Je ne suis pas un inconditionnel de Cioran.
Mais tout de même…
Cet aphorisme à lui seul écrabouille l’angélisme consternant dont on fait la prétendue littérature de notre basse époque. Livres incapables de dire quoi que ce soit, et qui bafouillent dans des extases de nourrissons perpétuels…
La pensée qui s’affranchit de tout parti pris se désagrège, et imite l’incohérence et l’éparpillement des choses qu’elle veut saisir. Avec des idées « fluides », on s’étend sur la réalité, on l’épouse ; on ne l’explique pas. Ainsi on paye cher le « système » dont on n’a pas voulu.
Emil Michel Cioran, Syllogismes de l’amertune