Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Surya

  • De quoi Sarkozy est-il le nom ? d'Alain Badiou

    296399309c94eb0b84df53f81240f5c8.jpg

     

    Je n’ai pas lu et ne lirai évidemment pas le dernier ramassis d’Alain Badiou.

     

    1. La bonne réponse

    Quant à la question posée : De quoi Sarkozy est-il le nom ? la réponse est (je vous le dis tout de suite pour que vous n’ayez pas l’idée une seconde de vous procurer ce fleuron de la pensée cacochyme) : Sarkozy est le nom du pétainisme transcendantal.

    Du pétainisme transcendantal ! vous avez bien lu.

    Ce qui, en soi, bien sûr, ne veut rien dire.

    Il ne peut pas ne pas le savoir, ça, Badiou.

    Mais quand même, transcendantal, ça fait vachement philosophique.

    Et le philosophique, merde, ça ne se contredit pas comme ça.

    Il faut de sacrés diplômes.

    Et justement, ça tombe bien, c’est Badiou qui les fourgue.

    Pas tous, bien sûr. Seulement les bons.

    (Je ne parle pas de philosophie ici, je parle bien de philosophique. Badiou est quelqu’un qui fait du philosophique, exactement comme Michel Onfray ou Tariq Ramadan.)

    Le pétainisme transcendantal, néanmoins, ça ne veut rien dire.

    Sinon qu’Alain Badiou, du haut de ses chaires, autorise ses affidés à assimiler systématiquement, quoi que par ailleurs il arrive, Sarkozy au pétainisme.

    Ils ne se gêneront pas, d’ailleurs.

    Quitte à se débarrasser vite fait du « transcendantal ».

    Lequel n’est d’ailleurs là que pour ça.

    Sarkozy, c’est Pétain quoi, merde.

    Ça, au moins, c’est de la philo.

     

    2. A qui s’adresse réellement Badiou ?

    Ce qui est formidable, tout de même, c’est que Badiou lui-même, sans bien le savoir cette fois, argumente contre son propre livre.

    Dans un chapitre où il avance huit points pour convaincre son lecteur de je-ne-sais-trop-quoi (n’ayant pas lu cette pelote de déjection), il pose (je cite de mémoire) qu’un journal publié par de riches managers n’a pas à être lu par des gens qui ne sont ni riches ni managers – ce qui revient peu ou prou à exiger qu’on ne lise rien du tout, qu’on ne regarde rien du tout, etc. ou alors seulement Badiou.

    Mais c’est là que notre philosopheur s’emmêle quelque peu les pinceaux…

    Parce qu’il faut alors, pour être aussi badiousien qu’un crétin surdiplômé, admettre avec et contre l’auteur qu’un livre publié par un éditeur parisien d’extrême-gauche n’a pas à être lu par des gens qui ne sont ni éditeurs ni parisiens ni d’extrême-gauche…

    Le bouquin de Badiou, même, en droit (je dis : en droit pour rigoler), ne devrait être lu au fond que par Michel Surya.

    Ce serait bien suffisant.

     

    3. Zoon politikon

    Badiou cite également Sartre : « Tout anticommuniste est un chien. »

    C’est une phrase magnifique, évidemment.

    Un chien, je ne sais pas si vous vous en rendez bien compte, n’est pas un être humain.

    Oui, un chien n’est pas un être humain.

    Il faut partir des choses simples.

    Ça ne parle pas, un chien.

    Donc, ça n’a pas son mot à dire.

    Pour ainsi dire : par définition.

    Ça ne devrait donc pas pouvoir parler, en tout cas.

    (Les chiens ont des prétentions démesurées, de nos jours.)

    Et si ça parle quand même, il faut y remédier.

    Mais surtout…

    Cela s’abat, un chien.

    D’où l’expression.

    Abattu comme un chien.

    Cela s’abat, un chien.

    Qui veut tuer son chien l’accuse d’anticommunisme.

    C’est la sagesse même.

    La sagesse populaire.

    Cela s’est déjà vu, d’ailleurs.

    Mais il y a mieux, bien sûr.

    Mais il y a plus pratique.

