
Oui.
La peur de mourir ?
Sans doute. Mais pas d’abord. Je suis trop jeune encore…
Alors quoi ?
Mais tu m’emmerdes, dégage, connard.
Dieu et le néant. Ensemble. L’un par l’autre.
*
C’était mon autoportrait métaphysique improvisé du 20 février 2011 ; il ne m’a rien apporté et il serait bon qu’il ne vous apporte rien non plus.