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Jourde

  • Un vrai roman (Mémoires), de Philippe Sollers

    J’ai retrouvé aujourd’hui ce brouillon inachevé. A son titre près, je le publie tel quel. Son sujet n’en mérite pas davantage. (Le titre initial de ce billet était : Sollers, la compil ; mais n’ayant pas achevé de l’écrire, je préfère, plus simplement, donner le titre du bouquin.)

     

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    Peut-être, après tout, un écrivain de l’ampleur de Philippe Sollers ne pouvait-il ramener mieux, de ce demi-siècle à user ses indestructibles semelles dans les couloirs des rues Jacob et Sébastien-Bottin, qu’une apologie de lui-même et de ses changeantes lumières. Le fait est que notre admirateur de l’immense Saint-Simon, en ses mémoires, ne s’oublie pas du tout et mieux (puisqu’il serait évidemment odieux de reprocher à un mémorialiste de parler de lui) ne se remémore au fond que lui seul, avec une satisfaction méritée.

    Les changements des mœurs survenus dans la période de son activité littéraire, aussi énormes soient-ils, et que l’auteur en question en ait été sinon un acteur du moins un figurant, ne lui inspirent que quelques maigrelettes phrases génériques, fleurant cliché, d’une platitude effarante ; de sorte que cela qui eût fait les délices horrifiques et détaillées d’un Balzac, d’un Saint-Simon ou d’un Chateaubriand – pour, avec l’auteur, ne point trop ici discriminer mémorialistes et romanciers –, sert seulement chez Sollers élevant à sa gloriole une statuette éphémère, pas même de toile de fond, mais plutôt de papier peint pisseux, sur lequel se détache l’Exception, c’est-à-dire : lui-même.

    Car Sollers est l’Exception ; et tel processionne-t-il, et tel théorise-t-il. La preuve en est d’ailleurs qu’il ne cesse de le dire, et de le faire dire. Ce qui est très réussi. Il est exceptionnel en cela que, comme tout le monde à présent, il le dit lui-même de lui-même ; et mieux, notre tâcheron  exceptionne formidablement, faisant à sa propre exception exception, au moins en cela qu’il le dit et fait dire beaucoup plus que les autres commerciaux concurrents, pourtant désinhibés et revenus de tout eux aussi, ne l’osent ou, plus simplement peut-être, ne le peuvent.

     

    Le style de Sollers est plus alerte et fluide que jamais.

    Sollers, on l’apprend, n’est pas un pseudonyme : non, c’est un « pseudo ».

    Lisez Un vrai roman (Mémoires), mais seulement si vous êtes constipé.

    Le style de Sollers est très très laxatif.

     

     

     

    Nota : J'emprunte à Pierre Jourde, pour la photographie, l'idée de comparer Sollers à Catulle Mendès.