    On ne dénombre pas les chiens abattus.

    Personne n’a jamais eu l’idée de dénombrer les chiens abattus ou enfermés au vingtième siècle, par exemple.

    Un chien, cela appartient à son maître.

    Et son maître a sur lui droit de vie et de mort.

    Si vous ne comprenez pas ça, c’est que vous êtes définitivement bouché à la dialectique badousienne.

    A la dialectique, quoi. La vraie.

    (C’est que vous n’êtes pas Michel Surya, bien sûr.

    Et c’est certainement regrettable.)

     

    4. Conclusion

    Badiou est professeur de philosophie (sic) dans quelques institutions nationales naguère prestigieuses. On a les fonctionnaires de la République qu’on peut. Je veux dire : On a les fonctionnaires qu’on peut. Et aussi : On a la République qu’on peut.

     

     

     

    PS : Dans Le Perroquet du 11 novembre 1981, Badiou s’était avisé de flatter Guy Debord ; ce dernier ne lui aura répondu qu’en citant in extenso son article dans l’opuscule Ordures et décombres déballés à la sortie du film In girum imus nocte et consumimur igni par différentes sources autorisées. Debord avait en somme remis Badiou à sa place ; il ne l’a pas quittée.

     

  • Fabula rasa

     

    Trois livres que je n’ai pas lus, et que je ne lirai pas.

     

    D’abord, d’un nommé Jean-Michel Leterrier, Pour une culture citoyenne ! que je mentionne ici parce qu’il fait si pauvrement écho à mon beau titre : Pour une Culutre citoyenne ! Livre dont il n’est pas compliqué de deviner qu’il défend exactement tout ce que j’attaque ; c’est-à-dire : l’indifférenciation culturelle (voir ici).

     

    Ensuite, le livre de Michel Surya, Portait de l’intermittent du spectacle en supplétif de la domination, qui, sur cette réalité dès longtemps avérée, enfile en un joli collier tranchant ses jolies thèses post-situ. Je précise que j’ai failli faire l’acquisition du bouquin, en dépit de son prix ; mais que j’ai été retenu par la crainte de perdre mon temps à lire un livre qui ne pense aucune issue par l’art, et sous-entend même que rien, hors bien sûr l’œuvre de son auteur, ne peut au fond plus rien dire. Toujours la même scie post-situ, donc…

     

    Et pour finir, au sommet de l’imbécillité, Aristote ou le vampire du théâtre occidental, de Florence Dupont. La charge coutumière contre Aristote, accusé d’avoir dès le berceau fossoyé à la littérature le théâtre, se double ici – d’après le quatrième de couverture – d’une défense des bouffons et de vœux pour leur retour (comme s’ils n’étaient pas déjà partout). Je ne saurais néanmoins, quoique je pense exactement le contraire de l’auteur, celer que je souhaite la même chose que lui : l’agonie du théâtre a bien assez duré, il est temps d’en finir avec cette forme débile de spectacle – cela lui permettra peut-être, si quelques écrivains courageux s’y mettent, de devenir enfin exclusivement littérature et partant, pure aristocratie. Au moment de demander le retour des bouffons, Florence Dupont manque de comprendre que la télévision est aujourd’hui l’équivalent des antiques théâtres populaires (ce que pourtant elle sait). Quant à ramener ces bouffons dans les théâtres proprement dits, je ne puis que l’assurer qu’ils y sont aussi déjà, posant aux intellos moraleux et rivalisant d’inculture dans leurs top-modernes costumes de précieuses ridicules. Je trouve que Florence Dupont, pour aller au bout de sa logique, devrait demander à Christine Albanel, actuel Ministre de la Culture, de nommer Michaël Youn au poste emblématique d’Administrateur de la Comédie Française. Ce serait cool. Je suis pour, évidemment. Finissons-en. Je trouve d’ailleurs que Florence Dupont, agrégée de lettres classiques je crois, est très exemplaire de la manie masochiste de ces élites françaises qui ne rêvent rien tant que la destruction de l’éducation qu’elles ont reçue et du monde qui les a et permises et formées… Toujours le même suicide.