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La Guerre civile, par Henry de Montherlant

 

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La dernière pièce d’Henry de Montherlant porte le titre joli de La Guerre civile. Elle fut représentée pour la première fois (et non « créée », ainsi que disent les cons temporains) au Théâtre de l’Œuvre le 27 janvier 1965, mise en scène par Pierre Dux (et non « dans une mise en scène de », idem), dans un décor de Georges Wakhévitch (je ne vous fais pas le coup de la « scéno » plus ou moins « graphie »)… Grâce aux bons soins des éditions Gallimard, et de la Pléiade, je puis vous citer aujourd’hui l’intégralité de la première réplique de la pièce, portée par la « Figure » de la Guerre civile personnifiée (« voix de femme, dans la fosse », mentionne fort joliment la distribution), laquelle réplique ouvre l’acte premier, titré Mors et fricum (c'est-à-dire : mort et fric).

La troisième photographie nous montre Pierre Fresnay dans le rôle de Caton et Pierre Dux dans celui de Pompée. (Les première et troisième photographie proviennent du site :  http://www.montherlant.be/index.html.)

 

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Rideau baissé, la voix – féminine – de la Guerre civile éclate avec véhémence, de la fosse de l’orchestre.

 

LA GUERRE CIVILE. – Je suis la Guerre civile. Et j’en ai marre de voir ces andouilles se regarder en vis-à-vis sur deux lignes, comme s’il s’agissait de leurs sottes guerres nationales. Je ne suis pas la guerre des fourrés et des champs. Je suis la guerre du forum farouche, la guerre des prisons et des rues, celle du voisin contre le voisin, celle du rival contre le rival, celle de l’ami contre l’ami. Je suis la Guerre civile, je suis la bonne guerre, celle où l’on sait pourquoi l’on tue et qui l’on tue : le loup dévore l’agneau, mais il ne le hait pas ; tandis que le loup hait le loup. Je régénère et je retrempe un peuple ; il y a des peuples qui ont disparu dans une guerre nationale ; il n’y en a pas qui aient disparu dans une guerre civile. Je réveille les plus démunis des hommes de leur vie hébétée et moutonnière ; leur pensée endormie se réveille sur un point, ensuite se réveille sur tous les autres, comme un feu qui avance. Je suis le feu qui avance et qui brûle, et qui éclaire en brûlant. Je suis la Guerre civile. Je suis la bonne guerre.

 

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