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Du bon usage des catastrophes, de Régis Debray (2)

Debray cata.jpg

Rendons hommage à notre auteur en nous inspirant de lui pour critiquer à côté de la plaque, exprès.

 

 

La seule chose réellement intéressante « avec » le dernier bouquin de Régis Debray, ce n’est pas son effrayant et ridicule contenu de « manuel d’apprentissage du prophétisme » – capable de faire regretter même les plus stricts délires d’Abellio –, où notre auteur tartine avec une juvénile sénilité empruntée aux plus récents Sollers des tartignolleries cultivées sur des tartignolleries médiatiques en un camaïeu de bran visant l’homogénéité la plus pure, qu’il atteint quasiment à l’heure de nous exposer sa lecture dénuée de tout intérêt critique de l’œuvre du monomaniaque diseur de vérité René Girard, non, c’est ce que j’appellerais son dispositif technico-commercial de pointe, qui mérite bien qu’on tire son chapeau à la maison Gallimard.

 

 

1.

D’abord, il y a ce bien beau titre, laissant espérer, avec son vocatif sérieux, qu’il sera question dans le livre d’examiner les catastrophes modernes à la lumière, par exemple, du rationalisme classique. Ce que met en doute immédiatement après le nom de l’auteur, la mention « de l’Académie Goncourt ». 

Là, on se dit qu’un membre de l’Académie Goncourt ne peut guère avoir que des prétentions littéraires, et qu’il n’y a, pour ainsi dire de façon statutaire, presque aucune chance qu’il soit jamais à hauteur de ses prétentions.

Mais bon, que voulez-vous ? Les gens se font toujours avoir !

 

2.

Ensuite, il y a la quatrième de couverture. Sérieuse et simple. Avec des questions graves en langage moderne accessible à tous (auxquelles, je vous rassure, pas un embryon de réponse ne sera apporté puisqu’elles ne seront jamais réellement posées qu’ici, et grossièrement), et même la mention du mot « Japon », pour nous laisser accroire qu’en fait de catastrophes, Régis Debray pense vite et, espère-t-on, fort. Et que, très généreusement, il va nous donner les clés : prophétisme, message à décoder, manuel d’apprentissage.

Là, on se dit qu’en effet, Dan Brown et ses pavés fumeux, romanesques au sens le plus putassier qui soit, n’ont vraiment qu’à bien se tenir !

 

 

On peut tenir tout ce qui précède pour le seul fait de l’auteur : c’est son titre, son nom, l’Académie à laquelle il appartient, et la quatrième de couverture est griffée de ses initiales.

 

3.

Le coup de génie de la centenaire maison Gallimard aurait pu s’arrêter au commercial bandeau censé aider, j’imagine, ce petit livre à rencontrer son lectorat :

 

ARMEZ-VOUS

 

Debray armé.jpgVoilà du lourd, en effet.

Si l’on ne retient pas l’hypothèse qu’un tel impératif s’adresserait au premier débile profond capable de quitter une librairie sur le champ pour courir à l’armurerie la plus proche, il faut en revanche s’arrêter à celle qui nous vendrait la très improbable idée que lire cet énième livre du grand Régis Debray équivaudrait exactement à s’armer ! Ce qui vaut son pesant de calembredaines médiatiques.

Là, on se dit qu’il est décidément plaisant qu’un quelconque marketingueur germano-bottin (ça change un peu) se mêle de vous donner des ordres à la Buvez Coca-Cola ! en agitant le spectre de la guerre civile à venir (en France, on a toujours une poire pour la soif !) ; on se dit aussi qu’avec des donneurs d’ordres aussi guignols et des armes de cet acabit, même en tant qu’armes intellectuelles, on a tout intérêt à choisir illico l’autre camp – quel qu’il soit et quoique rien à cette heure ne permette de clairement le définir ! Et l’on se dit enfin, en extravaguant un peu, que, de toute façon, cette prochaine guerre civile n’éclatera pas que toutes les assurances de sa rentabilité pour quelques-uns n’aient été prises – ce qui n’aurait pas pour conséquence nécessaire de la repousser aux calendes grecques, et d’ailleurs en ce moment les Grecs…

 

4.

Mais le pompon de génie de ce que je nomme bien hâtivement dispositif technico-commercial de pointe, c’est la petite carte de marabout glissée dans le livre, et qui semble elle-même transformer tout le livre (pourtant payant) en une simple publicité pour la revue Medium du néoprophète critique Debray, revue dans laquelle, c’est absolument certain, vous trouverez toutes les munitions nécessaires, à commencer par les analyses sérieuses qui font cruellement défaut à cette arnaqueuse galéjade à 7,90 euros !

Debray Marabout.jpgEt l’on se dit qu’il y en a tout de même assez d’entendre tant de simples gens de bonne foi se plaindre de la disparition des bon vieux comiques français d’antan, quand nous avons-nous la main des BHL, des Debray, des Soral, des Attali-Minc, des Onfray, j’en passe et des pas mieux.

 

 

 

 

 

PS à T : Tu vois ce que j’en fais, de ton cadeau !

 

 

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