Comme je ne sais manifestement plus quoi mettre en ligne sur ce blog, j’ai décidé d’extraire ce passage de ma pièce demi-dieux 7.0 (lire aussi ici), écrite et représentée pour la première fois en l’an de grâce 2003.
Par Holomatrice, on entend ici un personnage virtuel, apparaissant et disparaissant à son gré ; lequel personnage était interprété par Emilie Weiss (photo Patrice Latour).
Scène 3 : MANIFESTE DEMI-DIEUX / IN NOMINE MATRIS / sous-titre : AMOUR ASSISTE PAR MACHINE / PUBLICITE /
HOLOMATRICE. – Quoique nous manquions toujours à définir l’amour, c’est quelque chose que vous connaissez à l’intérieur de vous-mêmes, et c’est quelque chose qui concerne tout le monde. Oui, c’est de cela, l’amour avec un grand a, que nous allons parler, puisqu’il semble évident à tout le monde que si nous ne pouvons pas épuiser un tel sujet, en revanche, il nous est tout à fait loisible d’épuiser totalement le sujet qui l’écoute, vous en l’occurrence. Car en l’occurrence – occurrence dont nous verrons la valeur qu’elle viendra prendre dans notre dispositif infralogique - voilà bien ce que nous sommes, des sujets, oui nous sommes bien les sujets de notre sujet, je veux dire que de l’amour nous sommes les sujets. Mais ce que nous vous proposons ce soir, c’est justement d’apprendre à maîtriser cet amour qui vous échappe. Autant dire que tout est amour ; que donc l’amour est l’occurrence même. L’occurrence avec un grand o, à égalité donc avec l’amour avec un grand a, est ce qui nous amène à former ce concept qui se trouve être infralogiquement récapitulé sous le terme d’amour-occurrence. L’amour-occurrence a le mérite de raviver, du fait de sa sonorité, ces souvenirs douloureux que vous aviez un peu hâtivement crus enfouis dans les méandres de vos mémoires. Par suite de quoi nous sommes fondés à dire que l’amour-occurrence est un concept égalitaire et sexuellement indifférenciateur, donc démocratique. Et maintenant, pour nous qui ne pouvons que nous opposer à la douleur, que dire de cet amour-occurrence qui vous occupe sinon la tête du moins le corps ? Que c’est un toxique propre à gêner votre rendement communicationnel égalitaire dans la société libre. Pourquoi ? Parce que vous êtes ses esclaves, ses sujets. Comment a-t-on pu, pendant des siècles d’infamie, trouver là une situation digne d’un citoyen normal, c’est-à-dire engagé à sa propre libération ? Car votre monde, bourré de mégatonnes d’amour-occurrence toxique, est vraiment trop méchant, trop méchant. Cet amour-occurrence qui voudrait, discriminatoirement, que vous isoliez un autre seul du collectif indifférencié de tous les autres est un crime contre l’humanité. Or ce que nous voulons, nous autres socialement responsables, c’est la mort, car seule la mort est à la fois libération et punition. Oui, tous ensemble, nous pouvons mourir, c’est-à-dire accéder enfin librement, fraternellement, à notre égalité chérie. En guise de substitution à ce toxique, et pour éviter qu’il ne revienne à chaque faiblesse de vos organismes, nous tenons à vous proposer cette solution – qui n’est qu’en apparence paradoxale : Aimez-nous. Aimez-nous, puisque nous n’existons pas vraiment. Aimez-nous, uniquement et seulement nous. Oui, par amour pour nous, et pour sauver votre vie d’une dérive qui n’est rien moins que criminelle, nous vous prions de nous abandonner et de nous laisser gérer au mieux de vos intérêts la totalité de vos valeurs, tant morales que monétaires. Laissez-nous gérer au mieux de vos intérêts la totalité de vos valeurs, tant morales que monétaires.
Erreur système / môle paranoïaque en formation / couper circuits
Commentaires
Vous ne savez plus quoi mettre alors qu'on attend des choses sur avignon cet été ou sur cet été ou sur maintenant? Allez!
Où diable avez-vous vu que je racontais ma vie ?
Je suis bien contente que tu ne saches plus quoi mettre, ça fait revenir de jolis souvenirs!