tu vois
sur la colline rocs après la prairie calcinée
dans le soleil levant
dix mil cavaliers noirs confusément
s’ordonnent (c’est lent et beau un peu)
tout se tient longuement à l’arrêt
pépiement vers le nord d’un oiseau
puis l’annonciateur oliphant un suspens presque long
puis la terre qui tremble au martel des sabots
les hommes hurlant
dans ce suspens (passé déjà)
bref à l’infini dilaté
la nature immobile (chat fait dos rond oiseau tait sa gueule)
silence
(silence)
et c’était l’heure pourtant qu’elle s’éveillait
dans ta narine intacte
soldat seul ici parmi tant mais tant seul
fragrance de la fleur à tes pieds
que tu ne sauras pas gnagnagna gnagna
Tu ne prêtes pas attention
tremblement léger à main gauche trahissant
pas la peur mais la faim cet œuf au matin
que tu n’as pas trouvé
tandis que noirs cavaliers chargent
(Machin reconnaîtra les siens) du vacarme
lui revient qu’il n’a pas entendu
dans son rêve cette nuit-là d’avant les mots
dans un halo aveuglant que lui disait sa mère longtemps défunte
et dont les traits sont estompés (écho)
enfin enfin
né de la fureur vers toi déferlant
poussière qu’elle soulève
ce choc
attendu et qui te fend en deux ton crâne idiot
la hache en lui fichée vers laquelle tes yeux louchent
encore
ta bouche demeure ouverte
jaillit en psaume un flot de sang bientôt filet tari
l’épée déjà dans ta poussière lance rompue
tu n’entends plus l’unisson du chaos
auquel tu as selon tes mesure et talent contribué humblement
amen
Allison A. Celer, 1204