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Tolkien

  • Je singe (fiction spéculative)

    « Le libre-arbitre consiste en ce que nous ne pouvons connaître maintenant les actions futures. » Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus (traduction française de Gilles-Gaston Granger)

     

    Je n’ai pas un goût prononcé pour la science-fiction.

    Certaines œuvres pourtant, livres ou films, me plaisent beaucoup ; nonobstant quoi je conserve à l’égard de ce genre une réticence profonde, capable de parfois carrément virer à répugnance.

    Peu importe, après tout.

     

    Je dois noter que le sous-genre – quel rangement de bureaucrate, ou de magasinier, selon les options et folies – parfois nommé speculative fiction est celui, de loin, qui m’intéresse le plus (en attendant leur hypothétique advenue dans la réalité, les bastons d’empires cosmonautiques m’emmerdent…) : James Graham Ballard, par exemple. Ou George Orwell.

     

    Je dois également avouer être un garçon prosaïque, presque exclusivement intéressé par la réalité : rien ne m’intéresse autant que les rapports spéculaires, mimétiques qu’entretient avec son époque la littérature.

    La science-fiction m’apparaît donc, très souvent, comme le lieu où la métaphysique, le manichéisme ou l’eschatologie s’affranchissent facilement de la réalité – puis-je dire qu’ils s’en excipent ?  –, en quelque sorte et littéralement : s’en décomplexent, se réduisent à outrance.

    Avec son réalisme forcené, finalement, Madame Bovary me pose davantage de questions métaphysiques, manichéennes ou eschatologiques que, pour prendre un exemple qui ne soit pas ridicule, Le Seigneur des anneaux. (Néanmoins, la succession des romans de Flaubert, leur réalisme, pose la question de savoir ce qu’est exactement La Tentation de saint Antoine…)

    En somme, je préfère au mythe le roman.

     

    J’approche donc ce genre : la science-fiction, ce sous-genre : la speculative fiction (que l’on pourrait tout de même faire l’effort minime de traduire, non ?) en le mimant, non pas très sérieusement mais ironiquement, et en le réduisant à outrance (je n’ai tout de même pas que ça à faire).

    Je singe.

    Et voilà ce que ça donne, par exemple :

     

    Les imbéciles (1980 et sqq) formèrent des crétins.

    Les crétins (2000 et sqq) forment des abrutis.

    Les abrutis (2020 et sqq) formeront des animaux.

    Les animaux (sans date) se reproduiront (peut-être).

     

    Avoir tort ou raison, évidemment, ne m’intéresse pas.

    En revanche, se demander à quel moment, bien avant que je cesse de l’employer, l’emploi (justement) du verbe former est devenu impropre ; se demander s’il n’a pas été, même, chaque fois improprement employé, est un problème passionnant.

     

    Je suis un garçon qui s’intéresse à la réalité ; j’ai des problèmes de vocabulaire.