Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mystère athée (première partie)

 

 

 

Création Adam. Michel Ange.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seul un dieu peut encore nous sauver… et non mon prochain.

Heidegger, Entretien au Spiegel, 23 septembre 1966

 

Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.

Saint Matthieu, 6, 24

 

Il ne peut y avoir de vraiment athées que les théologiens, c’est à savoir ceux qui, de Dieu, en parlent.

Lacan, Encore, Séminaire XX, 1972-73

 

 

 

La nuit de Noël.

 

 

1.

Comme il fait nuit, donc, et qu’on n’y voit goutte, on dira ce dialogue radiophonique…

 

LUI. – Vous ne vous en rendez pas bien compte, parce que vous ne croyez plus en moi, mais je suis votre Dieu. Ouais.

Il y a dans votre monde des gens savants qui se demandent si dans les temps anciens les gens croyaient vraiment dans leurs divinités ou s’ils accomplissaient des rituels avec la conscience que c’étaient seulement des rituels et bien sûr il y en a qui disent oui et d’autres qui disent non. Eh bien, ils feraient mieux de regarder le temps présent.

Parce que bien sûr vous ne croyez pas en moi. Vous ne croyez plus en moi. Vous avez passé l’âge, comme vous dites. Et pourtant je demeure votre Dieu.

Le dernier.

 

L’INCROYANT. – Ah ouais, et qui c’est que vous êtes alors ?

LUI. – Mais je suis le Père Noël, connard, et tu ne crois pas en moi.

 

L’INCROYANT. – Qu’est-ce que c’est que cette dinguerie ?

 

LUI. – Tu ne crois pas du tout en moi mais tu crèverais plutôt que de ne pas laisser tes gosses croire en moi, et leurs gosses après eux, et ainsi de suite jusqu’à la fin des choses.

Bien sûr tu les laisses croire en moi parce que tu te dis, avec ta manière mauvaise de calculer, que bientôt ils seront moins gosses et ne croiront plus et que donc ce n’est pas grave si, tout enfants comme ils sont, ils croient en moi.

Parce qu’il faut bien cesser de croire en moi pour que d’autres croient en moi ; parce qu’il faut bien que tu ne croies pas en moi pour y faire croire les autres, et qu’est-ce qu’il y a de plus crédule et de plus manipulable que tes enfants, connard ?

Et toi-même, tu crois que tu ne crois plus moi, mais au vrai tu n’en sais rien du tout.

 

L’INCROYANT. – Je suppose que je dors, je dois être en train de faire un rêve.

 

LUI. – Oui, c’est cela, tu fais un rêve et ce rêve est un cauchemar et ce cauchemar est éveillé.

 

 

Bin-Laden-Santa-Claus.jpg

 

2.

La lumière monte doucement, et l’on voit à côté du lit de l’Incroyant le Père Noël.

 

LUI. – Tu es athée, mon petit bonhomme ?

 

L’INCROYANT. – Bah oui, à peu près…

 

LUI. – C’est bien ça, c’est exactement ce qu’il nous faut. Car celui qui ne croit pas en moi croit en moi. Et celui qui ne croit plus en moi croit encore plus en moi. Car celui qui ne peut plus croire en moi, en vérité il est déjà moi.

 

L’INCROYANT. – Mais comment est-ce possible ?

 

LUI. – Regarde bien. Ce soir, est-ce que tu n'as pas fait toi-même, certes sans costume, le Père Noël pour tes gosses qui dormaient ? 

 

Le Père Noël disparaît.

A sa place, il y a maintenant quelques billets de banque.

L’Incroyant les prend.

 

L’INCROYANT. – Oh, merci, Père Noël, merci.

Mais qu’est-ce que je raconte, moi ?

 

Une autre lumière monte doucement. La Femme de l’Incroyant apparaît.

 

SA FEMME. – Tu as le sommeil bien agité… Quelque chose qui ne va pas ?

 

L’INCROYANT. – Non, rien. C’est que je viens de trouver ces billets.

 

SA FEMME. – Joyeux Noël, mon chéri. Et essaye de dormir. Et en tout cas, essaye de ne pas me réveiller.

 

Elle éteint.

 

L’INCROYANT. – Ah, c’était toi… J’ai dû faire un mauvais rêve.

 

Il éteint.

 

  

 

 

vg-mere-noel-sexy.jpg

La suite est ICI. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.