Illustration trouvée par hasard, en cherchant un truc sur Ormesson, sur le blog Brumes
3 mois/6 mois/1 an. Certains éditeurs discuteraient en secret de la création d'une date de péremption (mais seulement à titre indicatif, précise-t-on chez Hachette) de la littérature qu'ils publient. Elle permettrait à la fois d'avertir le client du degré de difficulté de ce qu'il s'apprête à lire, et de faire varier les prix selon la qualité (mais sans déroger à la règle du prix unique) en s'alignant sur le marché du vin où, comme le dit un représentant, « plus c'est bon plus c'est cher ». Pour les produits classiques, ou pour quelques auteurs vivants réputés, il serait conseillé une prestigieuse classe hors d'âge qui pourrait être vendue à des prix élevés, visant un public d'amateurs, ou de spéculateurs, ou de spéculateurs passant pour amateurs, classe qui aurait également l'avantage de rabattre le client lambda sur des produits plus éphémères, moins chers, et indifféremment renouvelables. Des livres d'une durée spéciale de 5 ans pourrait aussi être créés à destination des enseignants des collèges, lycées et universités de lettres modernes. Elle serait une réminiscence à visage moderne du temps long de la littérature ancienne et permettrait également aux profs de ne pas établir leurs cours pour seulement une année ou pire, un trimestre.
Cathy Simon, « Le Monde », 21 XI 2015