nouvelle - Page 13
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Psychologie
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Une histoire parfaite
J’ai dû signer tout à l’heure un document scolaire des plus banals et ce que ma main qui n’y réfléchissait pas a tracé, très impeccablement, c’est la signature de mon père, cette signature que j’ai enfant tant de fois imitée, moins pour tricher que parce que je la trouvais belle, avant d’en issir péniblement la mienne, plus superfétatoire encore que littéralement empruntée.
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Décider
Il meurt ; – dernière phrase :
– C’était vraiment n’importe quoi.
Mais a-t-il dit cela en souriant ? Même d’un œil ?
Je n’arrive pas à décider.
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Comique de répétition
Il y avait alors, parmi ses amis, ceux qui guettaient la faille la plus infime pour se porter présent, dans l’espoir qu’on leur ferait crédit qu’ils seraient là aussi aux jours des grands drames ; et ceux pour lesquels les coups durs n’étaient jamais assez grands pour qu’ils condescendissent à se manifester et qui finiraient sans doute à faire éclater quelque talent d’eux-mêmes ignoré pour les oraisons funèbres. – La routine, quoi ; charognards et guignols – et leur amour vraiment…
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Conversation muette d'un homme seul avec lui-même dans un jardin couvert de gelée blanche, un matin de mars vers six heures dix
– Tu aimes le silence ?
– Oui.
– Mais ?
– Il n’est jamais complet.
– La nature qui gazouille ?...
– Oui oui…
– Quoi alors ?
– Rien, c’est très beau, le silence.
– Mais ?
– Mais je suis encore là.
– Evidemment !
– Et ça défait le silence.