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Purgatoire

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Son actualité n’était plus faite par les journaux, les informations ; rien ne se dirait jamais là, même leur fin. Etrangement, elle n’était pas non plus faite par ce qu’il avait à faire chaque jour devant lui, et qu’en définitive il faisait avec une facilité relative. Et non plus, elle n’était pas faite par ce qu’il pensait, sa vie intérieure, ces choses-là… Bref, il se trouvait sans actualité et, si l’on peut dire, rien ne l’actualisait plus. Il lui semblait ne plus coïncider à lui-même, et l’idée même qu’il s’était auparavant vécu comme une simple coïncidence ne parvenait pas vraiment à l’amuser ou à l’effrayer. Cela l’étonnait aussi de ne pas souffrir, mais cet étonnement était bien léger, presque neutre. Un peu formel. Il se demandait, à l’approximation près, s’il n’était pas en train d’être mort et le miroir alors lui renvoyait son visage encore jeune, ses épaules musculeuses, une sorte de puissance vitale dédiée à rien. Une tristesse dont il peinait à souffrir. Souffrir, mais souffrir un tout petit peu, l’eût sans doute rassuré. Il se trouvait parvenu, quoiqu’il ne fût pas riche, à cette pointe extrême de confort où l’on trouve que la vie manque de drame et où la moindre surrection d’un drame même minuscule semble devoir vous anéantir ; ou bien ce drame minuscule était-il advenu, sans qu’il s’en aperçoive le moins du monde... Il était donc, en pleine force de l’âge, beaucoup trop faible. Incapable de se soutenir. Il vivait dans la peur et cette peur était sans objet, elle était pour ainsi dire générique. Dans des moments de lucidité, il enviait les animaux.

 

 

 

 

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