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Jünger, Mitterrand, Müller, Brecht

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Dans Guerre sans bataille, l’autobiographie dialoguée d’Heiner Müller, il y a un petit chapitre étonnant consacré à Ernst Jünger, que l’écrivain est-allemand est allé rencontrer en 1988.

Deux extraits, allez :

« Il m’a dit : « Savez-vous qui a été assis avant vous sur cette chaise ? Mitterrand. » Il avait une édition de Saint-Simon et a raconté que depuis quatre ou cinq ans il lisait Saint-Simon, quarante pages tous les soirs. Il ne lisait d’ailleurs plus que de la littérature du XVIIIème siècle, ou de la littérature antérieure au XVIIIème siècle. La période postérieure ne l’intéressait en fait plus beaucoup. Et Mitterrand, qui avait été assis sur cette chaise, avait dit quelque chose de dépréciatif sur Saint-Simon et s’était donc disqualifié. »

Et juste après :

« Je lui ai demandé s’il n’avait pas rencontré Brecht pendant sa période berlinoise, avant 1933. Jünger a dit très vite : « Non, jamais. » Puis sa femme est intervenue, elle a dit : « Mais tu as quand même raconté cette histoire avec Rudolf Schlichter. » « Ah, oui, environ douze fois », a-t-il dit tout aussi vite. Et puis il a raconté l’histoire : Brecht était devant le portrait de Jünger par Schichting, une huile – bien entendu ils se sont rencontrés assez souvent : Carl Schmitt, Jünger, Brecht, Bronnen, Benn aussi je crois, dans un café à Berlin Au porcelet noir – en tout cas Brecht était devant le tableau et a dit : « Du kitsch allemand. » C’est peut-être la raison pour laquelle Jünger, quand je lui ai parlé de Brecht, a dit très vite : « Non, jamais. » »

Certaines conversations manquent, tout de même.

 

 

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