C’était un journal très étrange. Quoique ses phrases fussent simples, on n’y lisait presque aucun évènement. Peut-être le journal servait-il à les défaire, ou du moins à défaire l’illusion qu’ils étaient ? La réponse est incertaine. L’auteur, qui admettait sans peine, lorsqu’on l’interrogeait, avoir oublié quoi avait bien pu tel jour, telle année lui inspirer telle phrase, tel passage complet, n’aurait sans doute pas admis qu’il écrivait pour oublier ; il aurait, d’une pirouette sans conséquence, parlé de saisir l’oubli. Ce qui, vraiment, n’aurait pas été sérieux. Du coup, cette entière hypothèse demande si elle doit être conservée, implore évidemment de l’être – ce qui ne prouve rien pour ni contre.
– Vous n’avez pas pu faire plus simple ?
– Non. Pas ce soir.
– Un évènement à faire passer aux oubliettes ?
– Je ne crois pas, non.
Mais bon.