Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Sentence VI

    corot_coup de vent.jpg

     

    Promenade

    Il est certainement insensé de se réjouir d’une guerre ; aussi ne puis-je trouver aucune satisfaction à cette paix bourbeuse, que les réseaux d’un pouvoir inverti n’ont de cesse de nous vanter, et de nous vendre cher (puisque ce que nous sommes est en définitive le prix à payer), paix qui n’est maintenue qu’en cédant toujours davantage à nos ennemis ; il en ira ainsi cependant jusqu’à ce que ces ennemis aient eux-mêmes pris possession de la grande majorité de ces réseaux enchevêtrés du pouvoir, à l’intérieur desquels, déjà, on ne peut plus trouver trace d’un centre de décision réel, donc unique et censément conscient de la situation d’ensemble ; et en un sens plus profond, il est au fond indifférent de penser que cette paix est perdue déjà, ou sur le point de l’être très bientôt : elle l’a été réellement dès le départ, du jour où, sans pensée ni aucune parole autre que convenue, il a paru préférable de céder, du jour où se défendre réellement (en attaquant, donc) n’a plus effleuré quiconque, dans ces endroits absurdes et criminels où le pouvoir réel est fragmenté, dissipé, vaincu par anticipation ; car en réalité, loin de se défendre et de nous défendre, ces réseaux de pouvoir, dans la croyance qu’ils se défendaient eux-mêmes en ne nous défendant plus, ont commencé de céder le jour où ils nous ont exposés, montrés comme étant, en nous-mêmes, ce sur quoi précisément il devait être cédé aux ennemis ; et c’est ainsi que nous devînmes à la fois des morts et de la fausse monnaie : on ne nous cédait que pour ce que nous avions été et que nous n’étions plus ; et c’est ainsi que principalement, nos ennemis ont cessé de nous être extérieurs et sont devenus d’abord cette réticulation horizontale d’un pouvoir inverti.