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Fusées - Page 66

  • Notule pour un théâtre politique

    Comment parler au théâtre, sans détour ou abusif recours à la métaphore, du monde contemporain ? Sinon en posant que la première division politique sépare ceux qui ont le sens de l’humour de ceux qui ne l’ont pas ? (Et je ne parle pas ici de cet humour des circonstances du spectacle, épinglé au désuet, si agréable et inoffensif qu’il réunit bassement tout le monde). – Non, je me demande plutôt : Qui peut rire de soi-même, et de ses propres idées, non moins que de cette béance entre soi-même et ses propres idées ? Et de surcroît quand on lui présente tout cela méchamment déformé par une mauvaise foi sans frein, en public, dans le miroir du théâtre ?

     

     

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    Fabien Joubert interprétant Joseph Vronsky dans Ce que j'ai fait quand j'ai compris que j'étais un morceau de machine ne sauvera pas le monde de Pascal Adam, mise en scène de l'auteur. Ce texte appartient à l'ensemble Tout faut, dont il est la part finale (voir Sur le titre dans la catégorie Tout faut de ce blog). La photographie est de Thierry Robert.

  • Parole n'a parolé

    1. Le théâtre est cet art où l’action, grande ou triviale, se déduit de ce que disent les personnages.

    2. Il faut donc, pour que l’action ne coïncide pas à la parole d’un seul, que toutes paroles soient fausses. (Ou bien, et l’on peut y voir le reliquat religieux d’où le théâtre est issu, que le personnage soit bientôt assassiné, ignoblement.)

    3. Le théâtre est cet art où, s’il est une vérité, elle ne peut être dite. (Ou pas sans être assassinée aussitôt.)

    *

    Le théâtre était le plus grand art. Jadis. Le genre préféré du génie. Les noms suffisent à le savoir. Mais c’est fini.

    Le théâtre a agonisé au moins cent ans. Ses défenseurs actuels l’ont fossoyé vivant. Encore vivant. Ils continuent de jeter des pelletées de terre quand passe un journaliste, et il en passe !

    Le théâtre en tant que tel n’intéresse plus grand monde, et surtout pas ceux qui en font profession.

    *

    Si l’on considère la représentation spectaculaire comme superfétatoire, sinon inutile, l’intérêt d’écrire aujourd’hui du théâtre croît. (En revanche, il se peut qu’il s’éteigne pour nombre de graphouilleux.)

    Si l’on admet qu’un bachelier moderne ordinaire a été formé tout spécialement pour ne rien comprendre à la langue de Molière, et peut-être même pour ne rien comprendre à rien… l’intérêt d’écrire aujourd’hui du théâtre croît.

    (Voilà pourquoi l’avant-ringarde officielle préfère faire caca dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes que dire un texte. Et tant mieux. D’abord parce qu’en faisant caca, elle fait ce qu’elle sait le mieux ; ensuite, parce qu’elle ne sait pas vraiment lire, voire vraiment pas…)

    Etc.

    *

    « Parole n’a parolé. » est une didascalie tirée de La Passion du Palatinus d’un auteur anonyme français du XV° siècle. Elle marque, en la scène XII, dans le Palais d’Hérode, le silence de Jhesu. 

    On peut lire cette pièce dans le court volume (non-bilingue – mais après tout, c’est écrit en français) intitulé Jeux et Sapience du Moyen-Age, de la collection de la Pléiade.