(On ne me croira peut-être pas, je m’en contrefous d’ailleurs, mais hier soir, j’étais en train de lire et relire, pour des problèmes de théâtre, Théorie de la Constitution de Carl Schmitt. J’ai fait une promenade sur internet, et je suis tombé sur ce billet, consacré à Sollers et ses sbires, de Juan Asensio, puis sur sa controverse légère avec Elisabeth Bart. Du coup, ramassant à la va-comme-je-te-pousse tout ce bazar, je me suis délassé à écrire ça. Vers trois heures du matin, ayant relu le texte, je l’ai trouvé au moins bizarre – j’avais même l’impression de parler de moi à la troisième personne du singulier, alors que non, pas vraiment. Je ne l’ai pas mis en ligne. Je le fais maintenant. La page informatique, de plus en plus, me semble un paillasson.)
Contrairement aux opinions communément admises de nos jours, il pensait que la coutume a force de loi, et qu’elle trouve dans le rite religieux son expression la plus haute ; aussi s’interrogeait-il fréquemment sur, comment dire ? la constitutionnalité de ce qu’il écrivait, misérablement.
– Mais ta putain de constitution, elle n’est même pas écrite, lui disait Bob.
– Bah non…
Il essayait de tendre ses phrases vers la loi, sachant par avance n’y parvenir pas, et que chacun de ceux qui avaient tenté cela auparavant n’avaient pu que des formulations bancales.
Il appelait parfois cela, néanmoins, vérifier les dogmes.
– Moi, je suis un syncrétin, disait Bob. J’écris au mixeur. À la force centrifuge. Je fous de tout dedans, du tao, des vedas, Guy Heidegger et Martin Debord déguisés en Laurel & Hardy, même des bouts de Bible et Antonin Artaud sauce Dogon. Je saupoudre au piment légal Shoah-Nihilisme, tu vois, pour le côté pas critiquable, establishment correct. J’appuie sur le bouton. Et tous les siècles mixés ensemble en un instant idiot, bouillie magique. J’appuie sur le bouton. Hop. Ça broie ensemble les dogmes et les pas-dogmes. La métaphysique, on la pète. Son fond religieux de merde, on l’éclate. Péter, c’est créer. Ça gicle dans tous les sens. Et le vide au centre, j’appelle ça l’axe du néant. Ça pète, pas vrai ?
– Ouais, ouais, Bob, ça pète...
Là, il allumait une cigarette et laissait parler Bob de soi-même.
Après tout, Bob avait passé quinze années à boire des cafés seul et à se convaincre de sa propre importance. Bob était une exception. Comme tout le monde dans son milieu. D’autres exceptions avaient même fini par le reconnaître. La concurrence était rude. Bob en se forçant un peu, parvenait à faire des mondanités à présent ; il y étalait toutes les opinions variées que pouvait produire sa centrifugeuse brevetée, dont il vendait aussi, pour survivre, quelques exemplaires çà et là. Il sera quelque jour l’idole de quelques-uns.
– Ouais, ouais, Bob, ça pète…
Lançait-il distraitement, de temps à autre, à cette malheureux guest star de Bob.
Puis il revenait à son travail. Tranquillement.
Une phrase ne dit peut-être pas rien du silence ; mais peut-on seulement, une à une, les ordonner à lui ?
Commentaires
Les commentaires sont fermés pour "Défendre Jean Fabre" que je viens de lire: bien ri. Merci.
Un écrivain reste un écrivain. Pourquoi donc sempiternellement critiquer ! Ce ne sont pas des marchands d'armes, quand même !
@ unevilleunpoème : Votre commentaire est sidérant de bêtise. Je trouve.
Elisabeth Bart...c'est ma soeur;
nous nous croisons de temps en temps dans la blogosphère même si elle fréquente des blogues plus sérieux que les miens.
Je me sens obligée d'aller lire...
Retour de chez Stalker.
Pas si légère que ça la controverse.
Vous au moins vous êtes drôle.
Merci Rosa.
(Je commençais vraiment à me demander si c'était drôle.)
Créez une catégorie "notes drôles" et mettez y vos notes douteuses pour les rendre drôle automatiquement. Vous pouvez opter pour une abréviation comme LOL aussi, ou PTDR. Ca marche très bien. On vous le garantit 3 ans, avec une extension de deux ans en option.
J'opte pour PTDR. Ca coûte cher ?
Très drôle tous les deux!
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Bonsoir Mme L.L,
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Si, si je vous trouve très drôle car en fait ce débat, cette controverse, cette polémique... c'est du parisianisme pur et dur.
j'ai cru comprendre que vous l'aviez dénoncé mais peut-être me suis-je trompée sur l'interprétation.
Excusez-moi de revenir sur ce sujet mais il me tient trop à coeur pour les raisons exprimées dans mon premier commentaire.
on n'est plus dans la saine polémique intellectuelle mais dans le caniveau avec ces commentaires.
quand Stalker attaque Gérard Guest dont il sait pertinemment que c'est un ami très cher d'Elisabeth, on est vraiment dans un coup-bas. C'est odieux.
Je ne suis pas une lectrice de Sollers mais j'apprécie cecourage de le défendre par rapport aux commentateurs qui cirent les pompes du Stalker par crainte de se faire tacler.
Elisabeth sait ce que je pense de ce Stalker et j'espère pour elle qu'elle prendra des distances.
Vous pouvez supprimer ce commentaire si vous le jugez importun.
