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Littérature - Page 119

  • Progrès technique (2)

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    Je conclus brièvement de le note intitulée Progrès technique que la didascalie est une invention liée au développement de l’imprimerie et permettant au théâtre d’être enfin lisible ; de devenir livre. Corollairement, les tenants de la modernité, ou merdonité, depuis trente ou quarante ans, qui ont transformé le « texte » de théâtre en saloperie « trouée », ne trouvant sa complétude que dans la représentation (comme si Goethe, par exemple, avait trouvé intelligent de passer soixante ans à écrire les deux parties de son Faust dans l’espoir, un jour, d’une très hypothétique  et superfétatoire représentation), rêvant de cinéma sans se l’avouer, ne travaillent en réalité qu’au retour de l’analphabétisation, ce qu’atteste en général ce qu’ils écrivent. CQFD.

     

     

    Voir aussi ici (Tchekhov) et ici (Giraudoux).

  • Progrès technique

     

     

     

    Aristote veut que la tragédie bien faite soit belle et capable de plaire sans le secours des comédiens, et hors de la représentation. Pour faciliter ce plaisir au lecteur, il ne faut non plus gêner son esprit que celui du spectateur, parce que l’effort qu’il est obligé de se faire pour la concevoir et se la représenter lui-même dans son esprit diminue la satisfaction qu’il en doit recevoir. Ainsi je serais d’avis que le poète prît grand soin de marquer à la marge les menues actions qui ne méritent pas qu’il en charge ses vers et qui leur ôteraient même quelque chose de leur dignité, s’il se ravalait à les exprimer. Le comédien y supplée aisément sur le théâtre, mais sur le livre on serait assez souvent réduit à deviner, et quelquefois même on pourrait deviner mal, à moins que d’être instruit par là de ces petites choses. J’avoue que ce n’est pas l’usage des Anciens, mais il faut m’avouer aussi que faute de l’avoir pratiqué, ils nous laissent beaucoup d’obscurités dans leurs poèmes, qu’il n’y a que les maîtres de l’art qui puissent développer ; encore ne sais-je s’ils en viennent à bout toutes les fois qu’ils se l’imaginent. Si nous nous assujettissions à suivre leur méthode, il ne faudrait mettre aucune distinction d’actes ni de scènes, non plus que les Grecs. Ce manque est souvent cause que je ne sais combien il y a d’actes dans leurs pièces, ni si à la fin d’un acte un acteur se retire pour laisser chanter le chœur, ou s’il demeure sans action cependant qu’il chante, parce que ni eux ni leurs interprètes n’ont daigné nous en donner un mot d’avis à la marge.

     

    Pierre Corneille, Discours des trois unités.

     

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    Voir aussi, pour la citation d'Aristote, ici.

     

     

     

  • Un an

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    Question. – En un an, que vous a apporté de tenir ce blog ?

    Réponse. – Des lecteurs que je ne connais pas. Parmi lesquels, quelques « amis », qui se déclarent ; et aussi quelques « ennemis », qui ne se déclarent généralement pas, mais dont certains, courageusement, manœuvrent en coulisses. Et, cerise sur le gâteau, dans mon entourage proche, quelque chose comme une trahison (ah, la peur…). Plus sérieusement, Theatrum Mundi m’a permis, pendant un an, de ne pas écrire.

  • Et à la fin, la fin en boucle...

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    D’abord, par un louable souci d’égalité, l’Europe moderne a voulu sacrer ce qui était profane. Et pourquoi pas ? Mais il a fallu aussi, très vite, comme pour marquer le coup d’envoi de cette égalisation, profaner ce qui était sacré. Et à la fin, c’est l’action même de profaner qui est sacrée, et tout y passe, incessamment. L’égalité ne se connaît qu’un devoir : abolir. L’Europe s’abolit donc. Est-ce que c’est fait ? Je tiens que précisément, nous ne pouvons pas le savoir vraiment. L’Europe s’abolit, et ne se survit qu’en ne cessant pas.

     

    Jim Dhormeur, Aphorismes & brouillons (1)

     

     

     

    (1) Seul le titre de ce billet est de moi, les aphorismes de Dhormeur ne portant aucun titre ni numéro. [P. A.]

  • De la subversion normative

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    Ce n'est pas une chose rare qu'il faille reprendre le monde de trop de docilité.

    C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux.

    Superstition.

     

    Blaise Pascal, Pensées, fragment 176, (éd. Le Guern)

     

     

    Oui, oui, tout est là, en un éclair, notre marécage, sa fausseté intégrale, la subversion normative.

    Docilité, superstition.

     

      

    Dichten = condensare.

     

    Basil Bunting, repris et cité par Ezra Pound dans A. b. c. de la lecture (1934)

     

     

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