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Pour saluer la rentrée littéraire

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Il se peut qu’un jeune homme dont le sens esthétique commence à se développer trouve, par exemple, qu’un pavillon de banlieue, même à peu près fonctionnel, est moche et mal foutu. Ce jugement ne fera pas pour autant qu’il est devenu Gaudí. S’il entame pourtant des études d’architecture, et qu’il y étudie les grands maîtres, il risque tout de même de finir par faire des plans pour des pavillons de banlieue ou, s’il a un peu de chance et d’entregent, pour des lofts dans lesquels vivront de toujours jeunes bourgeois discrètement tatoués. Les gens n’ont pas tous les moyens de se payer des cathédrales. Au surplus, ils n’en ont plus l’usage.

Si notre jeune homme est vraiment militant, il finira par arranger pour trois francs six sous payés à quinze mois de retard, des préfabriqués jolis qui serviront d’école primaire dans des quartiers dangereux. Dans le cas où un peu de sens esthétique lui demeurerait de reste, il s’essaiera à de petites scénographies abstraites et moches pour des compagnies de spectacle vivant qui n’intéressent pas grand-monde, et c'est heureux.

 

En revanche, tout le monde a appris à lire et à écrire à l’école. Le plus souvent très mal. Et mal dans le meilleur des cas. C’est pour cela qu’entre deux cuites abrutissantes, tant de jeunes bourgeois se prennent pour ce petit con de Rimbaud, qui lui-même n’aurait peut-être rien écrit si son père était resté cadrer un peu sa mère et lui coller les quelques tartes dans la gueule dont il avait à dix-sept ans un si furieux besoin.

Du coup, les rimbauteurs montés à Peredelkino-sur-Seine étant à leur tour imités par les lecteurs gondolés des supermarchés, les vocations mal appelées se ramassent à la pelle. Et d’identiques pavillons de banlieue, qui ne se distinguent au fond que par la façon chaque fois particulière dont les finitions sont aussi mal foutues que le gros-œuvre, fleurissent en septembre chez mes amis libraires.

Pardonnez-moi donc si, simple péquenot parmi quelques pèlerins âgés, je retourne m’asseoir au frais dans la cathédrale, sans missel ni roman. On y est au frais et à l’abri de la pluie.

 

 

 

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