Mamie Rosa, ce qui est beaucoup moins poétique, hélas, que ma mie Rosa, rien de plus profondément emmerdant que les cathos de gauche, dont vous êtes, il suffit de lire vos bluettes : c'est plat, bien-pensant, mal écrit, ça mouille de bonheur et d'eau bénite toute la journée, ça donne des leçons à la Terre entière sans prendre garde à la Sainte Croix enfoncée dans sa prunelle à peu près vide de toute trace d'un conception du monde dépassant ses petits cadres de tiède pensée. Ceux-là, je les emmerde, comme je le disais dans un de mes billets, Lettre pour emmerder (justement) les cathos de gauche : c'est la pire engeance sur cette planète, responsable de pratiquement tout ce qui va mal en France (vous connaissez peut-être mon sens de l'exagération)...
Vous me dites qu'attaquer Guest serait un coup bas fait à votre soeur ? Pardon ? Ai-je bien lu ? En quoi le fait d'affirmer que Guest appartient à la petite bande pour le coup uniquement parisienne serait-ce poignarder votre soeur ? En quoi le fait de dire qu'il lèche le derrière de Sollers à seule fin d'être publié par L'Infini, donc Gallimard, serait-ce tacler votre soeur ?
Dans mes commentaires, à part l'abruti Denis Lair, qui donc a défendu Sollers ? Je ne vois guère de monde et... croyez-vous que les gens aient peur de moi (la preuve, votre soeur !) au point de ne pas oser dire ce qu'ils pensent de mes textes ?
Allons allons : tâchez, au moins, de me lire un peu sérieusement, vous aurez quelque légitimité supplémentaire à ne point m'apprécier parce que, là, ce que j'ai lu de vous, commentaires plus notes, c'est du foutage de figure, pas même du cybernétique mais du profondément virtuel dans son insignifiance.
Pascal Adam je vous dois des excuses.
je n'aurais jamais dû ...
Je confirme : vous au moins vous êtes drôle et je continuerai de vous lire avec plaisir même si je m'abstiendrai de commenter là où je n'aurais jamais dû mettre les pieds.
Je retourne avec bonheur dans ma sacristie d'où je n'aurais jamais dû sortir.
Je suis vraiment désolée pour votre blogue qui ne mérite pas ça.
Pascal, pardonnez-moi, je fais sans doute un blocage (cela me turlupine depuis que j'ai lu ce billet) mais je suis tout à fait incapable de comprendre pourquoi on en vient à lire la "Théorie de la constitution" de C. Schmitt pour des "problèmes de théâtre".
Bon, je ne fais pas honneur à l'ensemble du billet par cette question et puis, hein, je suis parfois butée parfois, mais franchement, là, ça me turlupine (je n'ai pas lu la "Théorie de la constitution" cela dit, cela explique peut-être cela).
Ce que je veux dire, c'est que si vous pouviez lever, par une succinte explication, cette suprême angoisse suscitée par vos mots, je vous en saurai infiniment gré :-).
(il y a un "parfois" de trop, pardon et puis c'est "serai" gré et non pas "saurai"...)
Oups, Pascal : en "serai gré" mais "ceCI explique peut-être cela", puis autres encore sans doute (je crois qu'il est temps que j'aille au dodo, pardon, pardon...)
>J'opte pour PTDR.
et le PPDA A PT du Gloupier, vous savez CCC une fois ?
ah les Bob ! sans déconneer, chez nous c'est pas une légende vous savez, plutôt l'espèce de saint Bernardo belge bipède en chair et en os frais par excellence, ô sacrifice humain voyez ce héros des temps modernes qui jusqu'au bout de la ford fiesta de tous les diables t'écluse eau minérale sur eau minérale, çui-là même qui à l'aube ferrugineuse ramène la vodka fraise du moral de toute la troupe la plus saine et sauf possible à la maison et tout cela encore le plus gratuitement du monde je vous prie, pour le plaisir de l'altruisme chevalin et je ne sais quoi d'autre de chic dans le genre
enfin soit, j'essaye d'arrêter la digression sans quoi on sera vite mal assis, juste pour signaler à l'assistant du régisseur que accessoirement le texte moi-même il m'a disons drôlement fait sourire (, moi-même à nouveau n'étant pas carnassier) d'ailleurs certain lendemain de veille c'est même mieux que d'en rire à gorge déployée par exemple quand on a le bide tout décoiffé grâce à son bob justement et aussi, vishnou merci, du beurre indien sous la main)
voilà quoi mesdames et messieurs les surfeurs c'était bien franchement un plaisir de vous lire, du moins jusqu'à l'entrée en scène de toute cette bave aux doigts sévèrement atteints d'un pseudo Georges édouard Brutus Gilles de la tourette...
hé Juju, vas-y, fais le beau, grimpe aux rideaux !
j'ai retrouvé un vieux truc de 2006, c'est très bien pour votre valeureux nouvel ami critique, non?
BALADE DES GLAVIOTS
Le glaviot sans saveur n'est que pure rancœur, acidité de l'estomac constipé, purée indistincte de mauvaise foi, alors que le mollard au vitriol demeure de loin l'avant-projet d'une odeur de sainteté, la mandorle anticipant la béatification, le cierge qui attend avec impatience la fin de sa combustion. On sent à son allure charnue et sensuelle les ambitions démesurées de son projeteur presque innocent, le nez au vent, laissant transparaître par la force de son jet la puissance du Néant qui l'habite.
Les cracheurs de pâtées amibiennes sont la version moderne des gladiateurs, n'hésitant pas à affronter les bubons néantisés à seule fin d'affirmer haut et fort la validité des décrets de l'empire. Hommage soit rendu aux glavioteurs qui, par l'entremise d'un bain aux traits d'Apollon, commencent courageusement leur transmutation cathartique en repoétisant leur propre chant!