Pour une fois que j’aime quelque chose, j’en parle. Ce n’est pas du théâtre, évidemment, dira-t-on… Mais d’ordinaire, je ne cours pas non plus après ces musiques difficilement définissables, et conséquemment : actuelles.
J’ai donc vu l’autre soir, samedi 31 mai, à Reims, au festival Brise-glace, un set d’un groupe d’un seul musicien, nommé moujik – alias Matthieu Dehoux. « Auto-définition : électro-rock débridé ».
Entre les morceaux, le type plaisante, fait même de longues phrases françaises, cohérentes, plutôt drôles, qu’il maugrée et s’amuse même parfois à laisser inachevées. Il parle au public comme s’il était seul, marchant en rond dans la salle, sans trop apparemment se soucier d’être entendu ou compris, fait ses réglages à vue, passe du synthé à la batterie, sur laquelle il joue à pleine puissance – ce dont la vidéo ne rend ici que très relativement compte…
Puis de nouveau quelques phrases en marchant autour du dispositif instrumental, d’une désinvolture éclatante.
Et synthé, samples, batterie.
Me plaît également cette façon de quitter la batterie en jetant mollement les baguettes derrière soi, après quelques minutes d’un déluge de violence millimétrée.
Et puis, c’est une musique sans pathos – aucun « message » à la con, pour une fois –, ce qui repose – étrangement, malgré ou grâce à la puissance sonore.
Une abstraction fantasque, virtuose. J’y trouve une joie rayonnante. Une sérénité.
(On va dire que je suis branque.)
Désinvolture et puissance, humour et abstraction.