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Inutile Narcisse

Jan Davidsz de Heem

 

 

 

« On ne doit être estimé heureux que lorsqu’on a fini sa vie dans une douce prospérité. Il faudrait qu’un tel bonheur me fût entièrement assuré pour me donner une pleine confiance. » Disait, retour d’Ilion, l’Agamemnon d’Eschyle, trente-sept minutes avant de se faire débiter vivant, à la hache, dans sa baignoire, par sa femme Clytemnestre secondée de son amant.

 

Disparaître.

Signaler sa disparition.

L’anticiper, donc.

Apparaître pour signaler sa disparition.

Signaler sa disparition en apparaissant avant de disparaître.

Croire, pourtant né, qu’on n’est pas apparu et vouloir apparaître pour signaler sa disparition à venir.

Vanité.

Tu voudrais influencer, avoir idée de ce qu’on dira sur ton cadavre.

Comme si ça importait.

Ça ne t’importera plus. Tu seras exporté pour toujours.

Mais influencer, avoir idée de ce qu’on dira.

Anticipe, donc. Ecris ton oraison funèbre.

Enjambe un peu ta mort.

Mieux vaudrait ne rien dire, et n’influer sur rien.

N’être pas homme. N’être pas.

Vanité.

Cesser de se polir la stèle. Brûler tout le signalement de la disparition. Signaux électriques dans le néant tout proche.

Combien de temps après ta mort vas-tu survivre ?

C’est dérisoire. Ridicule.

Tu as peur. De disparaître. De ne rien laisser.

Tu voudrais, pourtant né, apparaître.

Pourtant mort, n’être pas disparu.

Humain, idiot, vain.

Pathétique. Ah, cette beauté.

Qui déménagerait le temps, le déplacerait. Apparu après être né, disparu un peu après sa mort. Comme une étoile encore après sa mort qu’on voit, qu’on voit encore, et puis qu’on ne voit plus.

Star.

La société des hommes, ce firmament en merde.

Va, cesse un peu de te polir la stèle.

Con d’homme. Branleur de mort.

Va plutôt boire une bière.

Une bière.

 

 

 

 

 

 

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