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Imbécile

Daumier Don Quichotte.jpg

 

Dans un texte inachevé ou du moins laissé en suspens – commencé en 2002 et abandonné en 2007 – un personnage tenait ces pompeux propos, avec lesquels je ne suis pas bien certain, d’ailleurs, d’être en accord :

Je peux bien avouer ici m’être longtemps blessé à ma propre ironie ; et même m’y être finalement perdu. Mais c’est justement de cette perte-là, Dieu sait comment, que je me suis retrouvé en quelque sorte expert dans le maniement de cette arme, pur tranchant. Ne pas voir là, et à l’œuvre, une grande et salutaire logique serait assez ignoble, je trouve. – C’est seulement dans un premier moment de méchanceté puérile, et certes incontournable, que l’ironie dit une chose pour faire entendre son contraire ; mais elle devient, pourvu qu’on survive à cette expression de notre imbécile petitesse, et du fait peut-être aussi de la changeante façon dans son cours dont on perçoit le temps, le seul moyen véritable de dire à la fois précisément le contraire de ce qu’on dit en effet, et non moins précisément et intensément, ce qu’on dit. De sorte qu’à son plérôme l’ironie a cessé de banalement jouer un versant du langage contre l’autre, mais, devenue leur tranchant, fait également consister ces deux versants de la parole, renvoyant dos à dos, de la même façon violente et précise, le cynisme et la naïveté, etc.

Commentaires

  • "C’est seulement dans un premier moment de méchanceté puérile, et certes incontournable, que l’ironie dit une chose pour faire entendre son contraire ;"
    C'est ce que je perçois de vous, mais on s'en fout. Beau texte.
    Y a-t-il eu une suite (etc)?

  • 1. Oh, mais c'est ironique, ça. C'est bien.
    2. Merci.
    3. Une suite ? Oui et non. Pas lisible, en tout cas.

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