Phrase extraite du texte de "retour" publié ce jour vers 17h sur le mur du citoyen Nicolas Sarkozy :
"Nous devons faire émerger de nouvelles réponses face aux inquiétudes des Français, à leur interrogation sur la pérennité de la France, à la nécessité d’affirmer sa personnalité singulière, à la promotion de son message culturel qui est sans doute la plus belle part de notre héritage."
Outre que "faire émerger de nouvelles réponses" pue à mort la langue de bois, "faire émerger de nouvelles réponses face" à quoi que ce soit est d'une laideur absolue.
Mais enfin, il s'agit donc :
de faire émerger de nouvelles réponses face aux inquiétudes des Français (bon, bon, c'est pas si pire, pour causer comme l'ex-président)
de faire émerger de nouvelles réponses face à leur interrogation sur la pérennité de la France (c'est un peu lourdingue et concon, mais à peu près français, à moins qu'il ne faille comprendre au fond que la pérennité de la France, on s'en bat les couilles, et qu'aux interrogations on va répondre non puisqu'on va comme en 2007 continuer à tout dissoudre dans l'UE - mais bon, sur un malentendu, ça peut marcher, comme disait un philosophe français)
de faire émerger de nouvelles réponses face à la nécessité d'affirmer sa personnalité singulière (c'est un peu confus, je crois qu'il veut parler de la personnalité de la France, mais étant qui il est, on peut l'entendre autrement... Il aurait quand même été plus simple de parler d'une nouvelle façon d'affirmer la personnalité singulière de la France (même si personnalité singulière est assez couillon), ça aurait évité aux mauvais esprits dans mon genre de comprendre immédiatement qu'il veut s'y opposer)
de faire émerger de nouvelles réponses face à la promotion de son message culturel (à la France, donc, hein) qui est sans doute la plus belle part de notre héritage (et là, patatras, faut revenir au début)
Il faut reprendre lentement donc, pour voir si Nicolas Sarkozy ne dit quand même pas plus ou moins, sur les deux derniers points, le contraire de ce qu'on peut penser qu'il veut dire (je vais finir par croire à l'inconscient): l'effet tient à cela que sur les deux premiers points, l'émergence de nouvelles réponses a pour but de faire disparaître ou dissiper les inquiétudes des Français et leur interrogation sur la pérennité de la France, (ce que veut sans doute signifier le face), mais plus sur les troisième et quatrième points; à moins que... à moins qu'il ne faille lire, quitte à anaphoriser un peu à la François Hollande, que :
Nous devons faire émerger de nouvelles réponses pour dissiper les inquiétudes des Français, pour dissiper leur interrogation sur la pérennité de la France, pour dissiper la nécessité d'affirmer la personnalité singulière de la France, pour dissiper la promotion de son message culturel qui est sans doute la plus belle part de notre héritage.
C'est en fait ce que j'avais compris à ma première lecture.
Et je tiens à préciser que tout est cohérent.
Il suffit de partir du quatrième et de remonter au premier :
4. La culture française, on s'en fout.
3. La voix de la France, on s'en fout, on suit Washington et Berlin.
2. La pérennité de la France, c'est fini, on est dans l'UE, et la pérennité de toute façon c'est pas l'éternité, France éternelle d'ailleurs ça fait facho, pérennité en revanche ça a son petit côté PME et moi aussi, comme Valls, j'aime l'entreprise...
1. Les inquiétudes des Français ? Oh, vous n'avez pas compris qu'il n'y en avait plus vraiment, des Français ? Comment alors s'inquièteraient-ils ?
Je sais, lu comme ça, on dirait du Hollande...
Mais peu de gens parmi le peu de gens qui vont lire le papier de Sarkozy liront d'une façon aussi tordue; et ils liront ce qu'ils liront, voilà, adieu.
PS : Je précise aux crétins et aux militants (pour reprendre une formule à Guy Debord) que ce billet est simplement humoristique (j'en connais qui ne le pigent que si on le leur dit).